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Actualités - ANALYSE

Les alliances commencent à prendre forme

Brouillés depuis quatre ans, les députés de la Békaa-Ouest se sont dernièrement raccommodés au domicile de M. Robert Ghanem. Une dispute exacerbée par les dernières municipales où chaque député appuyait les listes opposées à celles qu’un confrère de la région pouvait soutenir. Comme par hasard, le présent rabibochage, si louable aux yeux de tous ceux qui sont pour la paix des races, s’effectue à quelques petits pas des élections. Et permet donc, fort opportunément, la reconduction d’alliances commodes pour tous les députés sortants.C’est d’ailleurs le plus titré d’entre eux, le vice-président de la Chambre M. Élie Ferzli, qui, semble-t-il, a pris l’initiative des premiers contacts pour arranger les choses entre les membres du club de l’Étoile. Il s’agissait notamment de dissiper les nuages qui obscurcissaient lourdement les relations entre MM. Abdel Rahim Mourad et Mahmoud Abou Hamdane. L’arrangement est d’autant plus important pour les intéressés que cette année, la Békaa-Ouest constitue une circonscription à part, séparée des deux autres qui sont prévues dans la plaine de la Békaa, c’est-à-dire la région de Baalbeck-Hermel d’une part et le caza de Zahlé d’autre part. Il est possible que ce premier accord électoral serve de précédent et que l’exemple en soit suivi dans d’autres régions où les alliances de 96 se sont relâchées, comme au Nord. On parle également de contacts intensifiés en coulisses à Zahlé comme à Jounié, pour réconcilier des adversaires séparés notamment par les dernières municipales. Tous ces revirements sont facilités, on s’en doute, par le double fait que ces messieurs ne sont pas séparés par des différends d’ordre idéologique ou intellectuel ; et qu’ils ont comme on dit un même parrain en partage. On s’achemine dès lors, comme pour les précédentes élections de l’actuelle république, vers la constitution de «listes principales», familièrement connues sous le vocable de «bus» scolaire où tous les bons élèves, bien notés par le lointain éducateur, peuvent embarquer. En payant parfois leur ticket. La différence est que cette fois les listes vont moins fournir que par le passé des blocs parlementaires régionaux. C’est-à-dire que les alliés auraient ensuite tendance à ne pas rester groupés après les élections et à rejoindre chacun un bloc parlementaire plus proche de ses idées propres, s’il en a, que l’équipe de ses colistiers. C’est bien pourquoi du reste certains chefs de file négocient d’une façon assez serrée le recrutement des candidats dont ils doivent former leurs listes, en exigeant des gages de loyauté pour la suite. Dans le même esprit, ces notables sont plutôt réservés devant les tentatives déployées par des instances influentes, pour constituer des coalitions de gens forts. Car ensuite ils se retrouveraient sans troupes, chacun de leurs partenaires allant librement de son côté puisque personne ne devrait rien à l’autre. Ces zaïms préfèrent envisager une vraie bataille électorale : ils savent certes que toute leur liste ne passerait pas, mais au moins, se disent-ils, les quelques camarades qui seraient élus seraient leurs sujets et non leurs égaux. Bien entendu, ce ne sont pas de tels arguments que les leaders relancés en vue de coalitions élargies opposent à leurs interlocuteurs. Pour refuser de s’allier avec un autre caïd, ils affirment qu’ils préfèrent former une liste cohérente, animée d’un même esprit, recherchant de mêmes objectifs et n’ayant, pour plus d’unité, qu’une seule tête, la leur propre comme de bien entendu. Comme quoi la psychologie de nos politiciens est aussi fouillée, aussi pointue que le sens de leur intérêt électoral bien compris. Cependant leur résistance a des limites. Et des observateurs avertis soutiennent qu’au bon moment, le choix à faire leur serait dicté par le parrain. En ajoutant qu’il y a dès lors de bonnes chances pour que nombre d’alliances de forts soient encore reconduites cette année dans plusieurs régions, sous la férule des décideurs. Ces sources concluent que même s’il doit y avoir bataille, comme on le prévoit par exemple au Metn-Nord, les élections vont rester «contrôlées». Dans ce sens qu’aussi habilement qu’en 1996, on permettra à la fois aux «listes principales» de gagner, et à un nombre réduit de figures emblématiques qui leur font face de passer, à titre individuel. Comme cela il n’y aurait pas trop de protestations, personne n’oserait accuser le pouvoir de partialité, tout le monde ou presque serait content, et la démocratie en paraîtrait embellie, comme une actrice de théâtre au make-up bien soigné.
Brouillés depuis quatre ans, les députés de la Békaa-Ouest se sont dernièrement raccommodés au domicile de M. Robert Ghanem. Une dispute exacerbée par les dernières municipales où chaque député appuyait les listes opposées à celles qu’un confrère de la région pouvait soutenir. Comme par hasard, le présent rabibochage, si louable aux yeux de tous ceux qui sont pour la...