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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Seuls les américains semblent pressés Beyrouth plutôt sceptique quant à un épilogue rapide

Deux mois, il suffirait de deux mois à en croire le président Bill Clinton pour qu’un traité de paix soit signé entre la Syrie et Israël. À Beyrouth, on se permet d’en douter. À Shepherdstown aussi d’ailleurs. Là, traversant un gymnase où une sportive s’entraîne sur un roulement sans fin, M. Ehud Barak s’exclame d’un ton de connaisseur : «Elle fait du surplace !» Ce qui fait sourire M. Farouk el-Chareh. Car dans cette cruciale aventure des négociations, il n’y a que les Américains qui soient pressés. Cela pour d’évidentes raisons de calendrier électoral : en effet, dès novembre de cet an 2000, ils se trouveront complètement ligotés par la campagne de leur prochaine présidentielle. De son côté, le régime de Damas voudrait certes bien savoir sur quel pied il pourra danser à l’avenir et comment préparer la relève. Mais enfin, il n’en est pas à un ou deux ans près, au stade du calcul des probabilités. C’est encore mieux pour le Liban car, au Sud, le facteur temps joue contre Israël. C’est ce que souligne le chef de l’État, le général Émile Lahoud, qui met par conséquent en garde contre toute précipitation. Le président de la République, certainement informé par des rapports circonstanciés, relève que l’actuel dialogue syro-israélien reste marqué par des tiraillements. Il souligne que les manœuvres israéliennes constatées dans ce cadre raffermissent la détermination libanaise à attendre «les résultats du test d’intentions qu’effectue présentement la Syrie». Une attitude d’expectative que le médiateur américain semble vouloir respecter. On apprend en effet aux dernières nouvelles que le Liban ne va pas être de sitôt invité à la table des négociations. Son tour ne viendrait que lorsqu’un accord-cadre aurait été conclu en ce qui concerne le volet Golan. Après quoi, et avant de parler avec les Libanais, les Israéliens comptent en régler le cas avec la Syrie. Seule capable à leur avis de neutraliser vraiment le Hezbollah. Et d’accorder une immunité réelle aux familles des lahdistes. Or ce dossier du Golan, qui prend tout le caractère de la vraie porte donnant sur la paix, se révèle plus ardu qu’on ne pensait. Jusque-là l’obstacle se résumait à quelques hectares de la zone hydraulique de Houma qui surplombe le lac de Tibériade. Mais ces derniers jours, un nouveau facteur, éventuellement déterminant, est entré en jeu : le refus de la population israélienne de toute restitution du plateau envahi en 1967 et annexé par loi de la Knesset en 1981. Les 150 000 manifestants qui ont volé récemment au secours des 17 000 colons du Golan répercutent, d’après les instituts de sondage, l’opinion de quelque 55 % des Israéliens. Ce qui est peu encourageant pour le référendum qui serait organisé en Israël sur la question. Dès lors, M. Barak, menacé de démission par deux de ses ministres, paraît en difficulté sur le plan politique intérieur. Il est donc peu plausible qu’il accepte le retrait avant que la pâte ne soit retombée dans sa cuisine, c’est-à-dire avant plusieurs mois. Il reste que le temps est compressible ou extensible, suivant les circonstances. L’accélération du processus ne peut donc être objectivement exclue. D’ailleurs, pour tout dire, le temps ce n’est pas la durée et ils sont tous deux d’une importance toute relative. En effet, un traité éventuel de paix pourrait n’être, à tout prendre, qu’un chiffon de papier. Ou un duplicata des accords de Camp David qui, si l’on y regarde bien, n’ont à peu près rien normalisé entre l’Égypte et Israël. D’où cette constatation : la paix que les Américains tentent de faire signer aux parties en conflit n’est pas celle que l’État hébreu, assoiffé de pénétration et de domination socio-économique, souhaite. Ce qui signifie que de tous les protagonistes, c’est encore Tel-Aviv qui est le plus réticent. Pour s’en convaincre il n’y a d’ailleurs qu’à recenser ses dérobades vis-à-vis des Palestiniens. La Syrie, et le Liban à son exemple, ne veulent pas tomber dans le même piège et exigent un accord clair et net. Clinton, l’homme pressé, aura-t-il le temps d’en élaborer un ?
Deux mois, il suffirait de deux mois à en croire le président Bill Clinton pour qu’un traité de paix soit signé entre la Syrie et Israël. À Beyrouth, on se permet d’en douter. À Shepherdstown aussi d’ailleurs. Là, traversant un gymnase où une sportive s’entraîne sur un roulement sans fin, M. Ehud Barak s’exclame d’un ton de connaisseur : «Elle fait du surplace...