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Actualités - REPORTAGES

Santé - Le virus parvient à se restructurer régulièrement La trilogie antigrippe : médecin, repos, vaccin (photo)

La saison hivernale qui s’obstine à nous refuser, cette année comme d’ailleurs celles qui l’ont précédée, de nous accorder la grâce des averses, du froid et du vent, ne nous a pas néanmoins épargné le déferlement d’infections virales, qui sèment la panique au sein de la population. En tête de liste, le virus de la grippe, cinquième cause de mort de par le monde et qui se répand d’une manière tenace, semble alarmer un grand nombre de personnes. Cette situation inhabituelle pourrait être due, de l’avis du Dr Jacques Mokhbat, spécialiste des maladies infectieuses, à l’approche d’un grand bouleversement, prévu pour les saisons à venir, et qui verrait apparaître une nouvelle combinaison inconnue du virus. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le Dr Mokhbat explique que ce phénomène, par ailleurs parfaitement naturel, vu le caractère cyclique du virus de la grippe, survient tous les dix à quinze ans, et peut déboucher, dans les pires des cas, sur une véritable pandémie, comme ce fut le cas en 1992. Le spécialiste souligne qu’il s’agit là d’une recombinaison globale du code génétique du virus, lequel dernier change ainsi complètement de structure. En effet, note le Dr Mokhbat, ce virus, qui connaît de petites modifications continuelles ou drifts, provoquées ordinairement en réponse à la pression immunologique des organismes infectés, parvient au bout d’un certain temps à se restructurer complètement. À ce stade, même l’organisme des personnes vaccinées n’arrive plus à reconnaître ce nouvel envahisseur, ennemi redouté des personnes à risque. «C’est ce phénomène inquiétant que l’on rencontre de plus en plus chez ces malades, qui débarquent dans les hôpitaux, terrassés par une soudaine poussée de fièvre (39 à 40 °C), contre laquelle tous les antipyrétiques classiques (paracétamol, aspirine) paraissent impuissants», révèle le Dr Mirna Waked Sbeih, pneumologue à l’hôpital Saint-Georges de Beyrouth. La prévention Concernant ce problème, nos deux spécialistes sont d’accord sur l’efficacité et la nécessité de la vaccination indispensable pour restaurer l’immunité individuelle et maintenir une immunité de fond suffisante pour limiter la diffusion et la sévérité des virus grippaux. Pour les personnes âgées (à partir de 60 ans), en tout cas, et les enfants en bas âge, pour lesquels les maladies peuvent présenter un danger, la vaccination antigrippale est indispensable. Les individus qui doivent, en outre, impérativement se faire vacciner à l’approche de l’automne, sont les personnes : – âgées qui développent des complications pulmonaires et cardiaques; – qui ont des problèmes cardiaques; – atteintes de maladies broncho-pulmonaires chroniques; – atteintes d’affections endorcriniennes ou métaboliques; – atteintes d’insuffisance rénale; – immuno-déprimées (sidéens, cancéreux, patients greffés, diabétiques); – alcooliques (en effet, une partie de l’alcool absorbé s’évacue par les poumons et constitue donc un facteur d’irritation) et les gros fumeurs; – qui, en raison de leur profession, sont exposées à la contamination (pompiers, police, armée) ou susceptibles de transmettre la maladie (médecins, personnel hospitalier, travailleurs sociaux, enseignants...); – la femme enceinte: les anticorps maternels vont traverser la barrière placentaire et protéger l’enfant, durant les premiers mois de sa vie, surtout si elle allaite. Le vaccin inactivé utilisé est fabriqué, en août, à partir des toutes dernières souches du virus grippal, isolées en mars et en avril (date de la fin de l’épidémie de grippe qui a atteint son pic aux mois de janvier-février, souligne le Dr Jacques Mokhbat. De ce fait, fait-il valoir, il faut prendre soin de se faire injecter du vaccin fabriqué l’année même de son administration. Il importe donc de s’assurer de la date de fabrication du vaccin et non de sa période d’expiration. Il importe aussi de savoir que le vaccin de la grippe n’est pas immunisant à 100 %. Toutefois, même chez les 30 à 40 % des personnes vaccinées, qui vont contracter la grippe, l’organisme va sûrement combattre le virus d’une manière beaucoup plus efficace, en minimisant la survenue de complications pathologiques peu graves (otite, sinusite, laryngite), mais qui aboutissent parfois à des formes beaucoup plus dangereuses (broncho-pneumonie), voire mortelles (œdème pulmonaire). Là, il faut bien distinguer entre la grippe et les autres affections infectieuses qui provoquent des syndromes pseudogrippaux et qui, de surcroît, répondent à d’autres traitements médicinaux. Les Libanais, réputés pour leur penchant pour l’automédication, ont pour la plupart l’habitude de se prescrire des médicaments, et même de les conseiller à leurs proches, négligeant ainsi l’avis du médecin. Cette pratique expose à des complications beaucoup plus graves que la simple grippe. Mal traitée, celle-ci peut ainsi se transformer et générer des souches particulièrement virulentes qui peuvent, répandues dans la société, déclencher une épidémie sévère (déjà en 1992, on avait retrouvé deux souches distinctes du virus de la grippe A et B, qui circulaient simultanément de par le monde). Gare à l’antibiothérapie Une prise régulière d’antibiotique non recommandée par un médecin traitant (uniquement en cas d’infection bactérienne) couplée à la grippe et succédant à une maladie grippale, qui se caractérise par une nouvelle poussée de fièvre et la présence de pus dans la gorge et dans les oreilles, pourrait faire croître la résistance du virus, en diminuant les défenses immunitaires de l’organisme, avertit le Dr Mokhbat. Nos deux spécialistes insistent pour que la vente des antibiotiques dans les pharmacies se fasse uniquement sur ordonnance médicale. Le Dr Mokhbat se dit indigné face à ce qu’il a baptisé de «shopping médical», mettant en cause des médecins, qui de peur de perdre leur clientèle, prescrivent des antibiotiques pour une simple grippe et sans indications d’infections bactériennes. «Il est impératif, estime-t-il qu’une confiance mutuelle s’établisse entre le médecin traitant et son patient». En tout état de cause, la grippe traditionnelle se traduit principalement par une élévation brusque de la température, précédée dans la plupart des cas d’un début de rhume et accompagnée de démangeaisons au niveau de la gorge, d’une lassitude de tout le corps, d’un mal aux yeux suivi de poussées hyperthermiques. «Efficacement traitée (repos au lit, aspirine, vitamine C et boissons chaudes), elle disparaît en moins d’une semaine», déclare le Dr Mirna Sbeih. Climat et hygiène Les mauvaises conditions d’hygiène aussi bien que les diverses formes de pollution engendrées par la vie moderne contribuent à développer les affections respiratoires. Les bronches ont des ennemis dont quelques uns sont bien connus : le froid, l’humidité, le brouillard, qui apportent à chaque saison leur cortège d’affections. L ’état des toilettes publiques et même celui des toilettes dans les écoles doivent également être mis en cause. D’où le besoin de sensibiliser les responsables des établissements scolaires à l’importance de la propreté, de la désinfection des locaux ainsi que de la ventilation des salles de cours et de leur climatisation, affirme le Dr Mokhbat. Dans le cas des ménages qui vivent à l’étroit, ou encore de la cohabitation de plusieurs membres d’une famille dans une même pièce, la transmission des maladies infectieuses devient beaucoup plus facile. Concernant ce problème, le Dr Mokhabat fait remarquer qu’en raison de l’appauvrissement du pays, le nombre de gens vivant au-dessous du seuil d’hygiène devient de plus en plus grand. De ce fait, rester à l’écart de la personne malade est la meilleure prévention pour éviter de contracter la grippe. Il est notamment conseillé de garder le lit durant les premiers jours de sa contamination si l’on veut éviter de transmettre le virus à tous ses collègues. Par ailleurs, depuis des années déjà, la pollution atmosphérique est rendue responsable d’un bon nombre de maladies pulmonaires. «La canicule qui s’est abattue sur toute la région, l’été dernier, et qui semble se prolonger durant la saison hivernale, a engendré un changement complet du cycle de la nature», affirme le Dr Mirna Sbeih. «Le climat, trop chaud pour la période, en plus de l’absence de l’eau et de l’humidité, relève-t-elle, aboutit à une forte poussée de végétations dans l’atmosphère qui se traduisent par des germes et des virus et par l’exacerbation des maladies allergiques». Le rôle néfaste du tabac n’a pas besoin d’être souligné. Ce que l’on ignore généralement, c’est l’influence fâcheuse que peut avoir le chauffage central. Celui-ci contribue, en effet, à affaiblir la résistance de l’organisme au froid, car tous les radiateurs, connecteurs, corniches chauffantes maintiennent les poussières en suspension. Il va sans dire qu’il faut impérativement aérer les pièces de la maison à intervalles réguliers, sans négliger la chambre qui abrite la personne malade et dans laquelle abondent les microbes. La grippe, longtemps considérée comme une affection mal perçue, connaît de nos jours des changements radicaux qui inquiètent de plus en plus les spécialistes. Les mauvaises conditions de la vie quotidienne et un net manque de connaissances ont fait que ce fléau se répand à une vitesse alarmante. Respecter une simple trilogie pourrait facilement minimiser l’expansion de la maladie : consulter un médecin, se reposer et se faire vacciner.
La saison hivernale qui s’obstine à nous refuser, cette année comme d’ailleurs celles qui l’ont précédée, de nous accorder la grâce des averses, du froid et du vent, ne nous a pas néanmoins épargné le déferlement d’infections virales, qui sèment la panique au sein de la population. En tête de liste, le virus de la grippe, cinquième cause de mort de par le monde et qui se...