Réactions - La communauté arménienne s’estime lésée Le Tachnag suspend la participation de Hovnanian

Le seul ministre arménien du gouvernement nouvellement formé par Rafic Hariri a boycotté hier la première réunion du Conseil des ministres, estimant que sa communauté était sous-représentée. Tôt le matin, des sources officielles avaient rapporté que le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Sébouh Hovnanian, ne pourrait peut-être pas assister à la réunion du Conseil des ministres pour des raisons de santé. «La communauté arménienne n’est pas satisfaite car elle n’est représentée que par un seul ministre (…), a pourtant affirmé M. Hovnanian un peu plus tard à la presse. C’est pourquoi je vais boycotter la photo traditionnelle et la réunion». C’est avec 20 minutes de retard qu’il se présentera toutefois pour la photo officielle en s’excusant de ne pas pouvoir prendre part à la réunion. M. Hovnanian a déclaré par la suite à la LBCI qu’il n’était pas malade, contrairement à ce qu’avait annoncé le ministre de l’Information Ghazi Aridi, mais qu’il avait décidé de boycotter la réunion «pour des raisons politiques». M. Hovnanian exprimait ainsi le malaise de la communauté arménienne qui s’estime lésée par la nouvelle composition du Cabinet. Rappelons que dans le gouvernement précédent de 16 membres, la communauté arménienne était représentée par un seul ministre, mais dans les gouvernements de 30 ministres formés par Rafic Hariri avant 1998, les arméniens avaient deux ministres. Or le nouveau Cabinet en compte 30 . Contestant cette lacune, l’ensemble de la communauté arménienne a stigmatisé hier la composition du nouveau gouvernement. Les instances religieuses aussi bien que partisanes se sont empressées de réprouver ce qu’elles considèrent être comme un déséquilibre fondamental dans la représentation nationale et plus particulièrement au niveau communautaire. Le catholicos Aram Ier a fait part de son refus des nouvelles nominations, «quelles qu’en soient les motivations», estimant qu’il est «inadmissible que la communauté arménienne soit représentée par un seul ministre dans un Cabinet élargi et que les droits de la communauté soient bafoués afin de satisfaire certaines parties». «La communauté arménienne est l’une des sept communautés principales», a affirmé Aram Ier. «J’espère qu’il sera remédié à cette carence prochainement», a encore ajouté le catholicos. L’évêché arménien de Beyrouth a pour sa part publié un communiqué dans lequel il a dénoncé «le déséquilibre au plan national» créé à la suite de la formation du nouveau Cabinet, «qui révèle une intention délibérée de priver la communauté arménienne de son droit à participer à la vie politique», a souligné le texte du communiqué. L’archevêché a en outre appelé les responsables à réviser cette décision et à rectifier le tir. Les partis arméniens se sont également prononcés sur la question en publiant des communiqués exprimant leurs positions respectives. Le comité central du parti Tachnag, qui a tenu hier une réunion exceptionnelle, a décidé de suspendre la participation du ministre aux réunions du gouvernement «jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli». Et le texte du communiqué de préciser que c’est sur la base de cette décision que le ministre Hovnanian s’est abstenu de participer à la première réunion du Conseil des ministres qui s’était tenue le matin même. Dans un communiqué conjoint, les comités exécutifs des partis Tachnag et Hentchag ont en outre stigmatisé «l’injustice commise envers la communauté arménienne» et ont demandé qu’elle soit réparée. Les comités exécutifs des deux partis ont décidé par ailleurs de se considérer en session ouverte afin de suivre les développements qui pourraient survenir. Allant dans le même sens, le comité exécutif du Hentchag a publié un communiqué dans lequel ils a dénoncé le déséquilibre reflété dans la composition du nouveau gouvernement, estimant que la communauté arménienne est sous-représentée. Considérant que la participation des différentes communautés au gouvernement reste intimement liée au respect des droits de ces dernières, le texte du communiqué souligne qu’«un gouvernement de 30 doit nécessairement comprendre 2 ministres arméniens». Citant l’article 95 de la Constitution, qui stipule que les différentes communautés doivent être représentées équitablement au niveau du gouvernement, les membres du bureau politique du Ramgavar ont estimé que cet article a été appliqué à toutes les confessions à l’exception de la confession arménienne. Ils ont également demandé justice . Enfin, les députés arméniens appartenant au Bloc de la dignité se sont réunis d’urgence, en présence de Yeghia Djerdjian, Hagop Kassarjian, Jean Oghassapian et Serge Toursarkissian. À l’issue de la réunion, les députés ont publié un communiqué dans lequel ils ont réprouvé le tort commis à l’encontre de la communauté arménienne qui, «selon la coutume, aurait dû être représentée par deux ministres dans un gouvernement de 30». «Nous sommes confiants que le président de la République et le Premier ministre remédieront à cette lacune et réviseront leur décision en reconsidérant la représentation arménienne de manière à réaliser l’entente nationale et à rétablir l’équilibre confessionnel» a encore ajouté le communiqué.