Bananes et raie publique

 Quand je te disais que ce pays est ingouvernable et que, de surcroît, il est inutile de le gouverner… Trente ministres, trente salaires ! Il n’y est pas allé de main morte, Bibendum. Ce n’est plus une équipe, mais un équipage. Tant qu’à faire, il aurait pu entasser les 128 lauréats du Parlement sur son radeau. Normal, quand chaque bled, chaque caillou veut avoir son ministre. Chaque communauté aussi. Les clans, les familles, les fils à papa et les beaufs, avec leur cohorte de mutants agités, affamés de micros et de caméras. Même circus en face, chez ceux qui n’ont jamais reconnu le chiffon signé avec les bédouins de Taëf, ceux-là mêmes qui n’ont jamais pu blairer ni le fermier de Zahlé hier, encore moins l’Émile aujourd’hui. Ça ne les a pas gênés le moins du monde de demander à plastronner autour de la nappe de l’Exécutif. En vain. Je peux en tout cas t’assurer qu’il y aura de l’ambiance en Conseil des ministres. Surtout si les nouveaux venus s’amusent à installer leurs blaireaux qui iront grossir les fiches de paie de la Fonction publique. Budget : 60 % de salaires, 30 % de dettes, 10 % de voitures blindées et de gardes du corps. Et pour le reste… Eh bien, y aura pas de reste. Tu pourras toujours te gratter où je pense pour extraire une ébauche de projet de développement. Finalement, y a que les barbus qui ont dédaigné la gamelle. D’accord, le Hezbo n’est pas un parti qui respire la joie de vivre, et ce n’est pas avec Nasrallah que j’enverrai mes mômes en colonie de vacances. N’empêche qu’il a été le seul à envoyer les croûtons brouter ailleurs. Comme d’habitude, les grands principes ont fini dans le grand partage. À chacun sa banane et la République sera bien gardée. Gaby NASR