EXPOSITION - Peintures sur porcelaine de Maryse Mokdessi Du trompe-l’œil dans vos assiettes

Exposition, aujourd’hui et demain (au domicile de l’artiste, 203 rue Achrafieh, immeuble Kehdi, 3e étage, de 10h à 19h) des porcelaines peintes à la main par Maryse Mokdessi. Quelque trois cents pièces, fruit d’un travail de deux ans, réalisées sur dix thèmes : le Mexique, les signes du Zodiac, les bijoux, la savane, le trompe-l’œil, la Provence, les bébés, le chocolat, les légumes et les aliments divers. On est bien loin du style classique de la peinture sur porcelaine. Maryse Mokdessi allie une technique traditionnelle (apprise à Genève) à un dessin moderne, ludique, vif et coloré. Pas de petites roses et de bleuets donc. Mais des éclaboussures de chocolat chaud sur un service à thé et, sur des assiettes et des plats, de faux paquets de petits-beurre, des reproductions en trompe-l’œil de hamburger, de paquet de frites, de camembert, ou d’œuf au plat sur lequel est venue se poser une mouche ! Il y a aussi des vide-poches où s’entassent, en illusion d’optique : cellulaire, stylo, clefs, poudrier et lime à ongle… Ou encore, sur des cendriers et des bonbonnières, des répliques plus vraies que nature de bijoux de joailliers (Boucheron, Chaumet, Cartier…). Des pièces décoratives avant tout, mais aussi fonctionnelles. Cela va du porte-brosse à dents au service de table, en passant par le service à chocolat chaud, le plat de fondue au chocolat, le pied de lampadaire, le set à tequila, les bonbonnières, le cadre, le cendrier, la bouteille d’huile, le vide-poche, etc. Si Maryse Mokdessi s’est visiblement amusée en peignant, son travail n’en est pas moins d’un fini parfait. Perfectionniste, cette jeune femme, banquière de profession (elle a fait cinq ans de gestion de fortune dans divers établissements bancaires en Suisse), s’est lancée, à son retour au pays, avec passion dans la peinture sur porcelaine. Pourtant, à la base, elle s’y était mise sans grand enthousiasme. «C’est une amie qui peint sur porcelaine qui a beaucoup insisté pour m’apprendre son art». Rien ne l’y prédisposait. «Je n’avais jamais dessiné, ni peint de ma vie». Mais elle se rend vite compte que ce n’est absolument pas nécessaire. Il faut juste décalquer des figures et les reproduire ensuite dans le format voulu. Ce que Maryse fait aujourd’hui sur ordinateur. Donc rapidement conquise par ce qu’elle croyait être une activité un peu ringarde, Maryse décide de s’y atteler très sérieusement. Et s’envole pour Genève, où elle suit les cours de l’atelier de Tatiana Levescot. Depuis 4 ans, elle participe chaque année à des sessions intensives de perfectionnement dans différents ateliers de Genève. «Chacun a sa technique et son style. Moi j’utilise surtout un mélange de pigments, d’essence grasse et d’aspic. Et j’aime le dessin bien tracé, aux couleurs vives, fortes. Que j’allie au i-relief (poudre sous or mat ou brillant), au simili-incrustation (également une technique sous or), au relief brillant, au brise-glaçure (sous or) ou encore à des tonalités métalliques (mélanges au lait)». Toutes les pièces gardent cependant un espace blanc parce qu’«il faut toujours que la porcelaine respire», signale l’artiste. C’est là un de ces petits détails essentiels qui font toute la différence. «Comme celui de faire correctement les mélanges de pigments et les dosages d’essence grasse». Ensuite, il y a l’épreuve du feu. C’est-à-dire, les petites surprises inhérentes à ce genre d’artisanat soumis à une chaleur de 1 200 degrés. Mais ce qui reste essentiel, dans son travail, la tâche la plus dure est de donner l’illusion du vrai. Et là, c’est le jeu des perspectives de l’ombre et de la lumière qu’il faut maîtriser. Ainsi que la minutie et la patience. Qui, avec la pratique, permet de transformer n’importe quelle porcelaine de Limoges classique («la meilleure, d’une blancheur parfaite») en pièce ornementale, ou d’utilisation courante, joliment habillée de motifs agréables même si parfois ils «trompent l’œil». Z.Z.