Dossier régional - Le chef du gouvernement a prononcé le mot du Liban à la réunion du Caire Hoss appelle à une rupture des relations arabes avec Israël

Le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, a encouragé les États membres de la Ligue arabe à s’entendre sur «une action commune de sauvetage, à la hauteur des événements qui s’accélèrent» en Palestine. Cette action, a-t-il expliqué, doit se fonder sur une série de mesures, principalement le gel de toute normalisation avec Israël et la rupture des relations diplomatiques entretenues par certains États de la région avec ce pays. M. Hoss a tenu ce discours hier au Caire, à l’ouverture de la réunion du conseil ministériel de la Ligue arabe qui prépare le sommet extraordinaire qui se tiendra demain et dimanche dans la capitale égyptienne. «Le Liban qui est resté fidèle au principe de la solidarité arabe (…) exhorte les personnes réunies à s’entendre sur une action commune de sauvetage qui soit à la hauteur des évènements qui s’accélèrent, qui puisse mettre fin à l’effusion de sang arabe, qui permette une concrétisation des condamnations arabes des agressions israéliennes, qui confirme les droits légitimes (des pays de la région) ainsi que la crédibilité de la décision arabe», a-t-il fait valoir. Selon lui, cette action commande l’adoption des mesures suivantes : – Geler toute normalisation avec Israël, rompre les relations diplomatiques (entretenues avec cet État) et suspendre la participation aux négociations multilatérales en attendant l’instauration d’une paix juste et globale qui confirme le caractère arabe de Jérusalem, qui reconnaît le droit des réfugiés palestiniens à regagner leur pays et qui garantit la libération du Golan et des hameaux de Chebaa. – Faire face, à l’échelle internationale, aux actes de violence commis par Israël contre les Palestiniens ainsi qu’aux avertissements et aux menaces adressés à l’Autorité palestinienne ou à tout autre État arabe. S’assurer qu’ils ne se reproduiront plus et réclamer le départ des forces israéliennes des territoires palestiniens occupés. – Former une commission internationale fiable d’enquête qui aura pour mission de se renseigner au sujet des derniers évènements dramatiques (à Gaza et en Cisjordanie) et de leurs causes et d’annoncer les résultats de ses investigations à l’opinion publique mondiale. – Relancer les pourparlers de paix sur les volets palestinien, libanais et syrien conformément aux principes internationaux. – Contraindre Israël à respecter les lieux saints et à mettre fin à ses actes de provocation. – Appuyer le Liban et mettre en application les résolutions adoptées en sa faveur, notamment celles qui avaient été prises (lors de la réunion ministérielle extraordinaire de la Ligue arabe qui s’était tenue à Beyrouth après les attaques israéliennes contre l’infrastructure libanaise) le 11 mars dernier. Les propos du chef du gouvernement reflètent la volonté libanaise de pousser les Arabes à se solidariser, pour une fois, face à Israël. M. Hoss a d’ailleurs entamé son discours en rappelant aux personnes présentes les moments où les États arabes ont volé aux secours du Liban et des pays de la région qui ont eu besoin d’eux. Il a ensuite longuement analysé la politique israélienne «qui privilégie le langage de la guerre, de l’intimidation et de l’affaiblissement». «D’aucuns pensent que le problème en Palestine occupée est un problème de sécurité alors qu’il s’agit en fait du droit d’un peuple à la vie. À travers l’intimidation à laquelle il a recours, l’État hébreu essaie d’imposer un état de fait contraire à la légalité internationale et qui va à l’encontre des aspirations (des Palestiniens) à l’édification d’un État, avec Jérusalem pour capitale», a estimé le chef du gouvernement. «Une confrontation arabo-israélienne» «La situation s’est détériorée à tel point que la confrontation israélo-palestinienne est devenue arabo-israélienne, ce qui commande des solutions radicales et non seulement des appels à la conscience internationale», a-t-il encorre dit. Il s’est ensuite étendu sur les attaques israéliennes contre le Liban et le peuple palestinien ainsi que sur les menaces proférées par cet État à leur encontre avant de rappeler «les constantes» de la politique libanaise. M. Hoss a affirmé dans ce cadre l’attachement du Liban à ses frontières, rappelant les réserves exprimées par Beyrouth au sujet de certains points de la «ligne bleue» (ligne de retrait israélien) définie par la Finul. Beyrouth «reste attaché à son droit à récupérer les hameaux de Chebaa qui sont en terre libanaise, de l’aveu même du président syrien, M. Bachar el-Assad», a-t-il fait remarquer avant de souligner la détermination du Liban à obtenir la libération de tous ses détenus dans les geôles israéliennes. Dans ce contexte, il a indiqué que le Liban «s’étonne de ce que la communauté internationale se soit empressée d’œuvrer à la libération des trois soldats israéliens (capturés par le Hezbollah) et qu’elle ait ignoré les Libanais emprisonnés en Israël». «Le Liban, a-t-il poursuivi, ne se pliera pas aux pressions (exercées sur lui) et visant à mettre en place un dispositif de sécurité au détriment de ses intérêts nationaux liés à la libération de son territoire et à l’élargissement de ses détenus par tous les moyens légitimes». M. Hoss a ensuite rappelé l’opposition de Beyrouth à tout projet d’implantation palestinienne, affirmant que «la libération du territoire libanais reste insuffisante tant qu’elle n’est pas assortie d’un règlement juste du dossier des réfugiés palestiniens». «Si leur droit à regagner leur pays n’est pas reconnu, tout règlement décidé restera une bombe à retardement menaçant la stabilité, et par conséquent la paix, dans toute la région».