Diplomatie - Entrevue à Ryad entre le président syrien et la secrétaire d’État américaine Albright presse Assad d’exercer des pressions sur le Hezbollah

La secrétaire d’État américaine Madeleine Albright a rencontré hier le président syrien Bachar el-Assad à Ryad et l’a pressé d’exercer des pressions sur le Hezbollah pour éviter d’accroître la tension dans la région, a affirmé un responsable américain qui a assisté à l’entretien. Ce responsable, qui a qualifié cette rencontre de «première discussion sérieuse» entre un haut responsable américain et M. Assad depuis son accession au pouvoir après le décès de son père Hafez el-Assad, en juin dernier, a ajouté que Mme Albright a estimé nécessaire pour Damas d’obtenir la cessation des «provocations» par le Hezbollah. «Elle a indiqué clairement que nous savons que la Syrie a une influence sur le Hezbollah et devra en user», a déclaré à la presse le responsable américain, après des entretiens de plus de deux heures entre Mme Albright et M. Assad. Mme Albright a quitté hier après-midi Ryad à l’issue d’une brève visite, au lendemain de l’accord de cessez-le-feu israélo-palestinien conclu à Charm el-Cheikh (Égypte) et avant la tenue du sommet arabe, prévu samedi et dimanche au Caire. «Il (Bachar el-Assad) a écouté», a poursuivi le responsable américain, en ajoutant que M. Assad, qui n’a pas nié l’influence de Damas sur le Hezbollah, a souligné que ce parti était «une puissance sociale sérieuse qui est dans son droit». Le Hezbollah a capturé trois soldats israéliens le 7 octobre et a annoncé, à la veille de l’ouverture du sommet de Charm el-Cheikh, qu’il avait enlevé un colonel de réserve israélien. De telles «provocations» sont de nature à accroître la violence qui pourrait s’étendre au-delà des frontières d’Israël et de l’Autorité palestinienne, a dit Mme Albright à M. Assad, selon le responsable américain. La secrétaire d’État américaine a indiqué clairement que par son retrait du Liban au début de l’année, Israël s’était conformé à la résolution 425 du Conseil de sécurité. Mais, a-t-elle souligné, «la résolution appelle également au respect de la souveraineté du Liban et son indépendance politique». «Les Israéliens se sont conformés à la résolution 425 et nous souhaitons voir la Syrie se conformer à la 425», a ajouté le responsable américain. À Damas, l’agence officielle Sana a indiqué que le président Assad avait affirmé à Mme Albright que son pays voulait un règlement du problème «essentiel», à savoir l’occupation israélienne et l’établissement d’une «paix juste et globale» incluant la Syrie, et non pas sur les détails, dans une critique implicite de l’accord de Charm el-Cheikh. Selon Sana, M. Assad a «fait porter à Israël la responsabilité de l’escalade de la violence et des conséquences». La radio officielle syrienne avait affirmé mardi que «la visite du président Assad s’inscrit dans le cadre des efforts syriens visant à constituer un front arabe fort et homogène (...) contre l’arrogance sioniste».