CORRESPONDANCE Martha Hraoui en son atelier

 PARIS - De Mirèse AKAR Si le treizième arrondissement de Paris est le fief politique de Jacques Toubon, il représente aussi, dans le domaine culturel, la chasse gardée de sa femme Lise. Le couple possède une magnifique collection de peintures et sculptures contemporaines, et c’est elle qu’on trouve le plus souvent à l’origine de leur choix. Le Treizième Art, qui se tient traditionnellement à cheval sur les mois de septembre et d’octobre, vient de mettre en effervescence l’arrondissement, de la rue de la Glacière au Quai de la Gare, et des Gobelins à la Porte d’Italie. Une immense affiche répertorie la nébuleuse d’événements qui le composent et, dans son éditorial, Lise Toubon y définit la peinture comme «une frivolité profonde qui sert à tout puisqu’elle ne sert à rien». Portes ouvertes Outre une exposition collective intitulée Tentations et qui a réuni 220 artistes, une vente aux enchères où le marteau était tenu par le plus prestigieux des commissaires priseurs, Me Cornette de Saint-Cyr, et des événements éphémères relevant du happening comme cette installation féerique, Phainomena, qui visait à recréer l’univers des Mille et une Nuits ou cette autre, Set de table-test-able, où les participants pouvaient «déguster des produits génétiquement et artistiquement modifiés et repartir avec une image», les artistes étaient invités à ouvrir au tout-venant la porte de leur atelier durant trois jours. Et l’on ne compte plus les peintres, les sculpteurs et les plasticiens dans le périmètre de cet arrondissement dont la carte, illustrant l’affiche déjà citée, est constellée de petits repères numérotés permettant de les situer. Parmi eux, Martha Hraoui, installée dans un lumineux duplex de la rue Duméril. Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, elle y avait accroché des œuvres récentes, paysages libanais et nus, où elle démontre – mais on se faisait cette réflexion depuis un moment déjà – une parfaite maîtrise de son art. La nouveauté, le frémissement inédit viennent de deux pastels qui, malgré leur petit format, ne passent pas inaperçus au milieu d’œuvres plus importantes par la taille. Martha Hraoui semble y bifurquer vers autre chose de plus énigmatique, de plus rêveur, et qui confine à l’abstraction. On peut se plaire à y voir une sorte de porte ouverte – comme celle de son atelier – sur on ne sait trop quoi encore.