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Actualités - CHRONOLOGIE

El Globo Teatro au Madina Une vision urbaine du « Woyzeck » de Büchner

El Globo Teatro, troupe espagnole, a présenté au théâtre al-Madina une vision urbaine de Woyzeck, œuvre de Georg Büchner, dans une version signée Maria Fernandez Ache. À l’initiative de l’Instituto Cervantès. La pièce commence comme un tableau, un moment figé. Pendant une très longue minute, la scène et ses personnages sont immobiles, impassibles, inertes, marionnettes en attente du manipulateur. Cela laisse le temps de découvrir ce que sera le décor de Woyzeck : un terrain vague, crasseux, qu’on imagine puant, un sous-sol terreux dans lequel on aurait installé à la hâte une table, des panneaux de grillages et divers tonneaux peints en graffitis. Les personnages peu à peu se dessinent, obscurs, étranges, certains à la silhouette difforme, d’autres au visage recouvert de masques, qui leur donne un aspect crapuleux et cadavérique. Ils portent des vêtements usés, élimés. Et soudain le tableau s’anime, sous l’impulsion d’un bras, celui d’une femme, qui se met à bouger lentement... L’action peut commencer. Bien que les dialogues soient en espagnol, ce qui se passe sur scène est tout à fait compréhensible. On assiste au réveil successif des personnages qui vont peu à peu se livrer devant nous à leurs petits jeux cruels, où chacun, opprimé, enfermé, reporte sur son semblable son besoin de pouvoir et de domination. Malgré le burlesque et la provocation de certaines situations, le malaise est perceptible, l’atmosphère oppressante. Le rire est jaune. Sous cette apparence de farce un peu grasse, on devine la tragédie, le gouffre du vertige quand l’identité est bafouée, quand la dignité est ravalée à terre, quand l’humanité est méprisée. D’ailleurs ces personnages ne sont plus tout à fait humains ; ils pourraient être assimilés à des rats, ils en ont les couleurs. Même le miroir leur refuse un reflet. Lorsqu’ils veulent se regarder dedans, étrangement, l’objet se met à bouger, à se balancer, rendant insaisissable la preuve de leur existence. La folie peu à peu, la déshumanisation. L’immoralité et l’hypocrisie des sociétés. M.G.H.
El Globo Teatro, troupe espagnole, a présenté au théâtre al-Madina une vision urbaine de Woyzeck, œuvre de Georg Büchner, dans une version signée Maria Fernandez Ache. À l’initiative de l’Instituto Cervantès. La pièce commence comme un tableau, un moment figé. Pendant une très longue minute, la scène et ses personnages sont immobiles, impassibles, inertes,...