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Actualités - CHRONOLOGIE

RÉACTIONS - Manifestations contre la « barbarie israélienne » à Aïn el-Héloué, Rachidiyé, Beddaoui, Tripoli et Baalbeck L’armée interdit aux Palestiniens de s’approcher de la frontière

 L’armée libanaise a interdit hier aux réfugiés palestiniens d’approcher d’Israël, qui a envoyé ses avions simuler des raids au-dessus de la région frontalière, après avoir menacé la veille de tirer sur tout manifestant agressif. L’armée a empêché des Palestiniens d’atteindre la zone frontalière, qu’aucun incident sérieux n’a troublé de toute la journée. Sur la route côtière menant à la zone occupée jusqu’à fin mai par Israël, l’armée a renforcé ses effectifs au barrage routier de Mansourieh, entre Tyr et Naqoura, et multiplié les contrôles, refoulant les Palestiniens qui s’y présentaient. À ce barrage, des soldats ont notamment ordonné à des Palestiniens à bord de deux voitures de faire demi-tour. La troupe a aussi fait annuler une visite organisée que devaient effectuer à la frontière des Palestiniens des camps de réfugiés du Liban-Nord, selon une source palestinienne qui a requis l’anonymat. Le report de la visite a pour but de «préserver leurs vies et d’empêcher que la tension ne monte», a indiqué à l’AFP une source du comité populaire du camp de Beddaoui, près de Tripoli. Cette mesure est la première de ce genre décidée par le Liban, qui jusqu’à présent refuse de déployer son armée, comme le souhaitent l’Onu, les États-Unis et la France, à la frontière internationale, «afin de ne pas faire la police au profit d’Israël». Des sources dignes de foi ont indiqué à L’Orient-Le Jour que la décision d’empêcher les Palestiniens d’atteindre la frontière a été prise dans le cadre d’une directive du chef de l’État, le général Émile Lahoud, qui a rencontré hier le commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman, et est convenu avec lui de la nécessité de recourir à la troupe pour rassurer la population et empêcher tout dérapage au plan de la sécurité dans le pays. Une personnalité politique proche de la Syrie, citée par l’AFP, a affirmé pour sa part que «Damas a invité toutes les parties au Liban, libanaises et palestiniennes, à temporiser à la frontière». «Damas ne veut pas donner un prétexte à Israël pour frapper militairement au Liban», a confié cette personnalité sous le couvert de l’anonymat. Israël avait informé jeudi la Force intérimaire des Nations unies au Liban-Sud (Finul) que ses soldats avaient ordre de tirer, après sommation, sur tout manifestant venu du Liban les harceler à la frontière. Pour illustrer le sérieux de sa menace, l’aviation israélienne a survolé hier le Liban-Sud, simulant notamment des attaques en piqué au-dessus de Tyr et près de Ramiyeh. Quatre chasseurs bombardiers ont survolé Tyr, franchi le mur du son et lâché des leurres après être descendus en piqué à deux reprises. Des avions ont également survolé Saïda et, plus à l’Est, deux fiefs du Hezbollah. Les États-Unis, « complice » d’Israël Les Palestiniens ont pu néanmoins manifester dans les camps de réfugiés en grand nombre pour dénoncer les événements dans les territoires palestiniens. Quelque 20 000 manifestants palestiniens ont exprimé leur solidarité avec leurs «frères» en révolte dans les territoires palestiniens contre Israël et appelé les Arabes à rompre avec l’État hébreu et à chasser les diplomates américains. Par ailleurs, environ 7 000 Libanais ont manifesté, au Liban-Nord et dans la Békaa (est), après la prière du vendredi, leur soutien aux Palestiniens «victimes du carnage israélien», notamment dans le cadre de la «Journée de la colère» décrétée par le Hezbollah. Le responsable au Liban du Fateh, principale composante de l’OLP, Sultan Aboul Aynaïn, a vivement critiqué «l’Amérique qui est le complice d’Israël dans la guerre d’extermination du peuple palestinien», devant 7 000 manifestants rassemblés dans le camp de Rachidiyé, près de Tyr. «Les États-Unis et Israël ne parviendront pas à nous interdire de bâtir notre État indépendant sur notre terre avec Jérusalem-Est pour capitale», a déclaré M. Aboul Aynaïn devant les manifestants. Cette manifestation constituait l’une des rares marches unitaires organisées par différentes factions palestiniennes, dont l’OLP, le Hamas et le Jihad islamique, après la prière du vendredi. Sultan Aboul Aynaïn a également appelé «les Arabes à chasser les ambassadeurs américains accrédités dans leurs pays et à stopper toute normalisation avec Israël» et leur a demandé d’utiliser «l’arme du pétrole» et «de boycotter les marchandises américaines et israéliennes». «Le prochain sommet arabe (qui doit se tenir les 21 et 22 octobre au Caire) doit prendre des décisions à la hauteur des sacrifices et du sang qui a coulé sur la terre de Palestine», a-t-il ajouté. À son tour, un responsable du Hamas, Mahmoud Ibrahim, a réclamé «le départ de tous les juifs qui ont colonisé la Palestine», ajoutant sous les applaudissements de la foule que «les bombes humaines du Hamas ouvriront les routes vers Jérusalem». Dans le camp d’Aïn el-Héloué, près de Saïda, Mounir Maqdah, responsable militaire du Fateh, a renchéri en appelant «le peuple arabe à détruire les ambassades américaines et israéliennes établies dans le monde arabe». Devant 5 000 manifestants qui ont défilé dans les ruelles du camp, M. Maqdah a aussi appelé les pays arabes à «ouvrir leurs frontières afin que les Palestiniens de la diaspora puissent soutenir efficacement la révolte de leurs frères dans les territoires palestiniens en lutte contre l’occupant israélien». Au Liban-Nord, 3 000 réfugiés palestiniens ont manifesté dans les ruelles du camp de Beddaoui, appelant à la lutte armée contre Israël et pour édifier l’État palestinien. Quelque 5 000 autres ont organisé un sit-in dans la camp de Nahr al-Bared au cours duquel ils ont annoncé «la mort des accords (israélo-palestiniens de 1993) d’Oslo». Plus de 6 000 Libanais se sont par ailleurs assemblés après la prière du vendredi dans les deux principales mosquées de Tripoli, en signe de solidarité avec les Palestiniens et ont dénoncé «la barbarie israélienne». Un millier de musulmans, chiites et sunnites, ont dénoncé lors d’un rassemblement organisé à Baalbeck «les crimes commis par Israël contre le peuple palestinien».
 L’armée libanaise a interdit hier aux réfugiés palestiniens d’approcher d’Israël, qui a envoyé ses avions simuler des raids au-dessus de la région frontalière, après avoir menacé la veille de tirer sur tout manifestant agressif. L’armée a empêché des Palestiniens d’atteindre la zone frontalière, qu’aucun incident sérieux n’a troublé de toute la journée....