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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Débat - Ouverture du Congrès sur les relations libano-syriennes Deux régimes radicalement différents… ne peuvent pas faire une nation

Seize heures tapantes. La salle de conférence au Centre culturel d’Antélias est comble. On a rarement vu les Libanais aussi ponctuels. Mais avec un sujet aussi accrocheur – «Les relations libano-syriennes : essai d’évaluation» – comment pouvait-on rater un tel rendez-vous ? Ce Congrès national annuel, qui doit se poursuivre encore aujourd’hui, semble être, à la lumière des premières interventions, bien plus qu’un simple essai d’évaluation. Les questions soulevées, la manière dont elles l’ont été, le style employé pour véhiculer le message, la rigueur avec laquelle les universitaires se sont prêtés au jeu, tout cela a traduit le sérieux qui a présidé aux débats des conférenciers prêts à décortiquer ce sujet avec la plus grande franchise. Quant au courage, c’est un mot dépassé aujourd’hui. En un mot, les relations libano-syriennes ont été passées au peigne fin hier soir. Le ton montera crescendo, un peu comme si le dosage des textes était bien orchestré. Le mot d’ouverture sera donné par Monah el-Solh, essayiste et penseur, qui tentera, à travers des exemples sur les relations libano-syriennes puisés à travers l’histoire, de faire ressortir les moments où un véritable esprit de coopération avait prévalu. «En revoyant le passé, dit-il, nous constatons que toutes les fois qu’il s’est trouvé à la tête des deux pays un leadership crédible, capable et en qui on pouvait avoir confiance pour ce qui avait trait aux questions nationales, les aspects négatifs de la relation s’estompaient». Tel fut le cas lors de la bataille pour l’indépendance du temps du mandat français, tel fut également le cas à l’époque chéhabiste, rappelle l’intervenant. Et que raconte l’histoire plus récente ? «L’un des éléments qui mettent le plus en danger les relations libano-syriennes est sans aucun doute ce qu’on appelle l’idéologisation des problématiques et des différends. C’est à partir de l’idéologie pour prendre des positions politiques de manière à bloquer la route devant les conflits théoriques ou pratiques», a souligné M. Solh. Ce sont surtout les points de divergence plutôt que les notes d’harmonie à travers le temps que relèvera le directeur de la section des sciences politiques et administratives à l’AUB, Farid el-Kazen. Conflits sur les plans historique, politique, économique et idéologique. «En réalité, relève le professeur, nous nous trouvons en face de deux prototypes radicalement différents, dans la forme et dans le fond : du point de vue du régime politique, de son fonctionnement et de ses objectifs, dans le rôle assigné aux militaires, dans le fondement même des relations entre l’État et la société dans le modèle économique, et dans la vie politique sous tous ses aspects (…). Enfin, de par la position de chacun des pays sur la scène régionale et dans ses relations avec les grandes puissances». Farid el-Khazen retiendra deux lectures fondamentalement différentes pour «expliquer le mouvement de l’histoire» comme il dit : la lecture sous le prisme idéologique et plus précisément national, et celle qui se fonde sur une vision réaliste. La première est typique du régime syrien par excellence, depuis les années vingt jusqu’à ce jour. Cette vision insiste sur l’idée que les entités-régions (qotr) sont artificielles et n’ont aucun fondement géographique ou historique. Par conséquent, dit-il, il s’agit de les anéantir, toujours selon ce concept. Un bref exposé sur le contenu du Traité dit de «fraternité, de coopération et de coordination» ne tardera pas à se transformer, par la bouche du professeur Daad Bou Malhab Atallah, en un véritable réquisitoire contre ce qui s’est avéré être un document qui légalise une entreprise de subordination, à l’instar des traités qui régissaient les relations entre l’ancienne Urss et les pays de l’Est. Cette entreprise a eu lieu dans un contexte particulier, dit-elle, «à savoir un État libanais, qui, au départ se pose en partenaire faible, esquinté de surcroît par les guerres. Un traité qui, en outre, est signé entre la seconde guerre du Golfe (une chance en or pour la Syrie de s’imposer sur le double plan international et régional) et la conférence de Madrid qui promettait la paix». «Commençons par le titre… ». Et Mme Atallah de commenter le concept de «fraternité» dans les relations internationales contemporaines, qui peut devenir extensible, jusqu’à se transformer en hégémonie totale sur les «frères benjamins»… La couleur était déjà annoncée. Daad Atallah ne mâchera pas ses mots : elle jonglera – toujours sur le même ton ironique - avec des concepts fondamentaux en droit international tels que «l’institutionnalisation», entendre la satellisation, mise en place par le biais d’organes supranationaux, (i.e. le haut comité de coordination libano-syrien, etc.) la complémentarité et la coopération, entendre l’ingérence, ou intégration assimilatrice, toujours «par l’intermédiaire d’institutions camouflées». Et Daad Atallah de conclure en mettant en garde contre les dangers que comporte ce Traité… pour la Syrie elle-même. Car, dit-elle, «la levure monte, et les mécontents sont devenus très nombreux». Elle signifiera clairement qu’une relation malsaine ne peut être que nécessairement néfaste au pays frère.
Seize heures tapantes. La salle de conférence au Centre culturel d’Antélias est comble. On a rarement vu les Libanais aussi ponctuels. Mais avec un sujet aussi accrocheur – «Les relations libano-syriennes : essai d’évaluation» – comment pouvait-on rater un tel rendez-vous ? Ce Congrès national annuel, qui doit se poursuivre encore aujourd’hui, semble être, à la...