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Actualités - REPORTAGES

HISTOIRE - Plusieurs vies antérieures et des passages en Syrie, Égypte, Italie, Grèce, Inde et Perse... Quand les civilisations anciennes se retrouvent dans Gibran Khalil Gibran

Gibran Khalil Gibran est un homme qui a réussi de par son génie d’assimilation et sa simplicité d’expression à faire vibrer des millions d’êtres et à faire passer des messages complexes et touffus ; cela grâce à un verbe fluide et sans fioritures qui a mis à la portée du plus simple des mortels certains principes mythiques et philosophiques qui étaient jusqu’à son apparition l’apanage d’une poignée de philosophes orientaux et occidentaux. Pris dans le tourbillon des idées qu’il découvrait au fur et à mesure qu’il les couchait sur le papier, il a essayé d’aller plus loin et plus profondément dans son introspection et d’enfoncer les portes de la métaphysique et de la métempsycose pour essayer de cerner sa personnalité qu’il savait complexe, parce qu’il avait le sens aigu de son appartenance à part entière au patrimoine de l’humanité. Gibran est le type même du génie autodidacte qui n’a fait qu’effleurer le monde des connaissances universelles et humanistes. Il a pressenti mentalement et physiquement l’importance pour l’être humain d’appartenir à une humanité pluri-culturelle. Il en est arrivé après maintes cogitations à une évidence propre à lui, qu’il est viscéralement lié de par ses racines aux civilisations antérieures qui toutes ont fleuri en lui. C’est ce qui ressort du contenu des lettres qu’il écrivait à Mary Haskell en 1911, dans lesquelles il lui affirme qu’il a vécu plusieurs vies antérieures. D’après ses allégations, il aurait déjà vécu deux fois en Syrie pour de courtes périodes, une fois en Égypte jusqu’à la vieillesse, six ou sept fois en Mésopotamie, une fois en Italie jusqu’à l’âge de 25 ans, une fois en Grèce jusqu’à l’âge de 22 ans, une fois en Inde et une fois en Perse. En fonction de quels phénomènes a-t-il choisi les lieux de ses naissances et la durée de ses vies antérieures ? Nous allons essayer d’en donner une explication qui nous paraît plausible et qui éclairera pour nous le cheminement suivi par sa pensée pour aboutir à sa dernière naissance libanaise en passant par l’essai de son identification avec le Christ. Le halo de mystère qui entourait les anciennes civilisations, qu’on commençait à peine à exhumer à l’époque où écrivait Gibran et qui ressemblaient plus à un brouillard opaque aux non-initiés qu’à des évidences historiques, a fait soupçonner à cet esprit éveillé et curieux l’importance de ces entités culturelles qui ont contribué toutes à l’élaboration de la civilisation humaniste universelle. Si l’on examine attentivement la fréquence de ses naissances dans le temps et l’espace, on remarque qu’il a voulu se persuader et persuader son entourage qu’il est l’homme universel par excellence dans lequel se sont épanouis tous les éléments civilisateurs qui ont amené l’être de chair qu’il est à son aboutissement divin. La durée de ses vies est en relation directe avec la longévité des civilisations : il est né deux fois en Syrie mais pour un court passage. Car la Syrie, de par sa configuration géographique, est un pays à civilisations périphériques fragiles parce que sans noyau central, donc sujettes aux aléas des pérégrinations des tribus barbares et incultes. Les concentrations urbaines ont fleuri là où abondaient les conditions nécessaires à l’épanouissement de l’humain. Les rives fertiles de l’Euphrate ont vu naître, prospérer et disparaître en quelques décennies les royaumes d’Ebla et de Mari aux IIIe et IIe millénaires av. J-C ainsi, que le royaume éphémère d’Aram dont la capitale était l’oasis de Damas. Quant à la Mésopotamie, Gibran l’a visitée à six ou sept reprises, autant de fois qu’il y a eu de civilisations dans cette contrée fertile sise entre le Tigre et l’Euphrate. Depuis la première civilisation sumérienne qui a vu naître l’écriture jusqu’à la conquête achéménide, en passant par les Akkadiens, les Néo-Sumériens, les Babyloniens, les Assyriens et les Nnéo-Babyloniens. Ses vies multiples le faisaient paraître aux yeux de Mary Haskell comme le détenteur de la vérité absolue et le maître incontesté des connaissances universelles, ayant puisé la sagesse et la magie du verbe aux sources orientales. En Égypte, Gibran ne serait né qu’une fois, mais sa vie a été très longue. Il aurait eu le temps de percer les mystères de la civilisation pharaonique puisque, comparativement à la longueur de sa vie, il avait accompagné cette civilisation depuis son éclosion jusqu’à sa décadence et sa disparition. Il se serait initié au polythéisme le plus complexe et le plus convulsif qui confondait dieux, hommes et animaux dans ce limon fertile fait de sang, de sueur et de boue, et que le Nil immuable déposait sans jamais faillir comme un don divin destiné à soulager la détresse des hommes. De ces hommes dans lesquels Gibran s’est retrouvé avant de s’identifier à leurs dieux, tout comme le serein Akhnaton s’était confondu avec Aton, le disque brillant du soleil, reflet de la grandeur du Dieu unique. Quant à ses vies antérieures en Italie et en Grèce, nous ne saurons jamais s’il a voulu vivre l’expérience exaltante de l’Empire romain ou l’éblouissement de la Renaissance italienne, tout comme nous ne pourrions dire si sa vie en Grèce avait pour motif la perfection et le réalisme de la Grèce classique ou la splendeur de Byzance. Le fait est que dans ces deux pays ses vies furent courtes mais atteignirent quand même une maturité juvénile, tout comme pour Rome et la Grèce qui vécurent d’exaltantes aventures leur permettant de conquérir le monde et de disparaître avant d’être atteintes par une sénilité décrépite et dégradante. Il semblerait que Gibran ait voulu en rester à l’âge où l’enthousiasme de la jeunesse permet toutes les folies sans prendre la peine d’en calculer les conséquences néfastes. Son ultime réincarnation, Gibran l’a vécue au Liban et dans le Nouveau monde. Le Liban qui est le berceau d’une civilisation six fois millénaire, qui est l’aboutissement des cheminements spirituels et matériels parfois obscurs et parfois nimbés de lumière qui se sont amalgamés dans le creuset cananéen sur cette frange orientale de la Méditerranée, et qui ont été couronnés par l’apparition de la mystique judéo-chrétienne. Conscient d’être porteur d’un message mystérieux et transcendantal connu et assimilé par lui seul, il porta le flambeau de la connaissance au Nouveau monde, s’instituant humble missionnaire de la vérité qui lui a été révélée à travers ses vies antérieures. Convaincu du bien-fondé de sa mission auprès de la nouvelle civilisation, il s’est vu nouveau Christ sauveur de l’humanité par l’humanisme, persuadé que l’homme ne pouvait être sauvé sur terre que par l’homme porteur du Message, à tel point qu’il a fini par faire coïncider la date de sa naissance avec celle du Christ. Étant né un 6 décembre, il a écrit à Mary Haskell qu’il était né un 6 janvier, date de la naissance du Christ dans les rites orientaux. Gibran passa sa vie à chercher l’Homme dans l’homme. Il a voulu bannir à jamais le mal pour mieux faire ressortir le bien. Pour lui, l’être humain est une finalité en soi, il est resté ce qu’il a toujours voulu être : un Homme pour l’éternité.
Gibran Khalil Gibran est un homme qui a réussi de par son génie d’assimilation et sa simplicité d’expression à faire vibrer des millions d’êtres et à faire passer des messages complexes et touffus ; cela grâce à un verbe fluide et sans fioritures qui a mis à la portée du plus simple des mortels certains principes mythiques et philosophiques qui étaient jusqu’à son...