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Actualités - REPORTAGES

ENVIRONNEMENT - Vivre au milieu des odeurs nauséabondes La mare d’eaux usées de Zouk Mosbeh

Des travaux pour ensevelir une énorme mare de boue provenant d’une bouche d’égout qui se déverse en plein air ont enfin été entrepris par la municipalité de Zouk Mosbeh (caza du Kesrouan). L’égout dessert principalement des usines qui se trouvent plus haut, mais le cas de cette «mare» nauséabonde a été aggravé par le fait que certains profitaient de l’existence de ce site pour y ajouter le contenu de leurs fosses septiques. Résultats : des relents qui empestaient continuellement toute la région de Zouk, et faisaient l’objet de plaintes répétées depuis plusieurs années. Ce grand problème auquel une solution provisoire (et seulement provisoire) vient d’être trouvée ouvre le dossier des égouts dans le pays, un dossier que l’État ne se décide pas (du moins jusqu’à présent) à traiter avec sérieux. D’ici là, les puanteurs continueront d’envahir nos belles routes de montagne et nos côtes ! M. Michel Moussa, ministre de l’Environnement, a effectué hier une tournée sur le site, en compagnie du président de la municipalité de Zouk Mosbeh, M. Antoine Qassis, du président du Rassemblement des industriels du Kesrouan, M. Nicolas Abi Nasr, et de M. Wilson Rizk, expert. M. Moussa voulait s’assurer de la bonne marche des travaux qui se poursuivent depuis quelques jours et devraient se terminer bientôt. La vue qu’offre la mare de boue est impressionnante. Même à moitié ensevelie, elle a toujours une dimension effrayante. De couleur incertaine, elle subit actuellement les assauts d’une excavatrice qui y déverse de grandes quantités de sable provenant d’un remblai. Le site se trouve au niveau du premier tournant de la route menant à l’église du Christ-Roi, à deux pas de l’autoroute de Dbayé. Au terme de la tournée sur le site, L’Orient-Le Jour a interrogé M. Rizk sur les travaux entrepris. Il a considéré que «l’ensevelissement de l’eau usée représente le moindre mal». Il a poursuivi : «L’idéal aurait été de pomper l’eau sale et non pas de l’ensevelir telle quelle dans le sol. Mais les contraintes de temps et de moyens ont imposé les méthodes utilisées. Il était important de remédier rapidement à la situation». Dans un communiqué, le conseil de la municipalité de Zouk Mosbeh, qui a été critiqué ces derniers temps pour négligence dans cette affaire, explique les origines de la catastrophe. Un grand égout provenant des usines sises plus haut (et se déversant dans la mer, comme la presque totalité des égouts du Liban...) avait été mis en place en 1996 (soit avant l’élection de ce conseil municipal, précise le texte). Mais l’égout a vite été bouché et la crevasse s’est remplie d’eaux usées. Les travaux entrepris actuellement par le conseil municipal englobent la construction d’un nouvel égout (déjà terminée) et l’ensevelissement des eaux sales. M. Qassis a précisé que, si un nouvel égout a été construit, c’est que l’ancien était de dimension trop réduite d’où sa tendance à se boucher. Une solution provisoire et rapide Il en a profité pour rappeler que la région de Zouk n’est pas pourvue d’un réseau d’égouts. Un projet qui devait couvrir toutes les montagnes du Kesrouan, de Ouyoun al-Siman jusqu’à la côte, avec une usine de traitement à Tabarja, n’a pas encore été réalisé, malgré les promesses. «Un tel projet n’est pas du ressort de la municipalité, a-t-il dit. Nous faisons notre possible, dans le cadre de nos moyens, pour lutter contre la pollution. Quelque 120 usines sont implantées dans la région, dont douze au moins produisent des déchets liquides. Nous avons passé un accord avec les industriels dès notre élection pour qu’ils achètent des filtres, mais la situation n’est pas encore idéale». «Nous avons établi des contacts avec le président de la municipalité depuis quelques jours et avons tenu à nous informer sur les travaux en cours, a précisé pour sa part M. Moussa. Nous connaissons les problèmes écologiques dont souffre le Liban en général et Zouk en particulier. Mais il est de notre devoir de trouver des solutions rapides aux problèmes qui nuisent à la qualité de vie des citoyens». Pour sa part, M. Abi Nasr a assuré qu’«environ 95 % des usines ont installé des filtres et certaines possèdent un système de recyclage». Il a dénoncé le fait que des citernes déversent leurs eaux usées dans les canaux d’eau de pluie menant à la crevasse sous le couvert de la nuit. Selon lui, «c’est là la source principale des odeurs, vu que les déchets des usines ne sont plus, pour la plupart, nauséabonds, surtout quand ils sont traités». Interrogé sur le fait que même le nouvel égout ne résolvait pas tout à fait le problème puisque les eaux usées allaient en tous cas se déverser dans les canaux d’eau de pluie jusqu’à la mer, un problème qui date de deux ans, M. Moussa a répondu : «Il s’agit d’une solution provisoire pour ce problème particulier. Mais nous allons poursuivre notre coopération avec la municipalité et les industriels, et allons charger des experts des différents ministères concernés de proposer des solutions durables au problème». À la question de savoir ce qui empêcherait les contrevenants de continuer leurs activités illicites même après l’ensevelissement de la crevasse, il a souligné : «Ces contrevenants cherchaient une solution facile. Si la crevasse n’est plus disponible à cet effet, ils ne viendront plus. Dans tous les cas, la municipalité devra effectuer une surveillance autour du site». Le problème des égouts reste un fléau responsable de la pollution de la plupart des cours d’eau, des nappes phréatiques et des côtes du pays. Un projet de grande envergure prévoyant non seulement des canalisations mais des usines de traitement de l’eau usée le long du littoral existe depuis des années au Conseil de développement et de reconstruction, et les financements sont assurés. Sera-t-il réalisé un jour ?
Des travaux pour ensevelir une énorme mare de boue provenant d’une bouche d’égout qui se déverse en plein air ont enfin été entrepris par la municipalité de Zouk Mosbeh (caza du Kesrouan). L’égout dessert principalement des usines qui se trouvent plus haut, mais le cas de cette «mare» nauséabonde a été aggravé par le fait que certains profitaient de l’existence de...