Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Nativité - Tradition et innovation vont de pair pour des créations hors du commun Variations sur tous les tons pour les crèches de Noël(photos)

Les crèches dans les églises, il y en a des traditionnelles, évidemment, mais aussi des grandioses, des créatives... Qu’il s’agisse d’un travail de groupe ou d’un effort individuel, c’est une tâche dont on s’acquitte avec joie, avec foi et sans doute avec un intérêt artistique, comme nous l’ont confirmé certains de ces « créateurs » pas comme les autres rencontrés lors d’une tournée dans quelques-unes des grandes églises du pays. Des créateurs face à un défi, celui de concilier tradition et renouvellement d’un symbole religieux sans cesse régénéré, celui de la naissance de Jésus-Christ. Un hommage, en somme, à tous ces soldats inconnus qui insufflent un air de fête et de piété aux églises, aux maisons, et même aux places et aux rues. Parmi les crèches dressées dans les églises, certaines sont imposantes, par les dimensions comme par le travail abattu. Quand Jean al-Anjom parle de la crèche qu’il a mis quarante jours à ériger en l’église Notre-Dame de la délivrance (Zouk), c’est toute une passion qui se dévoile. « Cette année, j’ai mis un soin spécial dans la conception de la crèche », confie-t-il (et on n’a aucune difficulté à le croire). « Elle est composée d’un échafaudage en bois entièrement couvert de plâtre coloré. » Le résultat est surprenant : une reconstitution non seulement de la crèche traditionnelle, mais aussi de tout le village de Bethléem, un paysage très vivant en relief, avec nombre de personnages et d’animaux. À ne pas rater. L’installation de crèches aussi imposantes, c’est aussi un travail technique non négligeable. C’est ce que le père Michel Maalouf et les jeunes de la paroisse Saint-Élie d’Antélias ont pu constater. La crèche de l’église située sur la place d’Antélias, conçue par Michel Kfoury, couvre une surface importante et comporte des personnages de 140 cm de haut, mais elle est aussi dotée d’un circuit fermé d’eau qui tombe en cascade. « Tous ceux qui ont participé à ce travail de groupe ont la conscience d’avoir servi la gloire de Dieu », explique le père Maalouf. Les crèches, il y en a aussi de traditionnelles, avec l’incontournable papier crèche. Un exemple type est celui de Notre-Dame du Rosaire (Hamra) qui est de toute beauté dans sa grande sobriété, sous une superbe Vierge à l’Enfant. Ailleurs, il y a des tentatives de sortir des sentiers battus. Ainsi, à l’église Saint-Maron du centre-ville, on a décidé cette année d’utiliser l’osier, ce qui a créé un effet aussi inattendu qu’agréable. La participation à la construction d’une crèche fait partie, certainement, d’un acte de foi, mais elle peut aussi témoigner d’un intérêt artistique réel. Pour Philippe Kechichian, jeune étudiant en architecture chargé de la réalisation des crèches de Notre-Dame des Anges (Badaro) et de Saint-Louis (centre-ville), ses créations sont de « mini-architectures ». « Il faut de l’imagination, un peu de goût et du temps », souligne-t-il. Au papier crèche, il a préféré le jute, « un matériau simple avec lequel on peut faire ce que l’on veut ». L’imagination et la créativité, sœur Adla Salloum, du couvent du Christ-Roi (Zouk Mosbeh), n’en manque pas. « Cette année, j’ai décidé d’innover, en utilisant la technique des ombres chinoises, avec les moyens de bord », indique-t-elle. En effet, le « ciel » qui surplombe la crèche est composé de grandes silhouettes d’anges (des images agrandies), qui donnent des ombres derrière un rideau bleu ciel. L’effet est saisissant et lumineux. Parmi toutes les crèches visitées, il en est une qui demeure atypique, celle qui orne l’église Notre-Dame du Liban (Harissa). Elle dégage d’emblée une impression d’extrême sobriété et de grande simplicité, et il faut la contempler plus longuement pour en saisir toute la finesse. Un parterre de jute naturel, une couleur blanche dominante, des maquettes de maisons d’époque... Derrière cette simplicité, toute une philosophie qu’explique Célina Kozaily, qui a réalisé la crèche. « J’ai pensé que Jésus était né dans la pauvreté et qu’il fallait par conséquent que la crèche dégage une impression modeste », souligne-t-elle. « Voilà pourquoi j’ai voulu que les statues ne soient même pas dépoussiérées. » Il faut préciser que les crèches dans les églises sont une tradition uniquement adoptée par les confessions chrétiennes suivant le rite occidental. Celles qui suivent le rite byzantin interdisent cette pratique, comme l’explique l’archimandrite Sleiman Sammour, de l’archevêché grec-catholique (rue de Damas). « Ce concept a été lancé par Saint-François d’Assises et nous vient de l’Occident », soutient-il. « En cette fête divine, nous sommes uniquement intéressés par le secret de l’incarnation de Dieu en homme. Tout le reste ne fait pas partie de la foi. » Suzanne BAAKLINI
Les crèches dans les églises, il y en a des traditionnelles, évidemment, mais aussi des grandioses, des créatives... Qu’il s’agisse d’un travail de groupe ou d’un effort individuel, c’est une tâche dont on s’acquitte avec joie, avec foi et sans doute avec un intérêt artistique, comme nous l’ont confirmé certains de ces « créateurs » pas comme les autres...