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Actualités - OPINION

Le culte Noël fait recette... nationale

Décembre. Nous avons des envies de sapins, de guirlandes et d’enfants heureux au pied de l’arbre, les yeux démesurément écarquillés regardant ce grand gaillard rubicond descendu du ciel pour déverser sa manne... Au Liban, les années d’après-guerre ont vu cette fête se massifier. Elle continue de prendre de l’ampleur. On dénonce les excès, la perte d’âme, mais on se dépêche de dépenser sans compter. À Noël, personne n’est à l’abri de ce double mouvement de recul et d’adhésion. Même les intellectuels branchés sur la critique du thème « Perversion d’un rite devenu névrotique » jouent la course aux cadeaux. Avec ses rites, obligations et contraintes en tout genre, la tyrannie Noël est librement acceptée et entretenue. La fête de la Nativité n’est plus exclusivement celle des chrétiens. Ni, quoi qu’il en paraisse, celle des marchands, c’est-à-dire une habile invention commerciale importée du monde anglo-saxon. Car, tous les trésors d’imagination du marketing ne donnent rien quand ils ne se greffent pas sur un désir collectif de célébrer un évènement. En l’occurrence Noël, un patrimoine commun, quoique interprété différemment. Pour les musulmans, Jésus de Nazareth est un grand prophète. Sayyiditna Maryam, une grande sainte. Les Libanais trouvent dans cette fête une occasion de se joindre. Et de célébrer l’Enfant et l’enfant. Trois familles non chrétiennes sur cinq vont jusqu’à faire un sapin et parlent d’échange de cadeaux. Les petits croient encore vraiment au père Noël, acteur essentiel du 24 décembre. Absolument. Ils lui écrivent en tout cas des lettres. Il faudrait peut-être demander au ministre des PTT qu’un service réponde à ce courrier exceptionnel. Le Santa Claus hollandais, émigré exemplaire, s’assimile parfaitement là où il débarque. Il transcende confessions, générations et classes sociales. On peut être chrétien, musulman ou druze, accrocher des étoiles dans le sapin, louer chaque année un chalet pour sa famille, faire une virée dans le désert : chaque tribu choisit ses formules de célébration et y trouve son bonheur. L’économie nationale aussi : cette période de dépense collective fonctionne comme une « purge nécessaire », selon les experts. May MAKAREM
Décembre. Nous avons des envies de sapins, de guirlandes et d’enfants heureux au pied de l’arbre, les yeux démesurément écarquillés regardant ce grand gaillard rubicond descendu du ciel pour déverser sa manne... Au Liban, les années d’après-guerre ont vu cette fête se massifier. Elle continue de prendre de l’ampleur. On dénonce les excès, la perte d’âme, mais on...