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Actualités - CHRONOLOGIE

Contestation sociale - La CGTL participera à la grève et à la manifestation d’aujourd’hui Enseignants et professeurs universitaires décidés à faire échec à l’article 9 du projet de budget

Pour la deuxième fois en moins d’un mois, toutes les écoles du Liban, privées et publiques, ainsi que l’Université libanaise seront en congé forcé aujourd’hui, en raison d’un large mouvement de grève décidé par les enseignants et les professeurs, à l’appui de leurs revendications professionnelles et salariales. En fait, les enseignants et professeurs insistent sur le fait qu’ils ne revendiquent rien de nouveau, mais qu’ils veulent préserver des acquis remis en question par le ministre des Finances et le projet de budget 2003. Le mouvement de grève doit, dans l’intention de ses organisateurs, mettre en garde les députés contre une approbation telle quelle du projet de budget, dont l’examen sera entamé par la Chambre juste après les fêtes de fin d’année. Dans une conférence de presse, hier, la ligue qui coordonne l’action des deux corps professionnels a élargi son discours social en soulignant que les taxes, notamment sur l’essence et l’instauration de la TVA, ont réduit le pouvoir d’achat des Libanais de 25 %. Toutefois, malgré ce discours social, la politisation du mouvement de grève se fait de plus en plus évidente, tout en restant jusqu’à ce jour « équilibrée ». L’originalité du mouvement de grève d’aujourd’hui réside en effet, en partie, dans le fait qu’il est appuyé à la fois par l’opposition et par certains mouvements loyalistes. D’un côté, les étudiants des courants de l’opposition, aounistes, Forces libanaises et base Kataëb, ainsi que la gauche estudiantine dite « Khatt el-Moubachar » (action directe), appuieront la grève en se rassemblant vers midi, place Riad el-Solh. D’autre part, le mouvement Amal et le PSNS l’appuieront séparément. Les enseignants et professeurs, eux, comptent défiler de la place Barbir à la place Riad el-Solh et ont demandé que ceux qui vont participer à cette marche, entamée vers 10h30, respectent le côté corporatiste des slogans qui y seront lancés. Au total, c’est quelque 700 000 élèves qui resteront chez eux aujourd’hui, et plus de 70 000 universitaires (60 % du total des étudiants au Liban). La grève fait partie d’un mouvement de mécontentement plus large, affectant en outre les employés du secteur public soumis au code du travail. Elle est enfin appuyée par la CGTL, dont les chefs participeront à la marche Barbir-Riad el-Solh, et qui défend aussi bien le niveau de vie des salariés que la préservation des prestations de la CNSS, que la politique fiscale de l’État met en danger. L’origine de tous les maux L’origine de tous ces maux sociaux, selon les grévistes, c’est un budget d’austérité dont l’annexe 9, réservée au recettes, prévoit de nouveaux prélèvements fiscaux, notamment sur les indemnités de fin de service et les pensions de retraite des fonctionnaires. Les enseignants (45 000 dans le privé, 35 000 dans le public) insistent pour l’amendement du projet de budget, qui remet en cause certains de leurs droits acquis. Selon M. Georges Saadé, président du syndicat des enseignants dans les écoles privées, ce projet annule, en effet, le régime de réduction des heures de travail selon l’ancienneté, augmente le nombre des heures de travail, institue des impôts sur les indemnités de fin de service, accroît les prélèvements fiscaux de 8 à 10 % sur les pensions de retraite. Ces modifications sont communes aux enseignants du privé et du public. La Caisse des indemnités Par ailleurs, les enseignants des écoles privées ont une revendication fondamentale qui leur est propre. Elle concerne leur Caisse d’indemnités . Florissante, avec quelque 230 milliards de LL de dépôts (50 millions de dollars environ), selon une source bien informée, la Caisse suscite les convoitises du ministre des Finances, qui en veut à son usufruit. Après le meurtre en juillet dernier, de la présidente de la Caisse et du trésorier, abattus par un planton névrotique, il existe à la Caisse un vide administratif que l’État cherche à exploiter pour nommer un nouveau conseil d’administration qui lui soit acquis. Le syndicat des enseignants, de son côté, insiste pour que le mandat de l’ancien conseil d’administration soit prorogé et que soit installé à sa tête un enseignant légalement élu par anticipation avant le drame de l’Unesco. Le vide administratif empêche les enseignants partant à la retraite de toucher leurs indemnités. Pour leur part, les contractuels de l’Éducation nationale, soit environ 15 % du nombre des enseignants du public, ont des revendications qui leur sont propres. Ils réclament d’être payés à temps, titularisés et de recevoir des allocations de déplacement. L’Université libanaise De leur côté, les professeurs de l’Univesité libanaise ont fait cause commune avec les enseignants, d’abord parce qu’ils sont en désaccord avec une fiscalité injuste, qui s’attaque aux plus démunis et aux catégories en position d’infériorité sociale, ensuite parce que le projet de budget réduit de 85 à 80 % le pourcentage de leur dernier salaire en base duquel se calcule l’indemnité de fin de service, enfin parce que, de la manière dont les choses sont conduites, l’UL perd en indépendance ce qu’elle gagne en rigidité idéologique et en médiocrité académique… De fait, le contentieux entre les professeurs de l’UL et le ministre de l’Éducation nationale est particulièrement lourd et porte aussi bien sur les récentes nominations de directeurs de facultés que sur la politisation de l’Université libanaise. Le clientélisme politique à l’UL a fait dire hier au député Boutros Harb que les milices sont parvenues, en temps de paix, à atteindre des objectifs qu’ils n’avaient pas réussi à réaliser en temps de guerre. L’affaiblissement de l’ UL se reflète d’ailleurs dans la minceur du budget qui lui est alloué. Les professeurs réclament aussi que la contribution de l’État au budget de l’UL, pour l’année 2002-2003, soit au moins égale à ce qu’elle était l’année dernière, soit 145,5 milliards de dollars), alors que ce chiffre est revu à la baisse par le ministère des Finances, et sans compter qu’à ce jour l’UL n’a reçu que 58 % de son budget et que l’État lui doit encore quelque 65 milliards de livres. Par ailleurs, les professeurs de l’UL font des remarques sur les bâtiments universitaires à Beyrouth et dans les régions, réclament que les fonds nécessaires leur soient accordés pour leur permettre de faire face à un afflux chaque année croissant d’étudiants, etc. Mais au-delà du respect des statuts de l’Université libanaise, de ses moyens financiers et de son indépendance, les professeurs luttent contre une volonté insidieuse du pouvoir politique de contrôler cette institution et de la « normaliser » idéologiquement. Les employés du secteur public se sont solidarisés avec ce mouvement de grève, car le régime fiscal auquel ils sont soumis est sensiblement le même que celui des enseignants. Rappelons qu’un premier mouvement de grève avait paralysé les écoles et l’Université libanaise le 26 novembre dernier. Les enseignants avaient clairement indiqué, alors que dans le cas où le pouvoir fait la sourde oreille à leurs exigences, ces deux grèves d’avertissement pourraient être suivies par une grève ouverte, en 2003. Ce n’est pas sans de sourdes inquiétudes que les parents assistent à cette épreuve de force des enseignants avec l’État, se demandant si le durcissement de la grève ne va pas compromettre l’année d’études de leurs enfants.
Pour la deuxième fois en moins d’un mois, toutes les écoles du Liban, privées et publiques, ainsi que l’Université libanaise seront en congé forcé aujourd’hui, en raison d’un large mouvement de grève décidé par les enseignants et les professeurs, à l’appui de leurs revendications professionnelles et salariales. En fait, les enseignants et professeurs insistent sur...