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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Les propriétaires des établissements réfutent les accusations qui leur sont adressées Le secrétariat de la Chambre reconnaît être à l’origine de la fermeture des pubs du centre-ville

La fermeture sine die de huit pubs au centre-ville, dans le périmètre du Parlement, mardi soir, a suscité beaucoup d’incompréhension et soulevé de nombreux points d’interrogation auxquels aucune réponse convaincante n’a été apportée hier. La principale question était de savoir pourquoi c’est la police du Parlement qui s’en est chargée, alors que ses prérogatives se limitent en principe à la protection de la Chambre des députés. La version officielle, qui a consisté en un communiqué du secrétariat du Parlement, a parlé de « bars » qui se sont multipliés autour du siège de la Chambre et a conclu que « ces établissements doivent se transformer en restaurants sous peine de rester fermés ». Le mohafez, quant à lui, a indiqué à L’Orient-Le Jour que « si les propriétaires de ces établissements ont les permis nécessaires, ils peuvent se présenter au siège du mohafazat munis de leurs papiers, et il leur sera permis de rouvrir leurs portes, sinon ils devront entreprendre des formalités pour obtenir d’autres permis ». Les propriétaires de certains de ces pubs réfutent, quant à eux, les accusations selon lesquelles ils employeraient de « jeunes femmes étrangères » ainsi que l’appellation de « bars », et insistent que leurs papiers sont en règle. Ce qui a apparemment déclenché cette mesure, ce sont des altercations jeudi dernier qui ont nécessité l’intervention des gendarmes. Selon des témoins, il y avait une foule considérable au centre-ville en ce soir du Fitr. Le neveu d’un député et ancien ministre se serait trouvé pris dans l’une de ces bagarres et aurait reçu des coups ainsi que certains agents de l’ordre, débordés par la spirale de la violence. Selon les propriétaires des pubs fermés, les bagarres, quelles qu’elles soient, avaient eu lieu hors de leurs établissements. Le lendemain, toujours selon certains témoignages, les agents de la police du Parlement ont demandé aux responsables des pubs de ne laisser aucun client sortir de leur établissement un verre d’alcool à la main. Ce que ces derniers n’auraient pu garantir parce qu’il leur est impossible d’intervenir de la sorte auprès des clients. Une patrouille a été dépêchée sur les lieux vendredi soir, et des clients ont été interpellés, hors des établissements… pour port de verre prohibé. Toujours est-il que, mardi après-midi, des agents se sont présentés dans les huit pubs, exigeant leur fermeture. « Ils ont refusé de nous montrer un papier officiel », a raconté l’un des propriétaires. Ceux-ci ont mené des contacts avec les différents responsables qui leur auraient demandé de patienter jusqu’à ce que l’affaire soit réglée. Mais jusqu’à hier soir, rien n’avait encore été fait. Par ailleurs, une version officielle des faits a été donnée hier par le secrétariat général du Parlement sous forme du communiqué suivant : « La décision prise par la Chambre des députés d’interdire le stationnement et le passage des voitures dans le périmètre de la place de l’Étoile a favorisé la création de dizaines de restaurants, fréquentés par des personnalités, des notables et des familles des différentes régions libanaises. Mais certains ont profité de cette nouvelle situation pour ouvrir des “bars” sans avoir obtenu un permis légal des autorités compétentes. C’est ce qui a poussé certains restaurants proches de ces bars à la fermeture. Après avoir consulté le mohafez de Beyrouth à ce propos, il a été demandé aux propriétaires de ces bars de les transformer en cafés ou en restaurants, dans l’objectif de préserver le cachet caractéristique de cette région. Il faut préciser que cette mesure s’est limitée aux bars. » Les propriétaires des pubs concernés ont catégoriquement réfuté l’appellation de « bars » et ont précisé que leur clientèle était composée principalement de jeunes étudiants. Pour ce qui est de la transformation de leurs établissements en restaurants, ils ont fait remarquer que cela était irréalisable. La question persistait hier de savoir qui avait donné l’ordre à la police du Parlement de procéder à la fermeture des établissements, alors que cette instance, selon la loi, a la prérogative de protéger le seul bâtiment de la Chambre des députés. Interrogé par L’Orient-Le Jour, le mohafez de Beyrouth a affirmé qu’il n’avait pas donné cet ordre, bien que la mesure ait été prise en coordination avec lui. « Il y a beaucoup d’instances qui peuvent donner un tel ordre, comme les ministères de l’Intérieur, du Tourisme, de la Santé, etc. », a-t-il dit sans plus de précision. M. Sarraf a soulevé le problème des permis qui, selon lui, ne sont pas conformes aux activités de ces endroits. « Le propriétaire qui a un permis légal peut se présenter le plus tôt au siège du mohafazat, et il sera autorisé à rouvrir son établissement », a-t-il affirmé. « Les autres devront se procurer de nouveaux permis. » Pourquoi une telle opération a-t-elle été lancée maintenant ? « Si ces endroits fonctionnaient depuis un certain temps, cela ne veut pas dire qu’ils étaient en règle », a-t-il répondu. Les propriétaires ont leur propre explication sur la question des licences. Selon eux, tous les établissements du centre-ville ont obtenu le même genre de permis provisoire de restaurant parce qu’il leur était impossible d’assurer les parkings, condition sine qua non de l’obtention de la licence. Cette exception est donc, selon eux, généralisée au centre-ville, en attendant la construction des parkings prévus dans cette région. Ils ne comprennent par conséquent pas l’ouverture de ce dossier aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, cette affaire soulève beaucoup de questions. On peut se demander comment il est possible d’encourager les investissements et le tourisme dans un pays où des établissements qui emploient des centaines de personnes sont fermés sans aucun préavis ou avertissement, notamment à la veille des fêtes. Sans compter que dans ce contexte de crise économique, les propriétaires de ces pubs subissent des pertes considérables puisqu’ils continuent de payer les frais sans travailler. L’un des propriétaires nous confie que si la fermeture se poursuit toute la semaine, ses pertes atteindraient les 50 millions de livres libanaises... Suzanne Baaklini
La fermeture sine die de huit pubs au centre-ville, dans le périmètre du Parlement, mardi soir, a suscité beaucoup d’incompréhension et soulevé de nombreux points d’interrogation auxquels aucune réponse convaincante n’a été apportée hier. La principale question était de savoir pourquoi c’est la police du Parlement qui s’en est chargée, alors que ses prérogatives...