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Actualités - OPINION

Vie politique - Encore des noms, toujours des noms, rien que des noms Aucun changement au fond sous un nouveau cabinet

Aux yeux du président Berry, le cabinet est frappé de sénescence. Pourquoi ce jugement clinique ? Parce que le président de la Chambre aurait souhaité que le débat budgétaire se déroule sous la férule d’un autre gouvernement. Afin que le texte de loi bénéficie du crédit, de la confiance accordés à la nouvelle formation et passe sans encombre, place de l’Étoile. Sans récriminations excessives des députés contre les surcharges fiscales et sans retouches de fond pouvant compromettre le plan de redressement financier. L’équipe en place se trouve donc contestée par nombre de ses propres composantes. Le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, qui monte lui-même au créneau, multiplie les critiques à l’encontre du projet de budget. Qui déplaît également à certains blocs parlementaires, comme celui qu’anime le Hezbollah, hostile aux privatisations et aux mutations de la dette publique. Mais les deux têtes de l’Exécutif, les présidents Lahoud et Hariri, sont d’accord pour le maintien du statu quo, au moins jusqu’à ce que se dégagent les premiers résultats de Paris II. Ils mettraient d’ailleurs à profit ce délai pour commencer à plancher sur une présélection des ministres, ce qui faciliterait les choix définitifs et écourterait la période de transition ou de crise ministérielle. Selon les premières orientations répercutées par des professionnels avertis, on s’achemine vers une formule de 18, extensible jusqu’à 24 si certaines revendications devaient se faire trop pressantes. Bien entendu la structure de base serait inchangée. On s’aperçoit ainsi, en scrutant les pronostics qui courent les salons, qu’on compte remplacer des noms par d’autres, sans toucher au programme d’action ou de coalition des forces intégrées. L’opinion politique des Libanais et les besoins essentiels de la population ne semblent pas plus pris en compte qu’auparavant. On peut indiquer, à titre d’exemple, qu’il ne servirait pratiquement à rien de dire merci à Pierre Hélou pour le remplacer par Boutros Harb, si ce dernier devait lui aussi avoir les mains liées. De même, si le Baas veut substituer Assem Kanso à Nazih Beydoun, et le mouvement Amal mettre sur la touche Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, c’est leur affaire. On ne voit pas non plus quelle différence il peut y avoir dans le fond si le PSNS désignait Assaad Hardane au lieu de Ali Kanso. En allant plus loin encore, on peut trouver que la ligne générale ne serait ni déviée ni affectée par l’entrée de nouvelles valeurs, de nouvelles composantes comme Élie Skaff à la place de Ghassan Salamé, Tammam Salam à la place de Bahige Tabbara, Nader Succar (ou Rachad Salamé, ou Simon el-Khazen) pour les Kataëb. L’opération ne serait finalement que d’ordre cosmétique. Sans impact sur le traitement de la récession, sur la réforme de l’administration, sur la lutte contre la corruption, sur la cohésion de l’État. Et, a fortiori, sur le renforcement de l’unité interne, mise à mal par d’endémiques discriminations. Or, à l’ombre des nuages qui s’amoncellent au-dessus du ciel régional, irakien et sudiste notamment, le pays, qui croule sous la dette publique, a besoin d’un gouvernement à la hauteur. C’est seulement un gouvernement de stature nationale authentique qui peut engager le combat contre l’hydre de la corruption, réformer l’administration, assainir progressivement les finances, remodeler la mentalité politique, relancer l’essor économique. On en reste loin alors que se perpétue le règne du vainqueur sur le vaincu, comme on dit communément. Et que l’opposition peine pour s’exprimer. Tout cela sous le prétexte fallacieux que la gravité de la situation régionale ne permet pas de changement de fond. D’autant, mais les loyalistes le soulignent moins, que le gouvernement à venir serait en principe appelé à superviser la campagne de la prochaine présidentielle. Donc, pour tout dire, il n’y aurait pas de sitôt cet État de droit et des institutions que les dirigeants appellent eux-mêmes de leurs vœux. Émile KHOURY
Aux yeux du président Berry, le cabinet est frappé de sénescence. Pourquoi ce jugement clinique ? Parce que le président de la Chambre aurait souhaité que le débat budgétaire se déroule sous la férule d’un autre gouvernement. Afin que le texte de loi bénéficie du crédit, de la confiance accordés à la nouvelle formation et passe sans encombre, place de l’Étoile. Sans...