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Actualités - REPORTAGE

Outre-mer...Carlos Chahine : «La vie comme au théâtre»(photo)

Les planches de sa vie et celles du théâtre se mêlent intimement. Tantôt Don Quichotte, tantôt Alceste ou encore Thésée, Carlos Chahine demeure surtout un exilé qui a le Liban et le théâtre dans la peau. Changer de peau, un vrai bonheur; les rôles, les textes des grands auteurs sont là pour servir son physique et sa passion, aujourd’hui un métier à plein temps. Carlos Chahine a le physique de l’emploi et celui de sa passion. Et la voix, le sourire. Grand, le regard clair, un sourire immaculé, un front large, il comble déjà la pièce, les planches aussi, sans doute, par sa présence silencieuse qui occupe toute la place. Lorsqu’il se met à parler, il trouve les mots pour le dire, et la manière, tendre, drôle ou encore théâtrale. Des lignes au service de l’acteur, et voilà l’acteur qui se met au service des mots. Réciprocité obligée pour alimenter une passion qui traverse quelquefois des silences, attentes de nouveaux rôles et de belles rencontres. Et lorsqu’il se met à écrire, ce qu’il fit pour la première fois il y a deux ans, il lâche tout, s’isole une longue année et compose un roman en quête d’éditeur «un peu autobiographique; pour simplifier presque bêtement, explique-t-il, c’est l’histoire d’un homme qui rentre au pays après une longue absence.» Partir, revenir Un peu autobiographique, en effet, et très simplifié. Carlos Chahine, 44 ans, a quitté le Liban en 1975, pour présenter son baccalauréat en France, seconde patrie des Libanais en guerre. Il entame des études de médecine, «j’avais un oncle fort respectable qui était médecin. Mon père était un grand joueur. Il jouait, je perdais.» Carlos échoue en effet dans la chirurgie, il sera dentiste. «J’ai choisi la respectabilité, mon père m’a rattrapé plus tard!» Une rencontre viendra le surprendre et le rattraper durant ses études, celle-là même qui va le mener au cours Tania Balachova, sous la supervision de Madame Véra Greg. «Elle m’a dit: “Tu es un grand acteur” et je l’ai cru!» Deux ans durant, il fréquentera ces cours à l’insu de son père et, parallèlement, à la faculté dentaire. «En 1984, j’ai présenté le concours d’entrée à l’école supérieure d’art dramatique du théâtre national de Strasbourg, «la» grande école après le Conservatoire national. Nous étions 15 reçus, sur mille postulants. Là, à l’occasion de vacances au pays, j’ai été obligé de dire à mon père la vérité.» «Présente juste ta thèse», lui demandera ce dernier, fort tolérant. Carlos interrompt provisoirement ses cours d’art dramatique, le temps d’en finir avec cette formalité. «Je l’ai fait pour tenir ma parole, c’était comme un contrat moral. Malheureusement, mon père est mort avant la fin de mes études.» Le docteur Carlos Chahine n’exercera jamais son métier, préférant fermer cette parenthèse et retrouver Strasbourg et son théâtre. À la conquête des planches Un cycle d’études de trois ans, puis, en 1988, le Festival d’Avignon qui lui ouvre grand ses bras dans un spectacle de Karge intitulé À la conquête du pôle Sud. «Depuis cette année-là, je travaille comme acteur au théâtre, dans des théâtres subventionnés par l’État. Je les préfère, car ils n’ont pas de souci de rentabilité et réunissent souvent des metteurs en scène excessivement talentueux et de vrais textes de théâtre.» Carlos aura la chance d’interpréter Gogol, Molière, Tchekov, Feydeau, Cervantès et Sophocle. Il précise encore: «Dans le théâtre, la conjonction du texte, du rôle et du metteur en scène, lorsqu’elle existe, est une chose merveilleuse.» «La passion de mon métier, poursuit-il, est fondatrice de ma vie. Elle est multiple. Tout ce qui se rapporte au langage, écrire, jouer. Même si je suis français aujourd’hui, je me sens très attaché à mes racines, et donc profondément libanais. Tous mes rêves se passent encore au Liban. C’est une maladie, une vraie déchirure. Ce qu’on appelle l’exil.» Et le cinéma? Outre une première présence-éclair dans le film de Ghassan Salhab, Terra Incognita, «une très belle première expérience en arabe», les choses semblent un peu plus difficiles, «en France, avec un nom comme le mien, il y a comme un malentendu.» La télévision française le récupère pourtant dans quelques séries dont PJ et Avocats et associés, toujours diffusées sur le petit écran. De ses vacances passées sous notre soleil, Carlos a ramené avec lui des couleurs, des bonheurs et un projet de long-métrage qu’il viendra tourner en 2003 au Liban avec Ghassan Salhab et où il tiendra le rôle principal. Une dernière réplique, avant de repartir? «Je suis un parfait exilé qui a la chance de revenir au pays.» Carla HENOUD
Les planches de sa vie et celles du théâtre se mêlent intimement. Tantôt Don Quichotte, tantôt Alceste ou encore Thésée, Carlos Chahine demeure surtout un exilé qui a le Liban et le théâtre dans la peau. Changer de peau, un vrai bonheur; les rôles, les textes des grands auteurs sont là pour servir son physique et sa passion, aujourd’hui un métier à plein temps. Carlos Chahine a...