Bourj Brajneh : des solutions qui émanent de la population (PHOTO)

Dans le cadre de la recherche-action sur le développement communautaire de l’Elfs, l’un des trois îlots d’expérimentation, le quartier défavorisé de Bourj Brajneh, a été le théâtre de la création d’une dynamique de groupe qui a eu un succès retentissant. Sœur Noha Daccache, chercheur dans le cadre de ce projet, donne de plus amples détails sur le cheminement de ce processus, qui a poussé une population blasée par les nombreuses difficultés rencontrées à identifier ses problèmes et à agir, enfin. « Le travail sur le terrain modifie la mentalité des populations cibles », dit-elle tout d’abord. « C’est ce sentiment nouveau-né chez les individus qui nous sert de plate-forme pour les pousser à agir. Nous sommes satisfaits du fait que les différentes catégories de la population de Bourj Brajneh (femmes, hommes, jeunes…) se sont rencontrées, sont devenues conscientes de leur conception respective des problèmes vécus. Ce brassage est l’une des conséquences positives du travail social. » Selon sœur Daccache, ce premier pas devrait être suivi d’autres dynamiques, réalisées par le biais de comités de quartiers, afin de pousser la population à mieux contrôler son quotidien. Elle ajoute que de grands problèmes sociaux ont été abordés au cours de ces rassemblements : eau, électricité, pollution, déchets, éducation, programmes de télévision qui contribuent à l’isolement des individus, notamment les jeunes, etc. « Quand une jeune fille de Bourj Brajneh nous déclare qu’elle participe pour la première fois à une réunion hors de la maison de ses parents, ce n’est pas banal et cela prouve l’étendue du travail réalisé en vue de sortir ces individus de leur isolement », raconte sœur Daccache. « Quand des jeunes gens s’habituent à se réunir avec des jeunes filles pour travailler, c’est toute une idée qu’ils se font d’elles qui change. La relation entre les membres de la société gagne en qualité. » Toutefois, l’identification des problèmes, notamment ceux qui sont importants, suffit-elle à l’élaboration d’une solution ? « Notre message est le suivant », dit-elle. « Certains aspects de ces problèmes doivent être résolus par l’État, mais cela ne dégage pas les habitants de leur part de responsabilité. À titre d’exemple, les ordures sont collectées par la municipalité, mais les déchets jonchent en permanence les rues, d’où la responsabilité des habitants. » L’idée de base est simple, mais il fallait y penser : en ouvrant les yeux des gens sur l’intérêt public et sur l’importance d’une participation citoyenne, c’est la population qui, un jour, exigera de l’État des solutions aux problèmes du pays. Une dimension politique du développement, en somme. Cette action à Bourj Brajneh n’ayant pas donné lieu à une structure fixe comme le centre des jeunes de Sin el-Fil, le suivi sera effectué par le centre des Affaires sociales, le CSBD, qui était le partenaire de l’Elfs dans cette démarche et dont le directeur, M. Ali Chaddad, est intervenu au cours du colloque. « Cette expérience était un grand succès », assure sœur Daccache. « Nos partenaires n’ont pas cru, au début, à la participation des citoyens, mais j’ai insisté à inviter aux réunions un grand nombre de personnes. Or, 250 invités ont répondu à l’appel, ce qui n’est pas négligeable. Ils ont travaillé activement dans le cadre du projet. » Cette expérience peut-elle être généralisée ? « Elle est certainement transférable, à condition que le concept de participation des habitants soit respecté », estime-t-elle. « Il faut progresser avec les gens non tenter d’appliquer des programmes de développement tout faits et non adaptés. »