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Actualités - OPINION

Dossier régional - Beyrouth retient son souffle Spéculations effrénées sur la frappe US

Un clou chasse l’autre. Et après la pluie, le beau temps. Ou plutôt, l’inverse. Le calme intérieur occasionné par le Sommet pourrait se prolonger. Pour précéder une tempête extérieure historique, aux conséquences incalculables, en cas de frappe US contre l’Irak. Selon des sources diplomatiques occidentales, il est probable qu’Israël serait le seul État à être averti à l’avance par Washington du jour J. Pour être en mesure d’en suivre les préparatifs secrets, et de parer à toute éventualité de riposte irakienne. Ces diplomates soutiennent que la guerre est inéluctable. À leur avis, les USA ont pris définitivement la décision de déposer Saddam Hussein. Et désormais, ajoutent-ils, le compte à rebours a commencé. Il se trouve simplement rallongé par les tractations à l’Onu. Qui, selon ces pessimistes, ne peuvent en aucun cas bloquer le mouvement. Car, en réalité, Washington se soucie comme d’une guigne de la question-prétexte de l’armement irakien. Son but, bien plus relevé, serait de faire sauter le verrou irakien pour enfoncer la porte de toute la région. C’est-à-dire pour en disloquer la carte géopolitique, tracée jadis par les accords Sykes-Picot. Ainsi Mohammed Hassanein Heykal n’a pas tort de déclarer, ajoutent ces diplomates, que l’Irak ne serait qu’un simple théâtre d’opérations pour une guerre américaine dirigée en définitive contre toute la nation arabe. Guerre qui, par ricochet, devrait également permettre à Washington, selon Heykal, de dompter l’Europe, d’adresser des messages de sang et de feu à la Russie et à la Chine. Pour le grand journaliste et essayiste égyptien, il ne s’agit donc pas d’un choc des civilisations en gestation ni d’une nouvelle croisade. Mais les vues de ces diplomates divergent, quand on en vient à évoquer les scénarios d’intervention possibles et leurs conséquences politico-économiques de fait, en Irak et dans la région. Le tableau des spéculations est si touffu qu’il en devient confus. Toujours est-il que, par recoupements d’indications, on favorise généralement l’hypothèse d’un blitzkrieg, comme le contournement allemand de la ligne Maginot en 40 ou la guerre israélienne des « Six-Jours » en 67. Une forme éclair d’autant plus nécessaire aujourd’hui, estiment les analystes, qu’il ne faut pas laisser se développer une fureur islamo-arabe, qui mettrait à bas bien des régimes, ou une grogne internationale. Le choc, ajoutent ces observateurs, doit être fulgurant pour provoquer un effet d’abasourdissement, de stupeur au sens strict du mot, au niveau des opinions. Afin de les troubler, d’en atténuer les réflexes de réaction à chaud. Ces spécialistes excluent donc une réédition de la tempête du désert au Koweït, qui avait pris un mois et demi, et a fortiori une guerre d’usure. Qui provoquerait de forts remous dans les pays avoisinants et une probable désintégration intérieure en Irak. Le tout, précisent ces sources, pouvant être exploité par Israël pour susciter la création d’une multitude de mini-États, confessionnels ou ethniques, afin de rester seul dominant dans la région. Cette approche des diplomates signifie donc qu’à leur avis les Américains veulent aller vite en besogne pour garder le contrôle des événements. Et si la région devait être disloquée, ce que Washington ne semble tout de même pas souhaiter, ce serait éventuellement en base d’un plan américain. Toujours de l’avis des mêmes diplomates, plusieurs facteurs intrinsèques font obstacle au rêve israélien d’éclatement. Ainsi, les Kurdes, réalisant qu’ils sont dans l’impossibilité d’assumer un État indépendant, préfèrent rester autonomes dans un cadre irakien les protégeant d’une invasion turque. Mais Saddam n’est-il pas militairement assez puissant pour prolonger les rounds ? Selon les diplomates cités, les Américains pensent que son armée n’est pas prête à se battre jusqu’au bout. Et qu’il ne serait défendu que par sa garde prétorienne rapprochée, certes consistante, mais dont les capacités de résistance, face à la haute technologie US et britannique, ne dépasseraient pas les quelques jours. Émile KHOURY
Un clou chasse l’autre. Et après la pluie, le beau temps. Ou plutôt, l’inverse. Le calme intérieur occasionné par le Sommet pourrait se prolonger. Pour précéder une tempête extérieure historique, aux conséquences incalculables, en cas de frappe US contre l’Irak. Selon des sources diplomatiques occidentales, il est probable qu’Israël serait le seul État à être...