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Actualités - OPINION

L’engagement francophone

C’est à un diagnostic particulièrement pertinent que s’est livré le président Jacques Chirac concernant la situation au Liban. En invitant les responsables à redonner confiance aux jeunes afin qu’ils ne désespèrent pas de l’avenir de leur pays, le président français a résumé en peu de mots la véritable dimension de la crise qui entache la vie politique libanaise depuis plus d’une décennie. Car le comportement du pouvoir ces dix dernières années risque effectivement d’amener les jeunes, et une large fraction de Libanais, à avoir le sentiment que leur devenir est compromis, que les libertés publiques sont sérieusement menacées, que les dirigeants sont irrémédiablement soumis à la volonté étrangère et que, de ce fait, les générations montantes n’ont plus de rôle à jouer. Comment de telles appréhensions pourraient-elles ne pas gagner du terrain lorsque nos responsables décident, à titre d’exemple, la fermeture « définitive » de la principale chaîne de télévision de l’opposition (la MTV) – jetant dans la rue 500 soutiens de famille –, lorsque la manifestation de protestation contre cette mesure est interdite, lorsque les Services ne trouvent d’autres moyens pour combattre l’opposition que de raviver les tensions confessionnelles, lorsque les opposants sont la cible de manœuvres d’intimidation répétées, lorsque les étudiants qui manifestent pour le recouvrement de l’indépendance du Liban et pour la sauvegarde des libertés sont sauvagement tabassés ? Le Liban ne peut accueillir la communauté francophone tout en bafouant l’engagement qu’il a contracté en novembre 2000 lorsqu’il a avalisé la Déclaration de Bamako, qui souligne l’adhésion des pays de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) aux principes de « la liberté d’expression, la liberté de manifestation et la liberté d’association ». Jusqu’à quand le pouvoir pourra-t-il solliciter le soutien économique de la communauté internationale alors qu’il fait fi des engagements qu’il a pris en matière de défense des libertés, aussi bien dans le cadre de la francophonie que du partenariat euro-méditerranéen ? La condamnation de la fermeture de la MTV par le Quai d’Orsay et l’UE est venue rappeler au Liban ses devoirs sur ce plan. À l’heure où s’ouvre le Sommet de Beyrouth, l’OIF est appelée à mettre en application la Déclaration de Bamako, qui prévoit des procédures précises pour surveiller le respect des libertés dans l’espace francophone. Dans le cas du Liban, la presse écrite, contrairement aux médias audiovisuels et aux courants de l’opposition, continue de bénéficier d’une certaine marge de manœuvre. Mais jusqu’à quand ? D’aucuns affirment que dès la fin du Sommet de Beyrouth, le régime reprendra de plus belle sa campagne de répression contre les opposants. L’OIF s’en tiendra-t-elle alors, le cas échéant, à la politique de l’autruche, comme elle l’a déjà fait avec certains de ses pays membres ? Michel TOUMA
C’est à un diagnostic particulièrement pertinent que s’est livré le président Jacques Chirac concernant la situation au Liban. En invitant les responsables à redonner confiance aux jeunes afin qu’ils ne désespèrent pas de l’avenir de leur pays, le président français a résumé en peu de mots la véritable dimension de la crise qui entache la vie politique libanaise...