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Actualités - CHRONOLOGIE

Concours « Français, mon amour ! » : une jeune avocate suisse brille par son éloquence

«Ah, que de ravages eût fait Don Juan s’il eût parlé français » : cette tirade parmi d’autres a valu à une jeune Suissesse de remporter un concours d’éloquence au Palais de justice de Beyrouth, avant le IXe Sommet de la francophonie. Venus du Bénin, du Cameroun, de France, du Liban, du Maroc, du Québec, du Sénégal et de Suisse, huit avocats de 25 à 30 ans ont pris part vendredi soir au prix des secrétaires de la Conférence du stage du barreau de Paris, dont le but est de défendre le français au travers de l’art oratoire. Disposant chacun de 10 minutes, les candidats ont dû choisir de plaider le « oui » ou le « non » en réponse à l’une des trois questions : « Est-il urgent de ne rien faire ? », « Le français est-il encore une langue de conquête ? », « Faut-il rebaptiser “Windows” en “Fenêtres” ? », dont ils avaient eu connaissance il y a une dizaine de jours. Tous semblables dans leur robe noire à jabot blanc, ce n’est que lorsque ces jeunes avocats ont commencé à parler que leur accent a traduit leur origine. Multipliant les références à l’histoire : des croisades à la chute du Mur de Berlin, à l’actualité : l’Irak, le naufrage du bateau sénégalais La Jolaa, ou à la littérature : Du Bellay, Hugo, Goethe, Malraux, les huit candidats se sont efforcés, par des discours rhétoriques, humoristiques ou bien poétiques, de convaincre leur auditoire. Le plus politique a été l’avocat marocain Mohammed Chmaou, qui a évoqué la question palestinienne lorsqu’il a choisi de répondre « non » à la question « Est-il urgent de ne rien faire ? » Toutefois, il était handicapé, n’apprenant le français que depuis six mois. Le Québécois Vincent Hoss-Desmarais, qui a fini troisième du concours, a démontré avec ironie qu’il ne fallait pas traduire « Windows » par « Fenêtres », pas plus que « Land Rover » par « vagabond de terrain ». Le deuxième, le Béninois Paul Avlessi, s’est attaché à plaider que le français n’est plus « langue de conquête » mais « cordon ombilical d’un espace humano-géographique ». Mais c’est la théâtralité qui l’a emporté. Répondant par l’affirmative à la question « Le français est-il encore une langue de conquête ? », la lauréate, Me Caroline Clemetson, du barreau de Genève, a choisi de s’adresser directement à la langue de Molière sur le ton d’une amante éplorée. « Français, mon amour, que se passe-t-il ? Je te vois reculer (...) Français, mon amour, retrouve tes mots ! Relève la tête! Il faut te battre ! », s’est-elle exclamée. Les membres du jury ont été séduits par « l’émotion qui se dégageait de la prestation de Me Clemetson », a déclaré à l’AFP Me Edmond-Claude Frety, 1er secrétaire de la Conférence du stage. « Comme devant une cour d’assises, il faut créer un écho, toucher son public », a-t-il ajouté. « Il ne fallait faire ni un cours ni une dissertation en trois parties avec introduction et conclusion, mais un discours destiné à convaincre exactement comme lorsque l’on plaide une affaire, même si les sujets n’étaient pas juridiques », a précisé Me Anne-Guillaume Serre, 5e secrétaire. Rayonnante, Me Clemetson a confié à l’AFP : « C’est peut-être parce que je dis mon discours en l’écrivant que cela marche. » La participante libanaise, Me Dolly Choucair, n’a pas été sélectionnée par le jury. Les 10 jurés, au nombre desquels figurait le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, Me Raymond Chédid, et plusieurs autres personnalités venues de différents pays francophones, étaient placés sous la présidence d’Omar Natour, directeur général du ministère libanais de la Justice. Ils ont récompensé les trois premiers par un diplôme et des ouvrages sur le barreau de Paris. Créée il y a plus de trois siècles, la Conférence du stage du barreau de Paris est composée de 12 jeunes avocats, ou « secrétaires », élus chaque année par la promotion précédente à la suite d’une joute oratoire en trois tours. Seuls des secrétaires ou d’anciens secrétaires sont commis d’office lors d’un procès en assises.
«Ah, que de ravages eût fait Don Juan s’il eût parlé français » : cette tirade parmi d’autres a valu à une jeune Suissesse de remporter un concours d’éloquence au Palais de justice de Beyrouth, avant le IXe Sommet de la francophonie. Venus du Bénin, du Cameroun, de France, du Liban, du Maroc, du Québec, du Sénégal et de Suisse, huit avocats de 25 à 30 ans ont pris...