Actualités - OPINION
Arrêt sur image Crimes sans châtiment
Par PLISSON Alain, le 28 septembre 2002 à 00h00
«Pitié, ce sont nos enfants!» Ainsi s’exprimait, il y a quelques années, une de nos valeurs théâtrales, Camille Salameh, pour dénoncer, dans une pièce de son cru, ce qui se faisait dans le domaine des spectacles «scolaires». Peut-être suis-je à mettre moi aussi au rang des accusés, étant donné que j’ai sévi dans le genre en question. Mais après avoir vu ce que j’ai vu, le matin d’un récent week-end, sur l’une de nos chaînes et non des moindres, je crois pouvoir bénéficier de toutes les circonstances atténuantes! De quoi s’agissait-il? Ni plus, ni moins que de l’adaptation scénique (plutôt cynique) de l’histoire hautement instructive, pour tout petit Libanais qui se respecte, de «Anastasia»... Vous avez dit «Anastasia»? Je me demande qui, dans l’assistance vautrée dans l’indifférence la plus totale, aurait été capable de vous dire qui était Anastasia. Inconnue au bataillon! L’auteur (?), hautement inspiré, s’était contenté de plagier scène après scène un dessin animé qui avait été projeté chez nous sans se fatiguer davantage. Pauvre dessin animé: que de crimes on commet en ton nom! Sur une scène, qui n’avait même pas la prétention d’être «mise», s’agitait une troupe de comédiens visiblement issus de l’Actor’s Studio. Et ce joli monde allait et venait dans un désordre indescriptible, dans un décor plus-carton-pâte-que-ça-tu-meurs, affublé de costumes qui auraient valu, sans rémission, le peloton d’exécution à Anastasia et aux siens s’ils s’étaient attifés de la sorte. Un blasphème à toutes les notions de bon goût! Que des écoles aient jugé que c’était là le genre d’activité parascolaire que l’on pouvait recommander aux enfants, passe encore! Mais que de surcroît la télévision ait jugé bon de mobiliser toute une équipe pour filmer cette aberration et la diffuser à l’antenne, cela dépasse un peu tout entendement! Comme quoi, on n’a aucune pitié pour nos enfants et Camille Salameh à bien raison de la dire. Quitte à le répéter encore une fois, il y a longtemps que l’on a banni à la télévision la notion du beau et que l’on considère nos enfants – je n’en ai pas mais c’est tout comme – plus ignares, plus incultes, plus retardés que les plus demeurés des demeurés. Un crime autrement plus grave que tous ceux que l’on reproche, en ce moment, à l’une de nos stations! Car l’avenir des enfants est aussi celui d’une nation! Alain PLISSON P.-S.: Crimes sans châtiment (Kings Row) de Sam Wood avec Ronald Reagan, Ann Sheridan.
«Pitié, ce sont nos enfants!» Ainsi s’exprimait, il y a quelques années, une de nos valeurs théâtrales, Camille Salameh, pour dénoncer, dans une pièce de son cru, ce qui se faisait dans le domaine des spectacles «scolaires». Peut-être suis-je à mettre moi aussi au rang des accusés, étant donné que j’ai sévi dans le genre en question. Mais après avoir vu ce que j’ai vu, le matin d’un récent week-end, sur l’une de nos chaînes et non des moindres, je crois pouvoir bénéficier de toutes les circonstances atténuantes! De quoi s’agissait-il? Ni plus, ni moins que de l’adaptation scénique (plutôt cynique) de l’histoire hautement instructive, pour tout petit Libanais qui se respecte, de «Anastasia»... Vous avez dit «Anastasia»? Je me demande qui, dans l’assistance vautrée dans l’indifférence la...