Dossier régional - L’attaque contre le QG de Ramallah suscite la colère dans les camps de réfugiés Des milliers de Palestiniens manifestent au Liban-Sud leur soutien à Arafat

La nouvelle offensive menée à la fin de la semaine dernière par les forces israéliennes contre le quartier général de Yasser Arafat, à Ramallah, a provoqué une vive réaction populaire dans les camps de réfugiés palestiniens, notamment au Liban-Sud. Plusieurs personnalités politiques (libanaises) ont, d’autre part, exprimé leur solidadité avec la population de Cisjordanie. Dans le camp de Bourj al-Chemali, près de Tyr, des milliers de Palestiniens ont manifesté hier leur soutien à Arafat. « Si Abou Ammar (nom de guerre de M. Arafat) meurt, nous attaquerons des ambassades et détournerons des avions », ont scandé les manifestants qui portaient des drapeaux palestiniens et des banderoles demandant au Liban, à la Jordanie et à l’Égypte d’ouvrir leurs frontières avec Israël pour soutenir l’intifada. Près d’une centaine de combattants palestiniens armés ont encadré les manifestants. Les responsables locaux du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FPLP de Nayef Hawatmé) et du Fateh, le mouvement de M. Arafat, ont appelé les « peuples arabes à manifester pour soutenir la Palestine et son président Yasser Arafat ». Les manifestants ont aussi brûlé les drapeaux israélien et américain. Dans le camp de Aïn el-Heloué, près de Saïda, près de 7 000 personnes se sont rassemblées devant le bureau du Fateh alors que des haut-parleurs diffusaient des chants patriotiques. Les manifestants ont brandi des portraits de M. Arafat en scandant : « Nous sommes ton arme, président Arafat. » Le représentant local du Fateh, Khaled Aref, a appelé dans un discours devant les manifestants « les peuples arabes à manifester leur soutien à Arafat ». À Beyrouth, une dizaine de Palestiniens se sont rassemblés devant le siège de l’Escwa, à la place Riad Solh, en signe de protestation contre les attaques israéliennes. Par ailleurs, une marche pacifique, à laquelle ont participé plusieurs centaines de Palestiniens et de Libanais, a été organisée à Tarik Jedidé à l’initiative du « Rassemblement des comités et ligues populaires » et de diverses organisations palestiniennes. Les manifestants, qui brandissaient des portraits de Arafat, se sont dirigés vers le cimetière palestinien où les attendait le ministre d’État Béchara Merhej (l’un des fondateurs du « Rassemblement des comités et des ligues populaires »). M. Merhej a prononcé à cette occasion une allocution dans laquelle il a notamment souligné que « le siège et l’agression (visant le quartier général de Yasser Arafat à Ramallah) ne sauraient infléchir la détermination du peuple arabe ». « Alors que l’agression va en grandissant, a déclaré M. Merhej, nous réaffirmons notre attachement aux résolutions du sommet de Beyrouth qui a proclamé son appui au peuple palestinien et son refus de toute attaque contre l’Irak. » Et M. Merhej d’ajouter : « Ceux qui assiègent aujourd’hui Arafat et ses compagnons en Palestine sont ceux-là mêmes qui ont provoqué les massacres de Sabra et Chatila, qui tentent de nous priver de l’eau du Wazzani et du Hasbani, qui incitent à mener une attaque contre l’Irak et qui ont fomenté l’affaire du Syria Accountability Act. » Signalons, d’autre part, que dans une déclaration à la presse, l’ancien Premier ministre Sélim Hoss a vivement stigmatisé « le mutisme américain à l’égard des violations répétées des droits de l’homme par Israël ». « Nous aurions souhaité entendre, ne fût-ce qu’une seule fois, le porte-parole de la Maison-Blanche condamner les pertes en vies humaines au sein de la population palestinienne du fait des agressions israéliennes à l’intérieur de la Palestine. Nous aurions souhaité entendre, ne fût-ce qu’une fois, le porte-parole américain évoquer le droit des Palestiniens à se défendre, comme il le fait lorsqu’il répète que les Israéliens ont le droit de se défendre. » En conclusion, M. Hoss a déploré « le mutisme des dirigeants arabes face à ce qui se passe en Palestine ». Notons, enfin, qu’une délégation médicale palestinienne a rendu visite samedi dernier à M. Hoss ainsi qu’à M. Béchara Merhej et à Mme Bahiya Hariri, présidente de la commission parlementaire de l’Éducation, afin de leur exposer la situation désastreuse dans laquelle se trouve la population palestinienne, notamment sur le plan médical. Les membres de la délégation ont indiqué que près de 500 enfants palestiniens ont été tués du fait des agressions israéliennes tandis que 5 500 Palestiniens ont été handicapés physiquement à la suite de ces attaques, dont 950 enfants.