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Actualités - OPINION

Pour le Wazzani, le Liban prend un pari gagnant à court terme, mais risqué à la longue

Selon l’analyse d’un professionnel local de la diplomatie, le Liban a de bonnes chances de s’en tirer, dans l’immédiat, du côté du Wazzani. Mais prend des risques sur le long terme. Pourquoi ? Parce que les Américains, qui préparent leur coup contre l’Irak, ne veulent, pour le moment, aucun front de diversion dans la région. Ils mettent ainsi les bouchées doubles pour initier un règlement de la question des Territoires. Et ils redoublent les pressions, à coups d’envoyés ici ou à Damas, afin qu’il n’y ait pas de troubles au Sud, à Chébaa ou ailleurs. Ils sont également intervenus dans l’affaire du Wazzani, taxée de casus belli par les Israéliens. Washington dépêche ses experts en vue d’un règlement à l’amiable du litige. Et conseille en même temps à Beyrouth de suspendre les travaux. Mais le Liban veut passer outre à ces recommandations. D’une part parce qu’il estime qu’il prélève beaucoup moins d’eau que les lois internationales ne lui en donnent le droit. Ensuite parce qu’il pense que sa détermination n’aura pas de conséquences sur le terrain, vu que les USA interdisent les violences et qu’Israël ne saurait les défier en ce moment. À preuve que les Israéliens n’ont même pas riposté à la dernière opération du Hezbollah à Chébaa. Seulement, souligne cette même personnalité, il reste à voir si le Liban lui-même peut se permettre de défier la volonté US. Et, à partir de là, les questions suivantes restent posées : – Que faire si les conclusions des experts américains sont contraires aux intérêts du Liban ? Pourrait-on se rabattre sur les Nations unies, et serait-on assuré dans ce cas d’obtenir gain de cause ? – Jusqu’à quelle limite, les États-Unis peuvent-ils réfréner Israël ? S’ils peuvent le retenir avant la frappe en Irak, le pourront-ils, ou le voudront-ils ensuite ? L’État hébreu ne tentera-t-il pas de profiter du fait qu’ils sont trop occupés avec Saddam Hussein pour en faire à sa guise ? – À court, à moyen ou à long terme, les travaux dispendieux accomplis du côté libanais ne risquent-ils pas d’être détruits par Israël, comme en 1965 ? Peut-on prendre à la légère les menaces israéliennes répétées à ce sujet ? – Si les échanges syro-américains concernant la lutte contre le terrorisme devaient échouer, et si les relations devaient s’envenimer à cause de l’Irak, quelles en seraient les retombées pour le Liban et le Wazzani ? Et même s’il devait y avoir accord entre Washington et Damas, quelles dispositions seraient prévues pour ce pays ? En base de ces interrogations, le spécialiste cité estime qu’il est peu raisonnable de prendre des positions, et encore moins des décisions, en se fondant sur un élément de pari ou de spéculations. À son avis, le mieux serait d’attendre et de voir venir, tout à fait comme le conseillent les Américains. Parce que rien ne garantit, dans l’absolu, que malgré leurs pressions, la crise du Wazzani ne provoque une explosion, que cela soit avant, pendant ou après la frappe US en Irak. Le Sud pourrait s’embraser à tout moment, pour ce prétexte ou pour un autre. Soit par initiative israélienne, pour détourner un peu l’attention des Territoires et assouvir en même temps des visées expansionnistes. Soit par le fait d’une autre partie, désireuse d’affecter les plans américains contre l’Irak, de les entraver ou de les retarder. Beaucoup d’intérêts contradictoires sont en jeu et il vaut mieux, aujourd’hui, ne pas jouer avec le feu. Émile KHOURY
Selon l’analyse d’un professionnel local de la diplomatie, le Liban a de bonnes chances de s’en tirer, dans l’immédiat, du côté du Wazzani. Mais prend des risques sur le long terme. Pourquoi ? Parce que les Américains, qui préparent leur coup contre l’Irak, ne veulent, pour le moment, aucun front de diversion dans la région. Ils mettent ainsi les bouchées doubles pour...