Opposition - Une délégation restreinte de KC ira évoquer la semaine prochaine avec Sfeir des nouvelles mesures d’escalade Les députés de Kornet Chehwane boycotteront le Parlement pendant un mois

C’est hier, deux semaines après la fermeture de la MTV, que Kornet Chehwane, le principal pôle d’opposition de l’Est politique, a adopté la première mesure « d’escalade ». Les députés membres de KC – ils sont neuf sans compter Élie Skaff : Nayla Moawad, Nassib Lahoud, Salah Honein, Farès Souhaid, Mansour Ghanem el-Bone, Antoine Ghanem, Pierre Gemayel, Boutros Harb et Gabriel Murr – vont boycotter toutes les affaires parlementaires (les séances plénières comme les réunions des commissions) pendant un mois. Auparavant, ils auront, selon le communiqué publié à l’issue de leur réunion de cinq heures, interpellé le gouvernement sur la question des libertés publiques. Autre décision prise par KC : constituer une délégation interne (formée de l’ancien chef de l’État Amine Gemayel, des députés Nayla Moawad, Boutros Harb, Mansour Ghanem el-Bone, Farès Souhaid et de Gebrane Tuéni) qui s’en ira s’entretenir la semaine prochaine avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, pour débattre avec lui de mesures bien définies, décidées par KC lors de sa réunion. Des mesures que KC continue à taire pour l’instant, mais qui pourraient se résumer en des manifestations et autres sit-in qu’organiserait le rassemblement dans plus d’une région, ainsi qu’en un très large mouvement vers Bkerké, que viendrait couronner une messe monstre au siège patriarcal maronite à l’intention des libertés. D’autres informations font également état de volontés de « désobéissance civile » et de « pressions sur l’État pour qu’il revienne sur ses opérations visant à opprimer les libertés et à dé-démocratiser le Liban ». C’est d’ailleurs à propos de cela que la délégation restreinte de KC compte demander son avis au cardinal Sfeir. Une source proche de KC et présente à la réunion d’hier a déclaré à L’Orient-Le Jour que tous les participants étaient animés d’un seul souhait : trouver une action effective, et pratique, qui serait suffisamment significative et médiatique à la fois. Tout en gardant en tête cette idée de mesures par paliers et cette volonté de ne pas faire de faux pas. Tous les participants ont justifié les mesures qu’ils ont prises – et telles que relayées par le communiqué final publié à l’issue de cette réunion extraordinaire – par le fait que cela fait deux semaines entières que le pouvoir « a décidé de s’en prendre aux libertés des médias, en fermant la MTV d’une façon anticonstitutionnelle, illégale et qui n’obéit pas aux règles en vigueur ». Et par le fait également que toutes les réclamations, faites par plusieurs parties et via plusieurs canaux, « ont échoué – notamment les voies légales et judiciaires. Après que les gens du pouvoir eurent réussi à bloquer la justice et menacé de provoquer des discordes ». Au sortir de la réunion, Nayla Moawad a affirmé que les libertés au Liban « couraient un véritable danger », qu’il y avait « un réel putsch contre le système démocratique, contre la coexistence et l’entente nationale. On donne cent couleurs et cent visages à ce putsch, mais c’est un véritable putsch. Et malheureusement, nous sommes en train de combattre un pouvoir qui a aujourd’hui perdu toute pudeur. Et nous allons faire face à ce pouvoir de toutes les manières possibles, surtout celles qui ne mettront pas en danger, outre mesure, les jeunes Libanais », a-t-elle indiqué. Précisant que les mesures adoptées par KC ne contrediront pas la situation au Liban-Sud et dans la région. Quant au président Gemayel, il a réaffirmé une nouvelle fois que la bataille des libertés est une bataille « nationale fondamentale ».