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Actualités - OPINION

Vie politique - Le couvert du dialogue derechef sur la table La Rencontre de Kornet Chehwane semble disposée à mettre de l’eau dans son vin(photo)

Pour tout chagrin d’amour, comme pour tout chagrin tout court, un seul remède : le temps. Et comme il court très vite ces jours-ci, grâce à Bush, Saddam, Sharon, Arafat et autres gais lurons, le climat s’en trouve très changeant. Ce qui est d’ailleurs de saison. Hier encore, pour fredonner de l’Aznavour, on paraissait avoir vingt ans, à la faveur des ardeurs suscitées par le combat pour les libertés. Aujourd’hui, après un week-end plutôt sage pour ne pas dire fade, le propos se fait partout moins guerrier. Et l’on reparle plus volontiers de dialogue que de confrontation. Les réactions à la fermeture de la MTV ont l’air de s’émousser. Tout le monde, ou presque, convient plus ou moins tacitement qu’il faut attendre et voir. Ce que la justice va faire. Ce qui doit prendre encore quelques jours. Pendant lesquels il serait inutile et fatigant, n’est-ce pas, de rester sous les armes. On s’apprête donc, apparemment, à enterrer la hache de guerre. Dignement, avec des fumigènes de diversion. Comme de soutenir que le dialogue, c’est une affaire nationale qui doit concerner toutes les parties. Moyen commode de détourner le regard de l’Est opposant, ou plus exactement, de son bras de fer avec le pouvoir. Dans ce cadre, dans cet esprit, ou dans cet état d’esprit, des éléments de la Rencontre de Kornet Chehwane indiquent qu’ils restent attachés au principe du dialogue, malgré tout ce qui s’est produit. Malgré le faire-part nécrologique publié par le groupe lui-même. Mais, surtout, malgré les agissements des féaux du pouvoir ou du négativisme affiché par les dirigeants eux-mêmes. Qui ont frappé de plein fouet la détente initiée juste avant la fermeture de la MTV, au bénéfice du pays économique, par les échanges avec le chef de l’État. Ces sources ajoutent que ce rapprochement a hautement déplu à certains, qui ont réussi à troubler ce touchant tableau. Autant par les mesures sur le terrain que par de violentes diatribes contre la Rencontre. Dont certains piliers se sont vu accuser de nourrir de noirs desseins, dans le prolongement direct du manifeste de Los Angeles, ainsi que parallèlement au Syria Accountability Act. Dans leur logique, ces éléments de la Rencontre pensent que le dialogue est une voie trop précieuse pour le pays pour être abandonné aussi facilement. Ils affirment, sans sourciller, que jamais ils n’y ont renoncé. Mais alors le communiqué du groupe ? Il faut le prendre au pied de la lettre, répondent-ils. En rappelant que ce texte n’a pas biffé la procédure, mais s’est contenté d’indiquer qu’elle est devenue inutile dans le climat ambiant. Une explication fifty-fifty, que certains trouvent habile et d’autres spécieuse. En tout cas, ces pôles de la Rencontre soutiennent que la mauvaise foi provient d’en face. D’une partie déterminée, ce qui sous-entend qu’il ne s’agirait pas du pouvoir tout entier. Ils citent les attaques verbales contre la Rencontre après la fermeture de la MTV. Puis le sabotage du congrès national des libertés, noyauté par de forts commandos de politiciens loyalistes de tout acabit. Alors que le Conseil des ministres s’était refusé pour sa part à aborder le dossier brûlant des libertés, malgré l’insistance du ministre Pierre Hélou. Même prudence du côté de la Chambre où aucun débat n’a eu lieu, bien qu’un parlementaire, Salah Honein, ait présenté une proposition d’amendement de l’article 68. Malgré le mutisme officiel, des députés et des ministres ont envahi le siège de l’ordre de la presse, le jour du congrès, alors même qu’aucun d’entre eux n’avait désapprouvé la fermeture d’un média comme la MTV. « On notait, ajoutent ces piliers opposants, la présence massive d’éléments du Rassemblement parlementaire de concertation, manifestement venus se mesurer à nous. Ou plutôt torpiller le pas en avant que le congrès pouvait représenter dans notre lutte pour les libertés. On peut de même se demander qui est derrière le mufti de Tripoli, cheikh Taha Sabounji. Dont les projets ont saboté la manifestation prévue par les libertaires. On peut également se poser des questions sur le timing des permutations judiciaires. Là aussi il y a eu torpillage, puisque la séance du 16 a été annulée. Et on peut ajouter le meeting de surenchères organisé à dessein à Achrafieh en signe d’appui à la Syrie. » En dépit de tous ces griefs, le dialogue reste nécessaire pour la Rencontre, ou plutôt pour certains de ses piliers. Ce qui fait ricaner les loyalistes sous cape. Ainsi l’un d’eux relève que la Rencontre a eu tort de parler de rupture de dialogue avec le chef de l’État. Car ce dernier supervise le dialogue, sans y être partie prenante, ni partie tout court, étant au-dessus de la mêlée. Le président se soucie des institutions et tient, selon ce loyaliste, à faire progresser les choses sur la voie du dialogue national. Pour cette personnalité, le discours des opposants, touffu mais confus, montre assez qu’ils cherchent à multiplier les complications. Alors que le pays a besoin de simplification, c’est-à-dire de stabilité. Sans doute comme on en trouve ailleurs, pas si loin. Philippe ABI-AKL
Pour tout chagrin d’amour, comme pour tout chagrin tout court, un seul remède : le temps. Et comme il court très vite ces jours-ci, grâce à Bush, Saddam, Sharon, Arafat et autres gais lurons, le climat s’en trouve très changeant. Ce qui est d’ailleurs de saison. Hier encore, pour fredonner de l’Aznavour, on paraissait avoir vingt ans, à la faveur des ardeurs suscitées...