Le mouvement de protestation ira crescendo « La MTV doit être réouverte », affirme Hoss après sa rencontre avec Kornet Chehwane

La cellule de crise de Kornet Chehwane (KC) a tenu hier sa réunion quotidienne depuis la fermeture de la MTV au siège du PNL, à Sodeco. Le jour même où le principal pôle d’opposition devrait – n’était l’interdiction faite par le ministère de l’Intérieur –, manifester entre les places Barbir et Riad el-Solh pour « la défense des libertés, de la démocratie et de l’indépendance de la justice ». Les hommes présents au siège du PNL hier ont d’abord évoqué les contacts menés par certains membres de KC dans les dernières vingt-quatre heures. C’est-à-dire après l’échec du IIe Congrès national des libertés (auquel les figures politiques de proue de KC n’ont pas répondu présentes). Gabriel Murr, par ailleurs membre de KC, a mis ses camarades au courant des derniers développements politico-judiciaires liés à l’affaire MTV. Il a en outre mis l’accent sur les atteintes répétées à son immunité parlementaire, par le biais du blocus imposé à son bureau, ainsi que des tracasseries « illégales ou injustifiées » dont sont victimes depuis mercredi dernier les visiteurs se rendant au siège de l’un des 128 députés libanais. Et à l’issue de la réunion de la cellule de crise de KC – qui se réunira de nouveau aujourd’hui au même endroit et à la même heure – il a été décidé ce qui suit : « – Les participants applaudissent les résultats de la rencontre entre une délégation de KC et une autre du Forum d’action nationale, en présence de l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, et apportent leur entière considération à tout ce qui touche au fond de cet entretien. – Les députés de KC se sont mis d’accord pour intervenir auprès du président de la Chambre, Nabih Berry, pour qu’il prenne les mesures adéquates et nécessaires, le plus vite possible et en vertu des règles et des lois en vigueur, à la suite de l’agression contre le bureau du député Gabriel Murr. – Enfin, les participants se sont entendus sur un calendrier-programme et un agenda des activités pour organiser le mouvement de protestation pacifique dans l’ensemble des régions libanaises. Ce calendrier-programme fera l’objet de concertations entre les différentes forces attachées à la défense des libertés. » À ce sujet, notons que KC a décidé de demander aux Libanais attachés à la défense des libertés publiques et de la démocratie – comme un premier geste symbolique d’une série de mesures d’escalade prévues par l’opposition – de ceindre leur avant-bras (ou d’épingler sur leur poitrine) des bandeaux et des rubans noirs. Idem pour leurs voitures. Et jour après jour, mesure après mesure, cette opposition tentera de contourner l’interdiction faite aux citoyens de manifester et d’exprimer leur opinion. Quoi qu’il en soit, quelques heures avant la réunion de sa cellule de crise, une délégation de KC (comprenant les députés Nayla Moawad, Salah Honein et Farès Souhaid, l’ancien député Camille Ziadé, ainsi que Simon Karam) a été reçue par l’ancien Premier ministre Sélim Hoss. Au siège du Forum d’action nationale, et en présence des membres dudit forum. L’ancien n° 3 de l’État a déclaré, au sortir de la réunion, que la fermeture de la MTV est « une erreur sur le plan national », et a demandé au tribunal des imprimés « de revoir son jugement, afin de préserver l’unité nationale et l’intérêt supérieur de la nation. Parce que les libertés et le Liban sont indivisibles », a souligné Sélim Hoss. Ainsi, pour lui, la seule solution consiste en la réouverture de la MTV, « dans le respect des libertés publiques, qui sont sacrées pour nous tous ». Il a également indiqué que les membres de KC lui ont réaffirmé (alors qu’il les avait critiqués pour leur interruption du dialogue avec le chef de l’État) leur volonté de ne pas interrompre, justement, le dialogue national. Quant à Farès Souhaid, il a assuré que si la MTV ne recommençait pas à émettre, et que si « le pouvoir ne traitait pas sérieusement ce dossier », cela « pourrait créer une crise à l’échelle de la nation dont nous nous passerons volontiers ». Il a évoqué la présence de certaines parties politiques au siège de l’Ordre de la presse lundi dernier, « comme une tentative de vouloir impliquer la Syrie dans cette affaire, ou comme si l’on voulait insinuer que c’est la Syrie qui a décidé de fermer la MTV ». Interrogé sur un éventuel prix à payer pour la réouverture de la chaîne de télévision en contrepartie de l’annulation du résultat du scrutin de la partielle du Metn du 2 juin dernier, le député de Jbeil a répondu en demandant au journaliste s’il avait déjà « vu l’État troquer une députation avec la fermeture ou la réouverture d’une chaîne de télévision. Je ne pense pas que le sujet doit en arriver là. Ce que l’État doit faire, c’est traiter l’affaire de façon à éviter des crises nationales confessionnelles à l’intérieur du pays. Et pour éviter d’impliquer la Syrie dans une affaire purement interne ».