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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBERTÉS - Série de réunions des patrons de presse et des médias audiovisuels Mouvement de solidarité avec la MTV et menace d’escalade à partir de lundi

Quatre réunions. Les patrons des médias audiovisuels et de la presse écrite, les syndicats de la presse et des journalistes ont tenu tout au long de la journée d’hier quatre réunions. Il fallait se concerter, soutenir la MTV, s’opposer au jugement du tribunal des imprimés et participer à la lutte pour les libertés. En fin de journée, une seule décision concrète a été prise : lundi prochain à 11 heures, un meeting oratoire baptisé « Congrès national des libertés » se tiendra au siège de l’Ordre de la presse. Un avant-goût de ce congrès a été donné hier, dans les locaux du même ordre, lors d’un meeting qui s’est tenu à 17 heures et qui a rassemblé journalistes et hommes politiques de plusieurs bords, notamment le chef du PSP Walid Joumblatt et des députés de son bloc parlementaire, les anciens Premiers ministres Sélim Hoss et Omar Karamé, l’ancien chef du Parlement Hussein Husseini, et plusieurs membres du Rassemblement de Kornet Chehwane. À l’Ordre de la presse hier, la journée avait commencé par une réunion qui a rassemblé directeurs et patrons des médias audiovisuels et de la presse écrite. À la tribune, les présidents de l’Ordre de la presse et du syndicat des journalistes, Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, les patrons de la MTV et de la LBC Gabriel Murr et Pierre Daher, ainsi que les PDG d’an-Nahar et d’as-Safir, Gebrane Tuéni et Talal Selmane. Le ministre Marwan Hamadé ainsi que les anciens ministres de l’Information Bassem Sabeh, Michel Samaha et Farid Mekari figuraient parmi les présents. Les personnes réunies proposent d’observer une « journée blanche », un jour de grève où les pages des journaux sortiront vierges et les écrans de télévision afficheront une mire blanche. L’on avait proposé également de boycotter les informations du pouvoir. Finalement, il a été décidé de former deux comités. L’un est chargé de poursuivre l’affaire de la MTV sur le plan politique et devrait rendre visite aux trois présidents, l’autre s’occupe du suivi judiciaire du dossier. Jusqu’à hier soir, le premier comité n’avait pas encore reçu des nouvelles de la présidence de la République. Et certains patrons de médias se demandaient s’il est possible de rencontrer le chef du gouvernement ou le président de la Chambre si les portes de Baabda restent fermées. Interrogé par les journalistes, le PDG de la LBC Pierre Daher s’est demandé « dans quelle mesure une grève blanche peut être respectée quand la plupart des médias sont incapables d’agir sans leur couverture politique ». Déjà, à l’issue de la première réunion à l’Ordre de la presse, certains spéculaient et évaluaient deux possibilités. La fermeture de la MTV ne constituerait qu’un chantage en prévision de la nouvelle partielle du Metn, le Conseil constitutionnel devant rendre son jugement dans ce cadre avant le 8 du mois courant. Gabriel Murr aurait alors à choisir entre deux possibilités : renoncer à présenter sa candidature à la prochaine partielle et récupérer sa chaîne en l’espace d’une dizaine de jours, ou encore se présenter aux élections sans bénéficier d’une campagne électorale. La MTV restera fermée dans ce cas. Mais, il semble que le nouveau député du Metn ne veut pas lâcher prise et compte – avec son calme exemplaire – livrer bataille jusqu’au bout. À L’Orient-Le Jour, qui lui faisait part de ce scénario, il répond : « Si jamais ça se présente, je remporterai la majorité des voix au Metn. » Pas de recours à la ICN Entre-temps en matinée, on apprenait que la MTV pourrait émettre à partir des locaux de la ICN en utilisant le logo de la chaîne qui a fermé ses portes en 1996. Hier midi, à la place Sassine, le patron de la ICN – chaîne qui bénéficie d’une licence d’émission depuis l’an 2000 – était en réunion avec le PDG de la MTV, Michel Gabriel Murr. « Une décision prise le mois passé en Conseil des ministres nous oblige à reprendre l’antenne avant le 15 de ce mois sous peine de perdre notre licence », relève M. Henri Sfeir à L’Orient-Le Jour, promettant de reprendre les émissions « dès ce soir ». Il rappelle que la ICN avait fermé ses portes en 1996 par manque de publicité et déclare qu’il est « prêt à lutter pour les libertés ». Il indique que « la régie publicitaire de la MTV s’est engagée à pourvoir la ICN – qui emploiera uniquement trente salariés de la MTV – en publicités », soulignant que « la ICN assurera les salaires des employés de la station fermée mercredi ». « Nous avons besoin d’une équipe pour faire le travail, et les employés de la MTV sont là », note-t-il. L’initiative prise aurait bénéficié du soutien du ministre de l’Information, Ghazi Aridi. Mais l’espoir d’émettre dès hier est vite tombé à l’eau. Des responsables de la ICN, dont notamment M. Ziad Choueri, se sont opposés à la décision de M. Sfeir. Des sources informées ont indiqué que « pour pouvoir émettre la ICN devrait présenter aux autorités concernées une sorte de fiche explicative exposant le profil de la chaîne, notamment le nombre et l’identité des employés ». Interrogé à nouveau par L’Orient-Le Jour, M. Sfeir rapporte que « le procureur général de la République, Adnan Addoum, lui a indiqué qu’il risquait une procédure judiciaire s’il fait appel à des employés de la MTV ». Et d’ajouter que « sans équipe humaine la ICN ne peut rouvrir ses portes ». Les dissensions au sein de la chaîne qui a arrêté d’émettre depuis 1996 et surtout les désaccords entre les patrons des médias audiovisuels ont vite fait surface au cours d’une réunion que ces derniers ont tenue dans les locaux de la Voix du Liban à Achrafieh. Étaient notamment présents Pierre Daher, Gabriel Murr, Ziad Choueri, Nadim Moullah (Future), Youssef Zein (Manar) et Simon Khazen (Voix du Liban). La réunion, à huis clos, a duré un peu plus de deux heures. Certains ne voulaient pas livrer une bataille qui serait considérée comme dirigée contre le président de la République, d’autres refusaient de mener une campagne soutenant le député du Metn Gabriel Murr ou encore le Rassemblement de Kornet Chehwane. Beaucoup ne pouvaient pas agir sans bénéficier du feu vert du pôle politique qui les soutient. « Pour faire face à une décision judiciaire, il faut agir auprès des tribunaux et non politiquement », disait-on encore. Un communiqué « condamnant la fermeture de la MTV et appelant à revenir sur la décision de fermer la station, à l’abolition de l’article 68 de la loi électorale et à la protection de la liberté d’expression » est distribué. Au même moment, en début d’après-midi, à l’Ordre de la presse, les membres des conseils de l’Ordre et du syndicat des journalistes ainsi que des représentants des professions libérales tiennent réunion sur réunion. L’Ordre de la presse et le syndicat des journalistes rédigent un communiqué commun qui sera publié, aujourd’hui vendredi, à la une de tous les journaux libanais. Une invitation est adressée à tous ceux qui veulent rester garants des libertés : Un Congrès national des libertés se tiendra lundi prochain à 11 heures au siège de l’Ordre de la presse. À Raouché comme à Achrafieh, on n’évoque plus les deux propositions émises le matin même, celles de publier des pages vierges ou de boycotter les informations officielles. « Le meeting de lundi ne forme qu’un premier pas car les mesures prises iront crescendo », avertissent les milieux concernés. Le président de l’Ordre de la presse indique encore à L’Orient-Le Jour : « Nous ne cesserons pas notre action jusqu’à la réouverture de la MTV. » Hier, dans les salles de conférences et de réunions, les micros, les caméras, les journalistes et les techniciens de la MTV étaient absents. Est-ce la première journée d’un long calvaire pour les 400 employés de la chaîne ? Patricia KHODER
Quatre réunions. Les patrons des médias audiovisuels et de la presse écrite, les syndicats de la presse et des journalistes ont tenu tout au long de la journée d’hier quatre réunions. Il fallait se concerter, soutenir la MTV, s’opposer au jugement du tribunal des imprimés et participer à la lutte pour les libertés. En fin de journée, une seule décision concrète a été...