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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE Lire Shakespeare, Dickens, Shaw... et se lécher les babines(PHOTOS)

WASHINGTON-Irène MOSALLI Il n’est pas de littérature anglo-saxonne sans relents de plats mijotés et de desserts à se lécher les babines. En pleines tragédies et méditations existentielles, Shakespeare ne pouvait s’empêcher de faire des digressions culinaires telles que, « ces carottes qui vont pousser en premier et qui seront délicieuses », (Henry V). Idem, pour Charles Dickens, Lewis Carroll, Georges Elliot, Jane Asuten, Charlotte Brontë, Bacon, Shelly, Swift, Bernard Shaw et beaucoup d’autres. Ces intermèdes qui truffent leurs œuvres ont été relevées par Elizabeth Luther Cary et Annie M. Jones, qui en ont fait un ouvrage intitulé Les livres et ma nourriture. Plutôt qu’un recueil de citations, on a affaire là aux écrits célèbres que les deux auteurs accompagnent des recettes adéquates. Qui plus est, elles proposent une citation et sa réalisation pour chaque jour de l’année. Pour exemple, le 1er janvier traite du « gâteau de mariage qui lui avait causé tant d’angoisse et qui avait été entièrement consommé. Son estomac ne pouvait supporter des aliments aussi riches. Et il pensait que tout le monde était comme lui ». Dixit Jane Austen dans Emma. Et la recette, qui va avec, illustre bien la consistance de cette pâtisserie de cérémonie. Dans la préface de cet ouvrage, Elizabeth Luther Cary précise « qu’il est impossible de lire un roman ou même un recueil de poèmes anglais sans réaliser le rôle important que tient la nourriture dans la vie physique et mentale de l’homme anglais ». Les auteurs anglais qu’elle cite sont en majorité des hommes. Côté Américains, on retrouve Henry James et Nathaniel Hawthorne. Toute cette gent intellectuelle ne méprisait nullement les nourritures terrestres. Bien au contraire, elle semblait s’en délecter. Chacun avait ses préférences. Shakespeare, s’il faut en croire ses écrits, semble avoir un goût marqué pour la viande de bœuf qu’il évoque souvent dans ses pièces. « Je suis un grand mangeur de bœuf et je crois que la médecine nuit à mon esprit » ( La nuit des Rois). Et dans La mégère apprivoisée : « Si vous me donnez de la viande conservée, donnez-moi du bœuf ». Il n’oublie pas les légumes : « Un peu plus de sauce pour vos poireaux ?Il n’ y a pas assez de poireaux pour qu’on jure par eux » (Henry V ). Dans Roméo et Juliette la note douce, « Donne-moi un morceau de marzipan ». Charles Dickens devait avoir l’estomac solide. Il écrit : « il y avait de la volaille, de la langue, un ragoût de bœuf, une salade de langoustes, des douceurs et tout». (Les esquisse de Boz). Et aussi: « Vous avez le panier avec le veau, la tarte au jambon et la bouteille de bière ? » (Cricket au foyer). Même le matin, ses papilles le démangent : « Le café était en train de bouillir sur un feu de charbon. Et de larges tranches de pain beurré étaient empilées les unes sur les autres comme des planches de bois dans un dépôt » (Les esquisses de Boz ). Lewis Carroll, en regardant À travers le miroir, trouvait le temps de faire cette remarque : « Et maintenant si vous êtes prêt, nous pouvons commencer à déguster les huîtres ». Disraeli, écrivain et Premier ministre de sa Gracieuse Majesté la reine Victoria, parle « du poulet à la diable et des toasts beurrés » (Coningsby). Bernard Shaw, un poète qui pouvait parler marmite : « Maria est prête pour vous à la cuisine, Mme Morrell, les oignons sont arrivés » (Candida). Et ainsi, l’ouvrage propose 365 recettes que l’on peut exécuter en se remémorant ces classiques très british portés sur la bonne chère, autant que sur les jeux de l’esprit. L’un d’entre eux, Stevenson, envoie ce message : « Va petit livre et souhaite à tous Des fleurs au jardin et de la viande sur la table ».
WASHINGTON-Irène MOSALLI Il n’est pas de littérature anglo-saxonne sans relents de plats mijotés et de desserts à se lécher les babines. En pleines tragédies et méditations existentielles, Shakespeare ne pouvait s’empêcher de faire des digressions culinaires telles que, « ces carottes qui vont pousser en premier et qui seront délicieuses », (Henry V). Idem, pour Charles Dickens,...