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Actualités - OPINION

La controverse sur le retrait syrien bat son plein

C’est toujours le bras de fer, verbal, entre partisans et adversaires du souverainisme. Plus exactement, entre les fractions qui réclament un redéploiement syrien préludant à un retrait total, et celles qui soutiennent que le repli a déjà été effectué, le départ définitif restant conditionné par l’application entière de la 425. Ainsi que par des impératifs stratégiques déterminés. Sans parler, pour faire bonne mesure, de la normalisation sur le terrain qui devrait passer, aux termes de Taëf, par l’abolition du confessionnalisme politique. C’est-à-dire, en clair, quand les poules auront des dents. Les Libanais restent donc divisés. Et comme les règles mathématiques veulent que l’opération moins plus moins donne un résultat négatif, leur mésentente même annule toute possibilité de voir ce pays recouvrer bientôt sa vie privée, son droit à l’intimité personnelle, si l’on peut dire. L’hôte y est, il y reste. Et la voix patriarcale, qui répète sans jamais se lasser que seule une volonté nationale unie peut prodiguer aux Libanais leurs aspirations comme en 1943 ou en 2000, retentit toujours dans le désert. Sur le plan pratique, une question toute bête s’impose d’elle-même : pourquoi mettre l’accent sur la présence militaire syrienne ? Un retrait suffirait-il pour fermer le robinet des immixtions et de la domination politiques ? Le député Boutros Harb répond qu’effectivement, il serait lui-même pour le maintien des troupes, dans la mesure où elles pourraient servir ce pays, s’il était mis un terme aux interventions syriennes dans les affaires intérieures libanaises. À son avis, le stationnement des unités syriennes dans certains points, prévu dans Taëf, ne porte pas atteinte en lui-même à la souveraineté nationale. Qui se trouve égratignée par contre au niveau des ingérences dans le domaine sociopolitique. Le parlementaire souligne ensuite que le Liban ne peut vivre en autarcie, replié sur lui-même comme l’Albanie jadis. Et qu’il doit nécessairement ménager les intérêts de la Syrie, autant d’ailleurs que les relations internationales. En tenant compte des souhaits américains, étant donné que les USA sont une superpuissance qu’on ne peut ignorer. Nulle part au monde, note-t-il, le concept de souveraineté ne garde le même sens absolu qu’autrefois, car l’évolution a consacré d’étroites interactivités entre les nations. Harb se hâte cependant de préciser qu’en tout état de cause, et quel que soit l’interlocuteur, la décision doit être libanaise et indépendante avant tout. Il relève, à titre d’exemple, que le Canada se soucie beaucoup de soigner les intérêts US, ce qui ne veut pas dire que Washington peut s’autoriser à peser dans les élections, dans la formation des gouvernements, dans les nominations ou dans la vie publique du vaste empire de l’érable. Cela étant, les divergences d’interprétations concernant Taëf se trouvent couronnées ces derniers temps par une contestation de plus en plus généralisée, du moins à l’Est, de la validité même de ce pacte. Il y a un nombre accru de pôles qui conviennent que ce document dit de l’entente n’est qu’un trompe-l’œil. Que le système qui en est issu est tronqué. Et, surtout, que le Liban ne peut pas recouvrer son autonomie de mouvement à l’ombre de ce texte. Mais seulement en recourant à la légalité internationale. Et en se référant à la 520, qui ordonne le départ de toutes les armées non libanaises. Ces sources rappellent que Taëf est en tout cas rendu caduc par la disparition de ses mécanismes, du moment que le comité tripartite arabe chargé de veiller à son application a volé en éclats lors de la guerre du Golfe. Sans compter que le gouvernement d’entente nationale prévu dans le pacte n’a jamais été formé. La voie initialement choisie a donc débouché sur une impasse, comme le souligne le professeur Philippe Salem. Mais se tourner vers le palais de verre, quand sa propre demeure est dans le même matériau, est-ce bien raisonnable ? Émile KHOURY
C’est toujours le bras de fer, verbal, entre partisans et adversaires du souverainisme. Plus exactement, entre les fractions qui réclament un redéploiement syrien préludant à un retrait total, et celles qui soutiennent que le repli a déjà été effectué, le départ définitif restant conditionné par l’application entière de la 425. Ainsi que par des impératifs...