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Actualités - OPINION

Le bilan politique, un an après : désagrégation des sourdes alliances antireconduction

Premier anniversaire hier du coup de force du 7 août. Qualifié par beaucoup de contre-putsch larvé. C’est-à-dire de réaction musclée à une conjonction multiforme d’initiatives, ou d’alliances, vues par les partisans du régime comme dirigées contre une éventuelle reconduction. Ou, à tout le moins, comme une tentative d’influer sur la prochaine présidentielle au cas où les décideurs n’opteraient pas pour le renouvellement. Un an après le tabassage devant le palais de justice, les rafles de centaines de militants Fl et aounistes dont Nadim Letayf, que reste-t-il ? Trois prisonniers : les journalistes Habib Younès et Antoine Bassil ainsi que Toufic Hindi, condamné à 13 mois fermes. Et le vague souvenir de la réaction en flèche d’un Walid Joumblatt dénonçant la « militarisation » du système. Ou de la levée de boucliers, même au sein du gouvernement, contre ces services dont plus personne aujourd’hui ne parle. Le soufflé est retombé. Plus de mouvements de rue, plus de tirades flamboyantes pour la défense des libertés à l’Est. Et plus de mascarades d’Ahbaches peinturlurés, armés de gourdins ou de coups de poing américains, à l’Ouest. La ratonnade du Palais de justice ou d’ailleurs, s’en souvient-on vraiment, avait été la riposte des services à un outrage certain fait par des têtes brûlées à la présidence de la République. On sait en effet que des slogans violemment hostiles avaient été lancés dans la montagne, à l’occasion de la messe célébrée par le patriarche Sfeir à Deir el-Qamar en présence du chef de l’État. Les trublions exaltés, immédiatement condamnés par leurs leaders autant que par le patriarcat, ne s’étaient sans doute pas rendu compte qu’ils desservaient leur propre cause. En offrant aux loyalistes ultras, sur un plateau d’argent, un prétexte rêvé pour court-circuiter, ou torpiller, la retentissante tournée patriarcale dans la montagne. Un événement qui devait, grâce à l’alliance des cœurs conclue avec Joumblatt comme avec Arslane, donner le coup d’envoi d’une vraie réconciliation nationale. Et propulser sans doute autant Moukhtara que Bkerké dans des sphères supérieures dépassant le cadre d’influence des autorités établies. En d’autres termes, les loyalistes pestaient contre le nouvel axe qui pouvait avoir pour premier effet de les marginaliser. D’autant que dans le même temps, et le même mouvement, Joumblatt le politicien parlementaire, concluait une alliance aussi spectaculaire avec les deux autres principaux chefs de file de la place de l’Étoile, Nabih Berry et Rafic Hariri. Après le 7 août, et tout en déplorant du bout des lèvres les atteintes aux libertés comme aux lois, le premier à capter le message cinq sur cinq avait été le président de l’Assemblée nationale. Sans se rallier entièrement aux partisans de Baabda, il avait pris ses distances par rapport aux crypto-opposants issus des autres embranchements du pouvoir. Et cela, sans doute, à la suite des prises de position, claires et nettes, des décideurs. Qui avaient déclaré, sans ambages, que la présidence de la République était une ligne rouge inattaquable. Par la suite, progressivement (ce qui est normal pour un leader progressiste), Joumblatt à son tour s’est recentré en se rapprochant de Damas. C’est-à-dire en admettant que le danger israélien, la guerre lancée par Sharon contre les Palestiniens, ses menaces directes à la Syrie comme au Liban, ne permettent plus que l’on parle de retrait syrien. Pour bien marquer son évolution, Joumblatt a déjeuné, à l’heure même où se célébrait l’anniversaire du 7 août, à la table du président Lahoud. Une façon éclatante, pour le leader de la montagne, de se démarquer de l’Est opposant et de la Rencontre de Kornet Chehwane. Mais nul, il faut le dire, ne songe à le lui reprocher aujourd’hui. Car, politiquement, force est de constater que Baabda, comme pour le cellulaire, marque partout des points. Ceux qui avaient pensé l’isoler doivent déchanter. En voyant par exemple le président même de la Rencontre de Kornet Chehwane, l’évêque Youssef Béchara, se rendre il y a deux jours auprès du chef de l’État. Pour lui soumettre une supplique pressante : prendre l’initiative de parrainer une reprise du dialogue avec l’Est opposant. Philippe ABI-AKL
Premier anniversaire hier du coup de force du 7 août. Qualifié par beaucoup de contre-putsch larvé. C’est-à-dire de réaction musclée à une conjonction multiforme d’initiatives, ou d’alliances, vues par les partisans du régime comme dirigées contre une éventuelle reconduction. Ou, à tout le moins, comme une tentative d’influer sur la prochaine présidentielle au cas...