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Actualités - CHRONOLOGIE

Téléphonie mobile - Cellis aurait fait part de son refus de l’accord entre les deux camps, « réglé à 90 % » Journée-marathon de négociations et de médiations

«Il y a un flou sur cet accord. Vous voulez la vérité ? Nous-mêmes, nous ne comprenons plus rien. Nous ne comprenons plus si les problèmes sont en train d’être créés, ou s’il y a vraiment des problèmes. Nous avons fait beaucoup d’efforts. 90 % du problème est réglé. Les 10 % restants, je ne sais pas si on va pouvoir leur trouver une solution ce soir ou demain. J’espère que nous le ferons, dans tous les cas. Mais il y a une logique de cohérence et de droit que l’on ne peut pas occulter. Maintenant, nous allons fermer boutique, et nous allons nous coucher. » Dixit une source autorisée au ministère des Télécommunications, interrogée par L’Orient-Le Jour. Alors que du côté de Koraytem, c’est le mutisme total. Tout est dit. C’était un peu avant minuit, hier. On butait, une heure avant, sur le « Transfert Agreement », le transfert de propriété. Sur le paiement des « Netbook », la valeur comptable nette. « Chaque cinq minutes, Koraytem et les deux sociétés inventent une histoire. Des détails, des litiges sur des termes. » Tout cela après une journée de négociations-marathon. Un véritable ballet organisé à l’entrechat près. 09h30 : Rafic Hariri réunit autour de lui à Koraytem les ministres de l’Information Ghazi Aridi (médiateur n° 2), ses collègues des Télécoms, Jean-Louis Cardahi, et de l’Intérieur, Élias Murr (tous deux proches de Baabda), ainsi que le député berryiste, Ali Hassan Khalil. 12h30 : fin de la réunion. Le Premier ministre et le député du Liban-Sud s’en vont place de l’Étoile, pour un entretien avec le président de la Chambre, Nabih Berry (médiateur en chef). Pendant ce temps, Ghazi Aridi se dirige à Baabda. Il s’entretient quinze minutes avec le président de la République, Émile Lahoud. Les rejoignent ensuite Nabih Berry et Jean-Louis Cardahi. « Nous parlerons ensuite », dira aux journalistes le locataire de Aïn el-Tiné. Sauf qu’il n’y a pas eu d’ensuite. 22h00, 22h30 : le même Nabih Berry se réunit de nouveau avec Ghazi Aridi. Puis avec Rafic Hariri. Nabih Berry portait, dit-on de sources parlementaires, une feuille de travail, une première mouture d’accord dont les quatre points essentiels sont les suivants : la signature d’un nouvel accord de gestion avec Cellis et LibanCell qui se terminera le 31/01/2003. Il n’y aura plus de contrat en BOT, ni les pourcentages qui avaient été proposés (40 ou 60 % à l’État), mais un accord sur une somme forfaitaire qui représenterait les honoraires des deux sociétés. Faire ensuite un inventaire pour régler la valeur comptable des actifs de ces deux sociétés. Abandonner le dossier judiciaire (le procès intenté par ces dernières contre l’État, comme le recours à l’arbitrage). Se débarrasser des erreurs Selon des sources proches de Koraytem, qui citent des parlementaires qui se sont entretenus avec Nabih Berry et/ou Ali el-Khalil, ces quatre points « ne sont pas très éloignés » du schéma général auquel a abouti la réunion du matin chez Rafic Hariri. Un schéma transmis par le Premier ministre à Nabih Berry, qui l’a monté à son tour à Baabda. Où il y aurait eu quelques remarques, quelques demandes de petits changements, d’affinements. « Ce n’est pas nécessairement ce sur quoi il y a eu accord, mais c’est le climat général du consensus qui pourrait être conclu » aujourd’hui en Conseil des ministres. Sauf que des sources bien informées recueillies par L’Orient-Le Jour ont fait état dans la soirée d’une formule quasi définitive qui sera discutée, durant le très attendu Conseil des ministres. On chargera Cellis et LibanCell de gérer le réseau pour le compte de l’État sur la base d’un nouveau contrat de gestion, qui s’étendra jusqu’au 31/01/2003 et dont le montant sera fixé après négociations entre le ministre de tutelle, Jean-Louis Cardahi, et les deux sociétés en question. Quant à l’arbitrage, il suivra son cours normal. Et en ce qui concerne les indemnités, leur montant, tel que fixé par KPMG, n’est pas remis en quesiton (environ 700 millions de dollars). Le problème est de savoir comment elles seront payées. Pour Mohammed Abdel-Hamid Beydoun (il sera bientôt le prochain ministre-star, lorsque arrivera le moment – plus très lointain – où l’on commencera à parler de la privatisation de l’électricité et de l’eau), « l’essentiel est que nous nous débarrassions des erreurs qui se sont accumulées ». Demandant à ce que l’on commence ainsi par le cellulaire, et que « l’on dise que la décision de rompre les contrats a été prise d’une façon très surprenante, et que l’élaboration d’un programme relatif à cette structure aurait dû être faite très vite. Un programme basé sur le règlement des litiges avec les sociétés et tout ce qui est lié aux problèmes juridiques ou aux questions d’arbitrage. Malheureusement, cela n’a pas été fait », a ajouté le (très) berryiste ministre de l’Énergie et de l’Eau. Qui devait pertinemment et naturellement savoir de quoi il parlait, hier. Puisque cette histoire d’indemnités de rupture du contrat, et de procès, était, entre autres, l’une des principales pierres d’achoppement dans les négociations tous azimuts menées jusqu’à bien tard dans la nuit. C’est d’ailleurs ce que des sources proches de Baabda ont souligné hier, vers 23h20. Affirmant que ces négociations avaient, à l’heure indiquée, « franchi une étape importante », puisqu’elles étaient entrées dans l’étape du règlement « des petits détails ». Comprendre par là, ajoutent ces sources, que « tout le monde est désormais OK » en ce qui concerne le point suivant : que l’État récupère le réseau et ses revenus. Et que le fonctionnement de ce réseau se fera par le biais d’un contrat avec « une ou deux entreprises, qui seraient probablement les deux sociétés qui exploitent actuellement » le GSM. Cellis et LibanCell, donc. « Le fond du litige est maintenant de savoir ce qui va advenir des procès judiciaires, de l’arbitrage et du mécanisme de paiement des indemnités de rupture de contrat dues aux deux sociétés », expliquent les sources en question. Le suspense reste entier Sauf que ce n’est pas tout. À supposer que l’accord entre Émile Lahoud et Rafic Hariri voit le jour avant le Conseil des ministres d’aujourd’hui – et c’est ce que semblent croire de nombreux pôles politiques –, la question est de savoir si l’une des deux sociétés en question, ou les deux, accepteront la proposition. Des rumeurs circulaient hier, tard dans la nuit, sur un net refus de Cellis. Et de FranceTélécom, donc. « Nous avons entendu cela. Mais notre accord n’est pas conditionné par le OK des deux sociétés. Elles ont la priorité, nous allons leur proposer ce nouveau contrat, et si elles l’acceptent, tant mieux. » Bref, quoi que veulent bien dire ou ne pas dire les deux camps, cet accord qui naîtrait sera accouché au forceps, et tout sera à l’avenant. De par une cohabitation définitivement contre-nature, adoptée il y a deux ans malgré toute la stérilité qu’elle annonçait de facto. « Au lieu de nous faciliter la tâche pour les privatisations à venir, comme le bon sens l’aurait voulu, au lieu que l’on en tire les leçons pour l’avenir, toute cette histoire du cellulaire laisse présager d’heures encore pires. » La source est ministérielle. Elle sait de quoi elle parle. Et les Libanais aussi. Dans tous les cas, le suspense reste entier. Comme les caprices de divas des différents protagonistes (l’Exécutif bicéphale comme les deux sociétés). Et ces mêmes Libanais se demandent de quelle couleur sera ce lapin qui pourra (qui devra ?) bien sortir du chapeau par trop fourre-tout du Conseil des ministres, aujourd’hui. S’il en sort. Ziyad MAKHOUL
«Il y a un flou sur cet accord. Vous voulez la vérité ? Nous-mêmes, nous ne comprenons plus rien. Nous ne comprenons plus si les problèmes sont en train d’être créés, ou s’il y a vraiment des problèmes. Nous avons fait beaucoup d’efforts. 90 % du problème est réglé. Les 10 % restants, je ne sais pas si on va pouvoir leur trouver une solution ce soir ou demain....