Bloc-Notes De la téléphonie à... la Sainte Vierge

Demain, c’est le 1er août. Libre à chacun de penser que c’est une date décisive en ce qui concerne le destin du téléphone cellulaire au Liban ; moi, mes pensées iront vers les Suisses, dont ce sera la fête nationale. « Mais, me dira-t-on, le Conseil libanais des ministres de demain n’a rien à voir avec votre Suisse ». « Non, répondrai-je, mais la Suisse est un pays transparent alors que les enjeux de l’affaire du cellulaire restent obscurs pour le citoyen libanais, à la veille même des échéances, et nous sommes sursaturés d’en entendre parler, mes concitoyens et moi... » Non, je ne vous infligerai pas un commentaire de plus sur cette ténébreuse affaire et sur la « république bananière » que nous sommes, comme l’écrit souvent notre rédacteur en chef. Je ne vous dirai même pas combien je rêve de la Suisse. Mais simplement que personne n’aime se sentir traité comme un imbécile par la République. Passons. *** Quand il fait une température caniculaire comme le dernier week-end, les personnes sensées recherchent l’ombre. C’est ce que j’ai fait samedi et dimanche derniers, tout en rangeant, c’est-à-dire en « triant-jetant », les journaux et les factures du mois. Comme la presse se répète pour ce qui est de l’actualité israélo-palestinienne, des journaux libanais au Monde, en passant par les hebdomadaires et les mensuels internationaux ! Parce que « l’histoire immédiate » de la région est monotone dans sa violence, terrifiante et monotone dans ses invectives et ses méthodes d’assassinat. Mieux vaut se délasser dans les magazines féminins libanais, tout de diamants intercalés, même pour les montres. Et qui s’enhardissent (« le vécu sexuel de la Libanaise » passe maintenant en couverture et en jargon). Et qui apparaissent, pour un œil profane, avec, en juillet, la même abondance (ou presque) qu’en fin d’année. Pub de luxe pour lectrices de luxe ? Il y a de ça. Et puis la part du rêve pour les « tiares »... Il y aurait beaucoup à dire sur la presse libanaise au féminin, ses faiblesses, ses (sages) audaces, ses points communs. Sauf pour les collectionneurs, quel soulagement de voir, dimanche soir, cette masse tout juste périmée dans les corbeilles de la maison. À partir de demain, elle envahira de nouveau la maison, petites tables ou étagère, de Voici au Monde diplomatique, du moins pour les foyers papivores... *** Pour en revenir à la téléphonie mobile au Liban et à ses mystères, ce qu’il en filtre fleure beaucoup l’argent, beaucoup d’argent aussi – au moins une réalité que les grincheux ont saisi dans le brouillard ambiant. S’il y a au Liban beaucoup d’adeptes du culte marial, peut-on leur suggérer de dire, au nom de leur pays, la très jolie prière de saint Bernard que voici : « Souvenez-vous, ô très sainte et très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, je cours, je viens à vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer... » Reste à trouver des prières équivalentes au poids des péchés de ce drôle de pays, et dans toutes les langues... Amal Naccache