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Actualités - CHRONOLOGIE

Organisations - « Les pratiques démocratiques », thème principal du rapport mondial sur le développement humain Le Liban chute de dix places dans le classement annuel du Pnud

En l’espace d’un an, le Liban a perdu dix places au classement mondial du Pnud, fixé chaque année par le rapport annuel sur le développement humain, publié à New York et rendu public cette année à partir de Manille. Hier, à Beyrouth, une conférence de presse s’est tenue à la maison des Nations unies afin de présenter le document qui a pour thème : « Approfondir la démocratie dans un monde fragmenté ». Au cours de la présentation, un volet succinct a été consacré au Liban, qui occupe cette année la 75e place du classement, perdant ainsi dix places par rapport à l’année dernière. Et aux Nations unies hier, on minimisait ce déclassement, probablement pour ne pas gêner un gouvernement qui essaie, tant bien que mal, de surmonter des difficultés financières. Dans la présentation du Pnud, les organisateurs ont misé sur la place occupée par le Liban depuis 1990, date de la création de ce rapport, qui ne mesure pas uniquement le développement économique mais aussi et surtout le progrès effectué, dans chaque pays, sur le plan humain, notamment les améliorations en matière de santé, d’alphabétisation, de situation des femmes. Le Pnud a mesuré par exemple le parcours du Liban depuis 1990. En procédant de cette manière, on peut affirmer que le Liban a avancé de 14 places en douze ans. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, le représentant permanent du Pnud au Liban Yves de San a expliqué que le Liban a chuté dans le rapport 2002 du Pnud, pour diverses raisons. « D’année en année, la méthodologie avec laquelle on mesure les diverses composantes de l’indice du développement humain (IDH) se peaufine et, chaque année, de nouveaux pays figurent dans le rapport », indique-t-il. En 1990, 135 pays étaient classés selon leur IDH par le rapport sur le développement humain du Pnud. Actuellement, on compte 173 pays. Et M. de San de rappeler également une évidence : « Le Produit national brut libanais a chuté. » Précisons que, selon le rapport du Pnud, le PIB par habitant s’élève à 4 308 dollars au Liban, qui occupe actuellement le 75e rang dans le rapport de l’organisme onusien. Mais le pays ne peut pas être comparé avec ses voisins. La Syrie ne figure pas dans le classement du Pnud, par manque de chiffres et de données. Et le deuxième voisin, Israël, classé parmi les pays à développement humain élevé, figure à la 22e place, derrière l’Italie et l’Espagne. Le politiquement correct C’est probablement pour rendre la comparaison politiquement correcte que le Pnud a choisi de comparer les données libanaises aux chiffres chypriotes, notamment en matière de démocratie, thème principal du rapport de cette année. L’île méditerranéenne occupe le 26e rang du classement. Or, dans tous les domaines, le Liban vient loin derrière. Comme dans d’autres secteurs, pour la démocratie, notre pays manque de chiffres. Pour mesurer le degré de respect de la démocratie, et afin de pouvoir les comparer selon les États, le Pnud a défini des échelles pour chaque élément. Et comme dans certains jeux de cartes, notamment le Hearts et le Pinacle, plus on accumule de points, plus on perd. C’est bien sûr le cas du Liban. Ainsi, sur une échelle allant de 7 à 1, le Liban obtient 5 en matière de libertés civiles et 6 pour les droits politiques. Toujours selon le principe qu’il faut accumuler le moins de points, pour la liberté de la presse, sur une échelle de 100 à 0, le Liban obtient 61 points. Pourtant, dans ce cadre, le rapport précise que notre pays est le seul État arabe à avoir des chaînes télévisées privées. Le rapport donne d’autres précisions sur le Liban, notamment en matière de santé, d’éducation et de participation des femmes à la vie active. Évoquant ces points, M. de San a indiqué à L’Orient-Le Jour que le pays « a marqué des progrès dans plusieurs domaines, mis à part celui de la réduction de la mortalité infantile, où l’on fait face à un retard important ». Évoquant d’autres points du rapport, le représentant du Pnud a souligné l’importance de plusieurs chapitres du document publié hier, notamment la démocratisation des institutions internationales. Un objectif qui pourrait être atteint de plusieurs manières : changement de la structure du Conseil de sécurité et abolition du droit de veto notamment. Revenant sur les divers rapports du Pnud, M. de San a rappelé le document publié sur le développement humain dans le monde arabe publié récemment. « L’importance de ce rapport réside dans le fait qu’il était rédigé par des experts et des intellectuels arabes », a-t-il dit. De cette manière, les dirigeants de la zone acceptent mieux les données, même négatives. Le rapport du Pnud sur le développement humain spécifique au Liban devrait être rendu public en septembre prochain. Mais ces documents sont-ils capables de changer les choses ? Avant le retrait israélien, par exemple, le Pnud avait publié un rapport, une sorte de plan directeur échelonné sur cinq ans pour le Liban-Sud. Jusqu’à présent, ce plan directeur n’a pas été adopté. M. de San indique à ce sujet que « les rapports du Pnud, notamment locaux, ne sont pas rédigés pour critiquer le gouvernement ou sa politique et sa stratégie. Ils sont, au contraire, créés pour aider un pays donné ». Ultérieurement, ces rapports devraient être élaborés par le pays lui-même, notamment par la société civile. Et de rappeler que « le Pnud travaille conjointement avec les gouvernements qui le reçoivent ». Est-ce pour ne pas constituer un fer de lance contre la politique gouvernementale du pays que le rapport du Pnud sur le Liban a pris plus de trois ans pour être rédigé ? « Il existe également d’autres raisons ; ce rapport est devenu trop technique, il fallait le revoir pour le lier au développement humain, pas uniquement à la mondialisation par exemple », a déclaré M. de San. Revenant sur le plan directeur du Liban-Sud, publié par le Pnud en novembre 1999, il a reconnu que, mis à part le déminage, ce sont surtout des projets à petits budgets qui ont été exécutés. « Les partenaires du Liban n’ont pas voulu trop investir dans ce cadre », a-t-il dit, relevant également que « la présence de l’État libanais, avec ses institutions, est toujours faible dans la zone anciennement occupée ». Que ce soit au Sud ou au Nord ou dans d’autres zones périphériques, l’État n’est pas en train de privilégier les projets de développement mais d’autres plans qui lui paraissent plus urgents, a relevé en substance M. de San, qualifiant la situation économique du pays de « suffisamment sérieuse ». Certes, actuellement la privatisation des entreprises publiques et la tenue de Paris II sont des dossiers plus importants aux yeux de l’État libanais. Une telle priorité permettra-t-elle d’éviter la catastrophe ? Patricia KHODER
En l’espace d’un an, le Liban a perdu dix places au classement mondial du Pnud, fixé chaque année par le rapport annuel sur le développement humain, publié à New York et rendu public cette année à partir de Manille. Hier, à Beyrouth, une conférence de presse s’est tenue à la maison des Nations unies afin de présenter le document qui a pour thème : « Approfondir la...