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Actualités - CHRONOLOGIE

Mazout : la Chambre répare son erreur, le gouvernement s’engage et Hariri dénonce la démagogie des députés hezbollahis

Lors de la première séance parlementaire, avant-hier mardi, l’ensemble des intervenants, en tête desquels le (surprenant) président de la Chambre Nabih Berry, ont martelé, à plusieurs reprises, leur refus de revenir au mazout (en réponse notamment à une proposition de Boutros Harb de prolonger d’un an la date butoir de l’interdiction de circuler). Sauf que la majorité des députés qui se sont exprimés à carrément fait acte de contrition : « Nous avons spolié les citoyens de leurs droits », reconnaissait Nayla Moawad, pendant que Boutros Harb soutenait que le Parlement « avait commis un crime involontaire ». Comprendre par là que la Chambre a admis publiquement son inconséquence, sa légèreté et sa précipitation lorsqu’elle avait voté, il y a près de trois ans, la loi autorisant la circulation au mazout. Et ont pressé le gouvernement de trouver une solution. Mieux vaut tard que jamais Ainsi, à l’heure où les enseignants continuent de réclamer leurs droits les plus élémentaires, à l’heure où Fouad Siniora continue de les ignorer royalement, à l’heure où l’on se demande vers quels tourments se dirige la cohésion du gouvernement, il est, néanmoins un fait suffisamment rare et encourageant pour qu’il soit signalé. Et loué. Devant la détresse des familles des propriétaires de vans au mazout, Nabih Berry et Rafic Hariri travaillent, depuis deux jours, main dans la main. Le Parlement, par la voix du député Amal Ali Bazzi, a présenté une proposition de loi revêtue du caractère de double urgence, autorisant le gouvernement, à titre exceptionnel, de racheter les véhicules circulant au mazout. Ainsi que le déblocage, dans le budget 2002, des crédits nécessaires au paiement de la différence entre le prix de rachat et la revente. Le déblocage se fera grâce à un décret, pris en Conseil des ministres sur proposition du ministre des Finances. Quant à l’opération de rachat et de revente, elle se fera également par décret, pris en Conseil des ministres sur proposition du ministre des Finances et de son collègue aux Transports et aux Travaux publics. Cette proposition de loi hors ordre du jour a été longuement débattue. Et c’est l’intervention de Rafic Hariri, qui a été particulièrement remarquée. Dans une (très ferme) allusion à peine voilée aux députés du Hezbollah, le Premier ministre a justifié tout le ramdam autour des vans roulant au mazout par le fait que « certaines forces politiques ont râbaché aux citoyens que la loi n’allait pas entrer en vigueur. “Oubliez cette loi, le gouvernement va reculer devant les manifestations”, leur disaient-ils. Comme si le gouvernement se moquait des revendications des manifestants, qu’il était contre leurs intérêts, et comme si elles (ces forces politiques) ne pensaient qu’à eux. Le problème est que ces forces-là ont encouragé les manifestants à s’opposer à la loi. On dit que les gens ont faim. Mais comment ont-ils fait pour avoir faim en 24 heures ? », s’est demandé Rafic Hariri. Qui a rappelé aux parlementaires que le gouvernement était, lui aussi, à l’origine de la proposition de loi. Proposant de débloquer une somme d’argent du Haut comité de secours pour pouvoir payer les avances des propriétaires de vans. La décision du gouvernement a reçu l’approbation de l’ensemble des députés, ainsi que les remerciements du président de la Chambre. Reste le problème des autres véhicules (notamment les bus des transports en commun, de même que les poids lourds) roulant au mazout, et qui ne sont toujours pas concernés par l’interdiction faite aux minibus. Rafic Hariri s’est ainsi engagé, bon gré mal gré devant la Chambre, au nom du gouvernement et en réponse à Nabih Berry, à faire en sorte, au plus vite, d’importer du mazout labellisé écologique. Avec le nouveau code de protection de l’environnement, cette promesse n’a plus aucune raison d’être encore renvoyée aux calendes grecques. D’autant plus que « les deux poids deux mesures » de l’interdiction du mazout restent, malgré la proposition de loi votée hier, le principal cheval de bataille des propriétaires de vans. Qui ne décolèrent toujours pas devant cette injustice flagrante. Ils ont certes raison. Sauf qu’ils ne semblent décidément pas avoir compris que le mieux est l’ennemi du bien. Qu’il y a un temps pour tout, qu’il ne faut « tout de même pas abuser », et que la politisation démagogique et outrancière d’une crise sociale n’est jamais bénéfique, à moyen comme à long terme, pour personne. Z.M.
Lors de la première séance parlementaire, avant-hier mardi, l’ensemble des intervenants, en tête desquels le (surprenant) président de la Chambre Nabih Berry, ont martelé, à plusieurs reprises, leur refus de revenir au mazout (en réponse notamment à une proposition de Boutros Harb de prolonger d’un an la date butoir de l’interdiction de circuler). Sauf que la majorité...