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Actualités - CHRONOLOGIE

SAÏDA - L’armée renforcera ses mesures autour du camp palestinien Le meurtrier – un islamiste – des trois militaires libanais a trouvé refuge à Aïn el-Héloué(photos)

Badih Hamadé, surnommé Abou Obeida, le meurtrier présumé des trois agents des services de renseignements militaires tués jeudi soir, à Saïda, au quartier Hamchari, a trouvé refuge au camp palestinien de Aïn el-Héloué. Tout a long de la journée d’hier, les autorités libanaises ont attendu que les notables et les diverses factions palestiniennes du camp leur livrent l’assassin. En vain. Selon des sources de sécurité à Saïda, les mesures de sécurité autour du camp pourraient être renforcées si le meurtrier des agents des SR de l’armée n’est pas livré aux autorités. Badih Hamadé, musulman chiite converti au sunnisme, originaire de Qmatiyé, caza d’ Aley, s’est réfugié chez Abdallah Chreidi, de Isbat el-Nour, un groupement qui a fait scission il y a cinq ans du petit groupe Isbat al-Ansar. Lié aux milieux islamistes palestiniens, Hamadé s’était fiancé il y a quelques mois à la fille d’un officier du Fateh, Mohammed Dib Abou el-Hassan. C’est au domicile de ce dernier, situé dans un quartier jouxtant le camp de Aïn el-Héloué, qu’Abou Obeida a ouvert le feu, d’une arme automatique, sur les agents des services de renseignements militaires, tuant le sergent Ali Hamzé, le caporal Radwane Melhem et le soldat Ali Saleh. Selon des sources concordantes, Hamadé aurait été blessé jeudi soir et c’est au camp de Aïn el-Héloué qu’il aurait reçu les premiers soins. Il semble que les services de renseignements de l’armée suivaient depuis un certain temps Abou Obeida. Il était accusé notamment d’avoir perpétré, ces derniers mois, des attentats à l’explosif contre des postes militaires érigés dans le périmètre de Aïn el-Héloué. Aucun témoin, dans le quartier où le triple meurtre a été perpétré jeudi, n’était capable de fournir des informations sur Mohammed Dib Abou el-Hassan ou encore Abou Obeida. Les voisins se contentaient d’indiquer : « Ce sont des fondamentalistes, on les connaît à peine. » Avant de s’installer, il y a une dizaine d’années, dans ce quartier populaire qui loge des Palestiniens et des Libanais, Abou el-Hassan, l’officier du Fateh, habitait avec sa famille dans le quartier Miyé Miyé. Les témoins ignoraient également si, au moment des tirs, l’assassin se trouvait seul au domicile de sa fiancée. Des sources judiciaires à Beyrouth ont écarté cette hypothèse soulignant que le meurtrier n’aurait pas pu agir seul. Certaines informations avaient fait état d’une rixe qui aurait éclaté entre Abou Obeida et ses camarades d’une part et une patrouille de l’armée d’autre part à proximité du domicile de la fiancée. Cette dernière a été arrêtée avec son frère. Mohammed Dib Abou el-Hassan, le père de la fiancée, qui s’était réfugié jeudi soir à Aïn el-Héloué, a été livré à l’État libanais par les autorités du camp. D’autres personnes qui pourraient être liées à l’assassinat des trois soldats de l’armée ont également été interpellées. Le sang n’a pas séché Hier midi au domicile de la fiancée, non loin du camp de Aïn el-Héloué, le sang des trois agents des services de renseignements, qui ont été abattus à l’intérieurs de l’habitation, n’avait pas encore séché. L’armée libanaise, qui avait bouclé le secteur hier en journée, avait perquisitionné les lieux. Elle avait renforcé son contrôle sur les accès au camp de Aïn el-Héloué en fouillant les voitures et en contrôlant l’identité des automobilistes. Elle avait maintenu en soirée son étau sur ce même périmètre. Tout au long de la journée d’hier, plusieurs pourparlers ont été effectués entre l’armée et les responsables du camp palestinien afin que le meurtrier – qui a trouvé refuge dans cet îlot qui échappe au contrôle de l’État – soit remis aux autorités libanaises. Et à plusieurs reprises, le comité populaire du camp, formé de notables et de responsables des formations politico-militaires palestiniennes, s’est réuni hier à Aïn el-Héloué. Il a sommé le chef fondamentaliste, Abdallah Chreidi, de lui livrer le suspect. « Nous adressons un ultimatum à cheikh Chreidi afin qu’il nous livre l’auteur du crime qu’il cache chez lui (...) sinon une force commune de sécurité ira le déloger », ont-ils menacé dans un communiqué. Les notables se sont dits « décidés à coopérer par tous les moyens avec les autorités libanaises ». « Nous recherchons Badih Hamadé et nous le livrerons à l’armée car nous ne permettrons pas que notre camp soit un repère pour les repris de justice », a indiqué Khaled Aref, le secrétaire des organisations de l’OLP au Liban-sud. Alors que les responsables du comité populaire tenaient leur réunion, des jeunes Palestiniens ont brûlé des pneus à l’entrée du camp de Aïn el-Héloué. Les factions palestiniennes qui tiennent le barrage à l’entrée du camp, à quelques mètres du check-point de l’armée libanaise, ont bloqué, l’espace de quelques heures, l’accès à Aïn el-Héloué. « Ce n’est pas à l’armée libanaise d’effectuer ce travail. Nous sommes responsables de la sécurité ici et nous décidons quand l’entrée au camp devrait être interdite », indiquait un sexagénaire palestinien à un autre plus jeune. Et tout le monde rapportait une même information : « Le Libanais Badih Hamadé a trouvé refuge chez Abdallah Chreidi. De gré ou de force, le comité populaire veut le remettre aux autorités libanaises. » C’est en fin d’après-midi, et à l’issue de longues heures de négociations, que Chreidi, chef de Isbat el-Nour, a décidé de recevoir la délégation du comité populaire, qui a procédé – en vain – à la fouille de son domicile, situé dans le quartier islamique du camp. À l’arrivée de la délégation, quelques magasins ont fermé leurs portes, alors que les hommes et les enfants se sont attroupés devant la maison de Chreidi. Et, pour un instant, beaucoup ont craint le pire. Âgé de 23 ans, le chef fondamentaliste est le fils de Hicham Chreidi, fondateur de Isbat al-Ansar, assassiné en 1992 à l’intérieur du camp de Aïn el-Héloué. « On ne connaît pas le nombre des personnes qui adhèrent à la faction du jeune chef fondamentaliste mais l’on sait qu’il a à son service des Palestiniens, des Kurdes et des Libanais originaires de Tripoli pour la plupart », ont indiqué à L’Orient-Le Jour des responsables du Fateh. Il y a trois semaines, des hommes de Chreidi avaient tiré sur deux personnes au camp de Aïn el-Héloué. « Ces derniers avaient blasphémé », explique-t-on. Habillés de tuniques vertes et de pantalons amples, coiffés de calottes noires et portant les cheveux et les barbes longues, les fondamentalistes de Chreidi montaient hier la garde devant le domicile de leur chef. Ce sont eux qui font la loi dans ce petit quartier du camp palestinien et qui ont bloqué, durant un certain temps, l’accès à la maison de leur chef, où trois femmes se tenaient sur le pas de la porte : la grand-mère, la tante et la mère du chef fondamentaliste. « Mon fils est innocent de tout ce qu’on l’accuse », a indiqué Nouhad la mère de Abdallah Chreidi. « Ils sont tous menteurs et blasphémateurs », a-t-elle ajouté. Interrogé par L’Orient-Le Jour, Chreidi a affirmé que « Hamadé n’avait aucune relation avec son mouvement ». « D’ailleurs, je ne le connais pas. Je l’ai croisé à deux reprises, il y a peut-être quatre ans », a-t-il encore dit. « Il n’est pas chez moi », a-t-il ajouté. Et de se demander : « Pourquoi un Libanais viendrait trouver refuge au camp de Aïn el-Héloué ? » Chreidi a encore indiqué que rien ne l’oppose à Isbat al-Ansar, dont le chef Abou Mahjan, condamné à mort par contumace à plusieurs reprises par la justice libanaise pour divers crimes, est réfugié depuis des années à Aïn el-Héloué. Dans une déclaration hier, le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, a indiqué que « le gouvernement est déterminé à aller jusqu’au bout dans les mesures prises pour capturer les meurtriers des trois soldats ». « Ces mesures ne disparaîtront pas avant que les responsables du crime soient remis aux autorités libanaises », a-t-il poursuivi. L’enquête est en cours sous le contrôle du parquet militaire. Patricia KHODER
Badih Hamadé, surnommé Abou Obeida, le meurtrier présumé des trois agents des services de renseignements militaires tués jeudi soir, à Saïda, au quartier Hamchari, a trouvé refuge au camp palestinien de Aïn el-Héloué. Tout a long de la journée d’hier, les autorités libanaises ont attendu que les notables et les diverses factions palestiniennes du camp leur livrent...