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Actualités - CHRONOLOGIE

Hommage - Le Dr Tobie Zakhya officier de la Légion d’honneur Une vie consacrée à la protection sociale (photos)

Les insignes d’officier de la Légion d’honneur ont été remis, lundi soir, par l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, à un homme très spécial, le Dr Tobie Zakhya, directeur de l’Institut de gestion de la santé et de la protection sociale de l’USJ. Toutes les destinées sont particulières, mais celle du Dr Zakhya l’est encore plus que d’habitude. Né en 1930, à Amchit, le Dr Zakhya a fait l’essentiel de sa carrière en France, où une « erreur d’aiguillage », qui n’en est pas une, l’avait guidé, alors qu’il était encore en classe de seconde. De l’Université de Montpellier, où il suit ses études en médecine, le Dr Zakhya pérégrinera entre la France et le Liban et acquerra, en même temps que la double nationalité, un statut double : « expert français d’origine libanaise » et « Libanais expert en France ». Entre ces deux présentations gît l’un des malheurs du Liban, condamné à exporter ses compétences, faute de savoir les apprécier et les retenir. « Ce qui nous manque, c’est la modestie », estime-t-il. En France, où on ne lui demande ni où il est né, ni qui sont ses parents, sa compétence lui vaudra de faire carrière, vingt-cinq ans durant, à la Caisse nationale d’assurance-maladie où il finira, de 1985 à 1995, Médecin-conseil régional de la région Ile-de-France. Le titre ne dira rien à beaucoup. Concrètement, il signifie qu’il sera responsable de 12 millions d’habitants répartis sur huit départements et de 3 000 agents de santé, dont 520 médecins, 40 pharmaciens et 70 dentistes-conseil. Appelé à plusieurs reprises au Liban, et notamment en 1974 - 1975, il débarque à chaque fois avec le désir de servir son pays, mais ce n’est vraiment qu’en 1995 que l’occasion de « faire quelque chose pour le Liban » se présente enfin, et qu’il se voit chargé de diriger le centre de gestion du système de santé, soutenu par l’Université de Montréal, que le père Jean Ducruet va créer. À ce poste, le Dr Tobie Zakhya donne le meilleur de lui-même, c’est-à-dire non seulement ses dons intellectuels et ses qualités humaines, mais la très précieuse expérience acquise au cours d’une carrière bien remplie en France. Carrière et vie À l’heure où l’État tente de démêler les rapports complexes existant entre les différents agents de la santé et d’étendre la protection sociale à de nouvelles catégories de Libanais, en attendant de la généraliser à l’ensemble de la population, son expérience pourrait s’avérer particulièrement utile. Au cours de la cérémonie de remise des insignes d’ officier de la Légion d’honneur, le Dr Zakhya a retracé, à traits rapides, certaines étapes de cette carrière qui a le bonheur de se confondre avec sa vie. « Monsieur l’ambassadeur, a-t-il dit, vous avez accepté avec enthousiasme de me remettre cette décoration et vous venez de tracer ma vie avec beaucoup de sympathie. Je vous en remercie très sincèrement (...) Je vais maintenant évoquer rapidement ma propre trajectoire et mes relations avec les jésuites : cette trajectoire se caractérise par tout ce qui touche le social et l’humanitaire : de par ma famille, j’étais génétiquement et culturellement sensibilisé au social individuel : l’attention aux plus faibles et le soin gratuit aux malades. À mon retour au Liban en 1962, grâce à Mgr Grégoire Haddad et à son mouvement social, j’ai découvert le social communautaire à l’échelle du Liban. Après mon arrivée en France et mon entrée à la Caisse nationale d’assurance-maladie en 1970, j’ai découvert le social institutionnel, c’est-à-dire la protection sociale organisée comme institution nationale, et cela grâce au directeur de la CNAM, Christian Prieur, que je salue car il est présent parmi nous. C’était une aventure, et vous l’avez réussie, j’étais avec vous et je suis resté 25 ans à la CNAM, 25 ans au service de la France et des Français ainsi qu’au service du Liban et des Libanais, car je suis revenu plusieurs fois au Liban comme expert en protection sociale. À mon départ à la retraite, j’ai été rattrapé par les jésuites et le Liban, grâce au père Jean Ducruet, pour créer et développer le social universitaire à l’ Université Saint-Joseph, sous forme de formation et de recherche en protection sociale. » Sur ses relations avec les jésuites, Tobie Zakhya évoque, tout d’abord, « deux jésuites que je n’ai pas connus et dont j’ignore le nom : le premier est un jésuite qui était venu prêcher une retaite à Amchit. Il a oublié le livre des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola chez mon oncle, homme très pieux qui m’a recommandé ce livre. J’avais dix ans. J’ai donc lu et relu ce livre (...) Le deuxième jésuite, parce que j’étais d’origine rurale, a refusé de m’inscrire en seconde au collège. Il a, sans le savoir, orienté mon destin vers la France à Montpellier où j’ai fait mes études de médecine et où j’ai rencontré celle qui est devenue mon épouse ». Le Dr Zakhya rendra également hommage aux pères François Dupré Latour et Pierre Madet qui, en l’intégrant à la faculté de médecine de l’USJ, lui permettront de ne pas « être étranger dans (son) pays », et deux autres jésuites très célèbres, eux, les pères Pedro Arrupe et Hans Kolvenbach, qui l’aideront dans la promotion du rôle des laïcs au service de l’Église et des hommes, au sein des « communautés de vie chrétienne » (CVX). Ce portrait du directeur de l’ Institut de gestion de la santé de l’USJ ne serait pas complet si on oubliait son rôle d’époux et de père de famille. Rendant hommage à sa compagne de vie, il dira son admiration pour ce qu’elle a réalisé, grâce à « son étonnante capacité d’être au service des autres : (...) élever une famille, travailler comme assistante sociale, réussir une licence en théologie, être en même temps une brillante organiste à Paris et chef de chœur de la chorale “À cœur joie” ». Fady NOUN
Les insignes d’officier de la Légion d’honneur ont été remis, lundi soir, par l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, à un homme très spécial, le Dr Tobie Zakhya, directeur de l’Institut de gestion de la santé et de la protection sociale de l’USJ. Toutes les destinées sont particulières, mais celle du Dr Zakhya l’est encore plus que d’habitude. Né en 1930,...