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PORTRAIT Jabbour Doueihy: «Écrire est une plénitude…»(PHOTO)

Il a l’écriture dans le sang. Même s’il confesse avec humour que «débuter à quarante ans avec la littérature c’est un peu tard». Aujourd’hui, avec son troisième livre Aïn Wardé, un roman paru à Dar an-Nahar (271 pages), Jabbour Doueihy, fils du Nord et de ses paysages incomparables, s’affirme comme un écrivain libanais à la voix péremptoire et qui compte dans le peloton d’hommes de lettres arabes pour qui écrire est bien plus que témoigner sur un simple état de fait. Rencontre donc avec un auteur que le public apprécie déjà dans son parcours court mais riche. Sorbonnard (docteur en littérature française et comparée), professeur à l’Iesav et à l’Université libanaise où il dirige un atelier d’écriture et enseigne la narratologie, en français bien entendu, c’est pourtant en arabe, savoureux mélange du dialectal libanais et de la syntaxe la plus châtiée, que s’exprime celui qui signa ses premières nouvelles Al maout bayn al-nahl nouass en 1990. Paradoxe de l’écrivain pour reprendre et paraphraser une heureuse formule de Diderot ? Peut-être ! Écoutons plutôt ses propres aveux et le décryptage n’en sera que plus clair… «Il est vrai qu’arriver à l’écriture à l’âge de la maturité, c’est un peu vieux pour un débutant, mais on n’a pas encore compté avec le travail latent et le sous-bois d’une vocation inéluctable… Pourquoi écrire ? On n’y pense pas toujours vraiment… Pour plaire à des amis et, bien sûr, c’est une raison suffisante pour continuer… Écrire est une plénitude et une provision contre tout… De toutes les expressions littéraires (poésie, essais, pamphlets, pastiche, théâtre, etc.), le roman me semblait la seule alternative. Pour moi, l’essentiel était de raconter des histoires. Écrire en arabe était la chose la plus naturelle, la plus évidente car en français où je me suis essayé (plus à l’aise avec des articles de presse !) il me semblait que je ne trouvais pas ma « voix » (voie ?) exacte. En arabe, il y a quelque chose de spontané dans ce mélange (quitte à m’attirer les foudres des professionnels et des puristes chevronnés ) de littéraire et d’oral que je me suis inventé». Frère d’Antoine Doueihy (eh oui, l’écriture est sans nul doute un trait de famille), sans aller croire à une partition à quatre mains comme avec les Goncourt ou les Groult, Jabbour se démarque nettement par une vision et un monde littéraire bien différents. « J’étais de gauche, il était de droite, je suis « éruptif », il est méditatif, on était absolument antithétique, dit-il toujours pince-sans-rire, mais on ne l’est plus car c’est moi qui ai changé… ». Y-a-t-il un sujet précis que Jabbour Doueihy traque dans ses romans ? «Non, je n’ai pas de sujet mais j’ai des images, des situations, des personnages. Je commence à écrire sans plan, avec des intuitions. J’aime m’ancrer dans les lieux, d’où leurs descriptions détaillées et minutieuses». Et quelle place accorde-t-il à l’écrivain arabe libanais ? « Je suis heureux de constater qu’on écrit de plus en plus en arabe et qu’il y a une véritable explosion du roman arabe. Nous prenons même le dessus sur certains auteurs, considérés pourtant des best-sellersdu Caire… C’est un excellent indice des temps, de la culture, du talent et du lectorat». Edgar DAVIDIAN
Il a l’écriture dans le sang. Même s’il confesse avec humour que «débuter à quarante ans avec la littérature c’est un peu tard». Aujourd’hui, avec son troisième livre Aïn Wardé, un roman paru à Dar an-Nahar (271 pages), Jabbour Doueihy, fils du Nord et de ses paysages incomparables, s’affirme comme un écrivain libanais à la voix péremptoire et qui compte dans le...