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OUVRAGES Les dernières parutions de Dar an-Nahar

Trois livres, tous édités par Dar an-Nahar, entre roman, nouvelles et essai, sont dans les devantures des librairies en ce début d’été. Personnalités littéraires différentes, préoccupations différentes et styles différents pour parler des intermittences du cœur, des êtres confrontés à la précarité de la vie et s’entretenir, mine de rien, de la poésie, mystérieuse essence de la beauté humaine. « Aïn Wardé » de Jabbour Doueihy : chroniques douces-amères d’un village C’est là le quatrième ouvrage, profondément littéraire, de Jabbour Doueihy, écrivain à part entière, qui a entamé sa carrière avec un recueil de nouvelles en 1990 intitulé Al-maout bayn al-ahl nouass (La mort est sommeil entre les gens). Il enchaîne quelques années plus tard (en 1995) avec Iitidal al-kharif (Automne modéré) et termine en 1998 avec Raya al-Nahr. Aujourd’hui, fidèle à sa narration pleine de poésie et d’une grande sensibilité, usant avec un art adroit des descriptions détaillées et minutieuses, il publie Aïn Wardé – 271 pages – avec une très belle illustration sur la couverture d’une gouache signée Paul Khawam. Aïn Wardé, c’est le nom d’un petit village dans les voisinages de Beyrouth où Mar Nohra est connu pour être le saint guérisseur des maux des yeux…Chronique douce-amère d’une localité où l’auteur dissèque la vie à travers des personnages pittoresques et émouvants, dextrement brossés, et des situations bien cernées et adroitement ficelées, où la fiction est plus réelle que la vie même… Une vie où, par-delà le fantôme de la guerre, coulent des jours faussement paisibles aux passions toujours ardentes comme le feu qui couve sous la cendre. « Dajij al-Jassad » de Haïfa Bitar : ce galopin de corps… De Lattaquieh, de la Syrie profonde, nous vient ce troublant recueil de nouvelles écrit par une femme médecin pour qui scalpel et plume n’ont aucun secret…Haïfa Bitar n’en est guère à sa première expérience littéraire. Elle reçut en l’an 2000 le prix Abi Kassem al-Chabi pour la nouvelle arabe à Tunis pour son recueil al-Sakita (la femme déchue). Aujourd’hui, dans la même veine de révolte et de colère, elle publie dix-huit nouvelles à la fois corrosives et tendres sous le titre Dajij al-Jassad (traduit, cela donnerait Le tumulte du corps, 207 pages (avec en couverture la reproduction de la toile d’Edward Hopper). La solitude, le désarroi, la vieillesse, les trahisons, la déroute, le doute, les défaites, les choses tues et non dites, les vexations, les élans brisés, tout cela Haïfa Bitar en fait la trame secrète et le terreau riche de ses nouvelles palpitantes de vie. Une vie toutefois constamment menacée et fragilisée justement par cet indomptable tumulte des corps. Galopin de corps qu’on ne maîtrise pas très souvent et dont les répercussions jaillissent non seulement sur nos comportements maladroits mais finissent par composer ce qu’on désigne communément par le destin. Écrites dans une langue arabe pure et châtiée, usant en toute subtilité de formules heureuses et modernes dans leur stridence, même sous le couvert d’une nervosité marquée, ces nouvelles ont des titres révélateurs : Les larmes de Satan, Un cœur vide, Le vin de la tristesse, L’idiote, Le dernier ravitaillement… « Khalil Haoui : philosophie de la poésie et de la civilisation » Un livre documenté et savant pour révéler et expliquer l’œuvre d’un grand poète : Khalil Haoui. Né en 1925 et décédé en 1982, il fut l’un des plus éminents hommes de lettres, alliant avec panache un sens pertinent de la critique et la densité d’une grande réflexion souvent tendue. Aujourd’hui Rita Awad, à travers étude, glose et présentation, révèle tout un pan de la personnalité d’un poète inspiré mais un peu méconnu. Décryptant ses textes, restituant son inspiration, défendant avec lucidité et âpreté son univers littéraire, ce livre est un précieux auxiliaire de travail pour tous ceux qui veulent approcher la poésie non seulement avec les frémissements du cœur mais aussi avec les outils de la science. E.D.
Trois livres, tous édités par Dar an-Nahar, entre roman, nouvelles et essai, sont dans les devantures des librairies en ce début d’été. Personnalités littéraires différentes, préoccupations différentes et styles différents pour parler des intermittences du cœur, des êtres confrontés à la précarité de la vie et s’entretenir, mine de rien, de la poésie, mystérieuse...