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Actualités - OPINION

Partielle - Au Metn, la victoire vient en déchantant Vers la constitution d’une troisième force sur la scène politique

Les grands ont la mémoire courte, quand il s’agit de leurs contre-performances. Entre mille exemples, on peut citer Carter. Très digne, il a revendiqué devant le peuple américain, en 1979, la pleine responsabilité de la désastreuse équipée héliportée de Tabas ( huit paras tués), en Iran. Ce qui ne l’a pas empêché, faute d’impeachment, de rester en place, sans démissionner pour être conséquent avec lui-même. Et de se représenter à la présidentielle l’année suivante ! Toutes proportions gardées, à tous égards, le pouvoir d’ici fait aussi bien. Ou même mieux. Dans ce sens que le courant loyaliste engagé directement dans l’épreuve continue à en contester les résultats. S’il accepte de laisser le strapontin à Gabriel Murr, donc à l’opposition, il n’en poursuit pas moins ses escarmouches raisonneuses sur plus d’un plan, administratif, judiciaire ou politique. Et sur plus d’un front, car il tire sur tout ce qui bouge, en avant contre les positions territoriales de ses adversaires électoraux et de côté contre les autres composantes du système. En face, à l’Est, on est à peine mieux partagé. C’est-à-dire que la belle union sacrée issue de la visite dominicale aux urnes a tout l’air de ne pouvoir tenir la route. En effet, l’ouverture immédiate de dialogue enclenchée par certains en direction de Baabda n’a évidemment pas l’heure de plaire à tout le monde. Certains se plaignent qu’on veuille leur forcer la main, par un nouveau fait accompli ressemblant comme deux gouttes d’eau au choix précipité, et unilatéral quoique double, du soutien à Gabriel Murr. D’autres, fraîchement débarqués dans le concept de participation, poussent un soupir de désillusion et s’apprêtent à retrouver leur talon d’Achille. En relevant que s’ils ont accepté de s’engager dans le processus, ce n’est pas pour aller faire des ronds-de-jambe dans les palais ou les sérails. Mais pour initier un mouvement de changement de fond qui ne tolère pas de transactions. D’autant, rappellent-ils, que sur le fond les taëfistes refusent obstinément que l’on traite de questions vitales comme la souveraineté et le pouvoir autonome de décision. Entendre que le système, fondé sur la tutelle, ne peut évidemment pas entendre parler d’une séparation de corps avec les décideurs. Cependant, l’euphorie de la défaite infligée au pouvoir continue quand même à sous-tendre, chez les modérés de l’Est, un projet idyllique de grand front d’opposition national. Ainsi, au cours d’une rencontre entre plusieurs pôles, il a été décidé d’élaborer une plate-forme de principes premiers, de dénominateurs communs plausibles, qui seraient proposés sous peu à un large éventail de forces politiques locales. Pour former une coalition regroupant des symboles de toutes les communautés, de toutes les régions, à partir de ce nucleus patriarcal qu’est la Rencontre de Kornet Chehwane. Forcément, il s’agirait alors d’une troisième force tempérée, à mi-chemin entre l’opposition à plein-temps et le camp loyaliste. Où les grognards, qu’on peut embrigader au centre mais pas sur l’aile, ne manquent pas non plus et dont le nombre, ajouté à celui des députés ou pôles dits indépendants, peut se révéler appréciable. Mais pour nombre d’éléments, y compris parmi les modérés, il reste essentiel de continuer à enfoncer le clou de la partielle. C’est-à-dire, de continuer à attaquer le pouvoir. Et plus précisément le camp des Murr. Même si le régime devait finir par en prendre ombrage. Comme on voit, ces dispositions pugnaces se démarquent nettement de l’attitude adoptée par certains leaders en vedette. Dont le premier souci a été, comme on sait, de se rendre au palais pour assurer au chef de l’État qu’il n’est nullement visé par les empoignades du Metn. Il semble cependant que cet effort diplomatique, axé sur la double nécessité de ne pas tenter d’affaiblir l’institution présidentielle réservée aux maronites et d’en gagner la bienveillante neutralité, soit mal compris par la majorité opposante. Plus exactement, cette dernière ne peut pas résoudre le problème de contradictions que lui suscite la réintégration des radicaux en faisant risette au pouvoir. Autrement dit, pour que les antitaëfistes endurcis, les boycotteurs d’hier acceptent de jouer le jeu, il faut leur donner quelques garanties de pureté contestataire. D’autant qu’en y mettant évidemment les formes, on s’efforcera de les amener à consentir au gel momentané de questions brûlantes, prioritaires à leurs yeux, comme le retrait syrien ou le déploiement de l’armée au Sud. En effet, pour avoir des chances raisonnables de voir le jour, la troisième force projetée doit se consacrer uniquement aux problèmes qui rassemblent, comme la récession économique, et oublier les sujets qui fâchent. Bref, même Kornet Chehwane n’avalise pas la visite rendue à Baabda par M. Nassib Lahoud et n’en fait pas mention dans son communiqué. Ce qui signifie, reconnaissent plusieurs sources concordantes, que l’opposition en tant que telle ne compte pas prendre l’initiative d’un dialogue précédemment rompu par le pouvoir lui-même. Le député Lahoud, pour sa part, persiste et signe. Il a pris contact par téléphone, le lendemain du communiqué, avec la présidence. Pour indiquer qu’il avait mis la Rencontre dans le climat de l’audience qui lui avait été accordée. Ajoutant que le groupe est disposé au dialogue. Un dialogue de sourds apparemment, du moins au sein même de la formation d’opposition où l’on entend donc aujourd’hui des sons de cloche plutôt dissonants. Ce dont les loyalistes se réjouissent, bien évidemment, en pariant sur l’effritement de la belle unité opposante. Philippe ABI-AKL
Les grands ont la mémoire courte, quand il s’agit de leurs contre-performances. Entre mille exemples, on peut citer Carter. Très digne, il a revendiqué devant le peuple américain, en 1979, la pleine responsabilité de la désastreuse équipée héliportée de Tabas ( huit paras tués), en Iran. Ce qui ne l’a pas empêché, faute d’impeachment, de rester en place, sans...