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Actualités - CHRONOLOGIE

Partielle du Metn - Michel Murr annonce que sa fille « renonce » à son élection Le nœud politique a été tranché, reste le volet juridique

Entre une première proclamation de résultats par la haute commission, non transmise au ministre de l’Intérieur, et une seconde proclamation que le ministre de l’Intérieur refuse de publier, entre une seconde comptabilisation des résultats sans valeur juridique, mais créant un fait accompli irréversible et une haute commission dont la mission ne lui permet plus de se réunir à nouveau, le Liban a vécu une semaine d’un imbroglio juridique et politique qui constituera, à n’en pas douter, un cas d’école. Il ouvrira peut-être la voix à une extension des prérogatives du Conseil constitutionnel, qui aurait pu trancher l’affaire s’il disposait du droit d’autosaisine, mais qui ne pouvait être saisi tant qu’un élu et un battu n’existaient pas. Mettant fin à un flottement politique qui menaçait, sciemment selon lui, la stabilité politique du pays, son marché de changes et même la stabilité sécuritaire, à la veille d’une saison estivale prometteuse, l’ancien vice-président du Conseil Michel Murr a annoncé hier soir, à partir de son QG à Amaret Chalhoub, que sa fille se retirait de la course. Ma fille ne voulait pas de la bataille, a déclaré en substance M. Murr. Elle a annoncé sa candidature pour relever le défi lancé à son père par la candidature de Gabriel Murr. Avec les 34 000 voix qu’elle a obtenues, elle n’a plus rien à prouver. Pour épargner au pays une secousse politique, et en dépit du fait que la haute commission la donne comme vainqueur, elle renonce à sa victoire électorale. En pratique, M. Murr, auteur de ce scénario de retrait, a annoncé qu’il allait consulter sa fille et ses alliés, et rédiger en conséquence une déclaration qui sera rendue publique ce matin. Attendu à Amaret Chalhoub vers 18 heures par des représentants des partis et forces qui l’ont appuyé, M. Murr ne s’est finalement présenté à son QG qu’après 22 heures. On s’attendait à ce qu’il vienne de Baabda, où il s’était rendu en début de soirée.Toutefois, il a affirmé que son passage à Baabda avait été relativement court, et qu’il venait de « Beyrouth-Ouest », un lapsus qu’il a vite fait de corriger, mais qui situe géographiquement l’interlocuteur mystérieux chez lequel il se trouvait. Ce ne sont pas de hauts responsables, a-t-il lancé aux journalistes présents, mais des alliés. Selon des sources politiques généralement bien informées, M. Murr se trouvait chez un responsable syrien non civil. Si la chose se confirme, c’est toute la rumeur concernant une intervention syrienne en faveur d’un apaisement qui se vérifie. C’est en tout cas à une telle intervention que des sources crédibles ont attribué, dès samedi, la réunion tout à fait inattendue, impensable, entre le Premier ministre Rafic Hariri et le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, en présence du ministre de l’Information Ghazi Aridi. Rien de significatif n’a vraiment transpiré de cette réunion, dont tout le sens d’ailleurs réside dans le fait qu’elle s’est tenue, alors que la veille M. Murr accablait Rafic Hariri, l’accusait de vouloir « scinder les rangs chrétiens » et attribuait à son ingérence auprès du président de la haute commission, Élias Abou Nassif, dans la nuit de dimanche à lundi, la confusion qui s’en était suivie. Parallèlement, samedi, la haute commission tentait, sous la présidence de M. Abou Nassif, de se réunir. Toutefois, seule un des trois autres juges qui la composent, M. Samir Akiki, avait répondu à la convocation. Estimant que la convocation n’avait pas valeur comminatoire, car la tâche de la commission était terminée, les deux autres, Mme Norma Majdalani et M. Mansour Daou, ne s’étaient pas présentés. Selon M. Gabriel Murr, ces deux membres de la commission sont des fidèles de son frère (voir ci-dessous). M. Abou Nassif avait alors annoncé que la haute commission sera convoquée aujourd’hui, estimant que tant que sa tâche n’avait pas été couronnée par une déclaration de résultats du ministère de l’Intérieur, elle devait être considérée comme inachevée, et sa mission toujours légale. Quelle forme va prendre, juridiquement, l’échappatoire politique mise au point par M. Murr ? Il n’était pas question, selon des sources informées, de s’engager sur une voie qui aurait rendu nécessaire l’organisation de nouvelles élections, « la situation du pays ne pouvant s’en accommoder ». Ainsi, il n’était pas possible de proclamer la victoire de Mme Murr, avant que cette dernière ne se désiste. Mais Mme Murr a-t-elle le droit de renoncer à sa victoire, ou encore de se désister, après les élections ? La victoire à laquelle elle affirme renoncer lui appartient-elle exclusivement ? Les électeurs, et la démocratie, ne seront-ils pas bafoués par ce simulacre de solution ? On s’en rend compte, l’imbroglio juridique n’est pas facile à résoudre et a en outre le désavantage de l’opacité. Que s’est-il passé au juste, pour que le pays s’engage dans cette impasse, et quelles précautions prendre pour que ce qui s’est produit ne se répète pas ? Voilà des questions sur lesquelles les commentateurs continueront de gloser, sans hélas posséder en main les documents et données qui leur permettront de repérer avec certitude les failles d’un scrutin en tous points extraordinaire.
Entre une première proclamation de résultats par la haute commission, non transmise au ministre de l’Intérieur, et une seconde proclamation que le ministre de l’Intérieur refuse de publier, entre une seconde comptabilisation des résultats sans valeur juridique, mais créant un fait accompli irréversible et une haute commission dont la mission ne lui permet plus de se réunir...