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Actualités - OPINION

VIE POLITIQUE - Les suites de la visite Khaddam L’attention se porte sur les positions de Joumblatt

On ne peut pas contenter tout le monde et son père. M. Walid Joumblatt est bien placé pour le savoir. Aujourd’hui, certains lui reprochent d’avoir été trop loin dans l’empathie avec la Syrie. Recevant M. Abdel-Halim Khaddam, le leader de la montagne (libanaise) a en effet déclaré : « Dans les jours difficiles, Moukhtara fait partie du pays de Châm, de la Syrie, de l’arabisme. Moukhtara donne sur la mer, mais l’essentiel est qu’elle ait ses arrières protégés par la Syrie ». Hier, d’autres le blâmaient pour avoir réclamé en plein Parlement le redéploiement syrien conformément à Taëf. Et d’avoir demandé l’assainissement des relations bilatérales. Tout en précisant que sa position, adoptée dans l’intérêt commun des deux pays, était loin d’être hostile à la Syrie. Ce qui n’a pas empêché les pro-Syriens de lancer une dure campagne contre lui. Tandis que les Syriens eux-mêmes ne lui cachaient pas leur irritation. Et lui interdisaient l’accès de leur territoire, sauf pour des visites d’ordre strictement privé. En réalité, M. Joumblatt ne modifie ses prises de position qu’en fonction des changements des données ou des circonstances. Ce qui rappelle l’observation pragmatique d’Edgar Faure, concernant les variations en politique : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». En pratique, quand le temps est relativement au beau dans la région, M. Joumblatt ne voit pas la nécessité d’une ombrelle au-dessus de sa tête comme du pays. Mais quand la tempête menace, il faut s’abriter sous une couverture. Dès lors, c’est pendant la période antérieure de calme routinier que la Syrie et le Liban pouvaient travailler de concert, à tête reposée, à gommer les failles dénaturant leurs rapports. Pour les renforcer à la base et les rendre vraiment privilégiés. Par contre, lorsqu’il s’est mis à pleuvoir (des coups israéliens), il faut y parer d’urgence, contrer le 17 mai arabe en gestation, défendre l’intifada, resserrer l’alliance libano-syrienne et laisser de côté les sujets litigieux. M. Joumblatt pense donc que, tout comme à travers l’accord du 17 mai, Israël avait voulu réduire le Liban à sa botte, aujourd’hui Sharon tente de mettre la main sur la Palestine tout entière. Pour le contrer, il faut notamment mobiliser les pays arabes, assurer leur solidarité dans le soutien à l’intifada. Et adopter une attitude ferme à l’égard d’une Administration US par trop partiale. Tout cela avant qu’il ne soit trop tard et que ne survienne une deuxième « naqba » chassant les Palestiniens de chez eux comme en 1948. Dans cet esprit, il faut que tous les Libanais se tendent ensemble vers un seul but : faire face au péril israélien aux côtés de la Syrie. Sans se diviser comme jadis en alliés et en adversaires de cette puissance. Faisant écho à M. Joumblatt, M. Khaddam a reconnu, de son côté, qu’au travers « de certaines circonstances, nous avons pu avoir, vous et nous, une lecture non unifiée de questions déterminées, d’ordre secondaire. Mais dans les stations cruciales, notre position était une et unique. Et il en sera toujours ainsi. Nous portons à l’actif de M. Joumblatt le rôle qu’il a joué pour faire chuter le 17 mai. Cet accord allait ligoter le Liban et porter un coup très dur à la Syrie comme à l’ensemble de la nation arabe. De même, ce qui se passe aujourd’hui en Palestine ne vise pas le peuple palestinien seulement, mais tous les Arabes. Dans la mesure où ces derniers s’unissent pour soutenir l’intifada, ils pourront se mettre sur la voie qui les mènera à libérer leur terre spoliée. Ainsi d’ailleurs que leur volonté propre, confrontée à l’hégémonisme des grandes puissances ». Le vice-président de la République syrienne a ensuite émis le vœu de voir se conforter l’unité nationale libanaise « garante du redressement, du progrès et de la prospérité de ce pays ». Il a enfin appelé « tout Libanais » à comprendre que la Syrie « est avec le Liban, avec sa stabilité, sa sécurité et sa renaissance ». En base de ces propos, les professionnels du cru s’attendent à ce que Damas encourage dans les prochains jours des rencontres intensifiées entre pôles locaux de tous horizons. Pour promouvoir l’union nationale face à toutes les éventualités, il s’agirait donc de gommer les divisions, idéologiques, de convictions ou d’intérêts qui ont mis jadis ce pays à feu et à sang. Une guerre dont les séquelles se font toujours sentir, principalement sur le plan économique. Traduisant l’effort en direction de l’entente, M. Joumblatt a confirmé la poursuite de son dialogue avec la Rencontre de Kornet Chehwane, à partir d’une nouvelle approche. En soulignant à ce propos qu’il faut se baser sur les données qui prévalent actuellement dans la région. Tout en tenant compte des spécificités libanaises, pour corriger et renforcer la relation avec la Syrie. En consolidant le partenariat économique, sécuritaire et politique, face à l’ennemi commun. Mais le déploiement de l’armée au Sud, le rôle de la Résistance active à Chebaa, le repli des forces syriennes ? Ces points sur lesquels les positions de Moukhtara se rapprochaient naguère de celles de l’Est opposant, à quelques nuances près, semblent aujourd’hui appelés à être gelés. Du moins du côté du leader progressiste. Et cela au nom du réalisme conjoncturel. Qui commande, à son avis un resserrement maximal de l’alliance organique, et stratégique, avec la Syrie. À cause de la situation régionale qui danse sur un fil d’acier. Émile KHOURY
On ne peut pas contenter tout le monde et son père. M. Walid Joumblatt est bien placé pour le savoir. Aujourd’hui, certains lui reprochent d’avoir été trop loin dans l’empathie avec la Syrie. Recevant M. Abdel-Halim Khaddam, le leader de la montagne (libanaise) a en effet déclaré : « Dans les jours difficiles, Moukhtara fait partie du pays de Châm, de la Syrie, de...