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Actualités - REPORTAGE

VIENT DE PARAITRE Recueil d’articles académiques sur les sociétés et le pouvoir au P-O

Histoire, sociétés, et pouvoir au Proche et au Moyen-Orient. Ce titre pourrait constituer le thème d’une encyclopédie ou même le programme de travail d’un centre de recherches. Il représente en réalité l’intitulé d’un important ouvrage académique publié récemment par Charles Chartouni aux Éditions Geuthner. Formé de deux tomes (Histoire sociale et sociologie, sciences politiques), ce livre constitue un recueil d’articles académiques qui reflètent l’état de la recherche au Liban dans les domaines de l’histoire, de la sociologie et de la science politique. L’ouvrage, qui recouvre différentes périodes s’étalant du XVe siècle à nos jours, est en outre un hommage au grand historien et sociologue libanais Toufic Touma (1920-1998). Pionnier de la sociologie rurale et de la sociologie historique au Liban, Toufic Touma s’est notamment distingué par son étude intitulée Paysans et institutions féodales chez les druzes et les maronites du Liban, du XVIIe siècle à 1914. Politologue et professeur de sciences politiques (au Liban et aux États-Unis), Charles Chartouni précise que son ouvrage est essentiellement destiné «aux universitaires, aux chercheurs et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du Liban». «Il apporte des éléments de réflexion qui peuvent aider les universitaires et les chercheurs dans la manière d’approcher les problèmes libanais», souligne M. Chartouni. «Le recueil reflète les préoccupations et les priorités des historiens, politologues, sociologues, démographes et autres spécialistes selon leur intérêt du moment», dit-il. Outre la diversité des périodes historiques couvertes par ce travail collectif, ainsi que l’aspect multidisciplinaire des recherches effectuées, les démarches empruntées par les chercheurs sont également variées, donnant lieu à différentes méthodologies. Dans une étude intitulée Trois hommes et un siècle, approche de la modernité au XIXe siècle, Youssef Moawad suit l’itinéraire individuel d’un maronite, d’un grec-catholique et d’un grec-orthodoxe pour faire ressortir les stratégies sociales à travers la biographie de chacun, et sa dynamique propre. En introduisant L’histoire sociale du Mont-Liban au XVIe siècle, Jean Charaf, historien, fait ressortir les grilles d’analyses appliquées à l’histoire du Liban, particulièrement à cette tranche précise. Bien que déjà connue par un bon nombre d’universitaires, «la théorie consensuelle de gouvernement» d’Antoine Messarra, sociologue et politologue, qui a fait l’objet d’un article à part, s’impose en tant qu’hypothèse d’école à partir du cas libanais. C’est le thème des druzes que choisira de traiter Raed Jreidini, professeur de sociologie à l’UL. Intitulée La religion chez les druzes du Liban, sa recherche s’intéresse à l’étude de trois éléments fondamentaux de cette religion, à savoir «l’idéologie», «l’organisation religieuse» et «le rôle des religieux au sein de la communauté», trois facteurs qu’il analyse en faisant ressortir les rapports entre eux. Le domaine de la démographie n’est pas absent non plus avec un article de Hyam Mallat, sociologue, qui aborde le thème de «la démographie historique du Liban», plus précisément entre 1833 et 1968. Une étude d’autant plus précieuse que le Liban est en manque de données relatives à ce sujet. D’où l’importance des documents et données fournis par le chercheur, le problème étant, selon lui, dans l’absence de recensement, cause immédiate de la lacune au niveau des données démographiques, comme le précise M. Mallat. Enfin Charles Chartouni aborde la question de la paix au Moyen-Orient, en posant dès le départ les difficultés de méthodologie de recherche ou de ce qu’il appelle «la topographie des conflits» qui, selon lui, reste à établir. Pour ce chercheur, la difficulté est d’autant plus grande «que les conflits du Moyen-Orient sont à la jonction de fractures multiples : géopolitique, ethnique, religieuse, économique, sociale, crise de cultures et crises politiques». D’où un ensemble de remarques et d’interrogations que ne sauraient ignorer les analystes de l’histoire, souligne l’auteur, à savoir comment venir à bout d’un processus conflictuel qui évolue dans un contexte où les valeurs de reconnaissance mutuelle, d’État de droit ou d’État tout court, de respect mutuel des souverainetés, de cadres fonctionnels de coopération régionale (…) font défaut. Sans oublier le fait que la crise des légitimités dont souffrent la géopolitique régionale ainsi que les régimes en place rend problématique la conclusion d’une paix interétatique. «Les régimes arabes en place, écrit Charles Chartouni, ont usé du conflit israélo-arabe comme moyen de diversion pour justifier leur incompétence, l’échec de leur gestion, la vénalité de leurs élites dirigeantes et leur incapacité à asseoir les équilibres intérieurs requis». Un diagnostic que peu de spécialistes pourraient contester. Je.J.
Histoire, sociétés, et pouvoir au Proche et au Moyen-Orient. Ce titre pourrait constituer le thème d’une encyclopédie ou même le programme de travail d’un centre de recherches. Il représente en réalité l’intitulé d’un important ouvrage académique publié récemment par Charles Chartouni aux Éditions Geuthner. Formé de deux tomes (Histoire sociale et sociologie, sciences...