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Actualités - OPINION

Le Liban peut difficilement lever les réticences US à son encontre

Les conclusions que le président Rafic Hariri tire de son voyage aux States se résument dans ce raccourci psychologique : «Les Américains affichent envers le Liban une attitude réticente. Ils ne lui sont pas radicalement hostiles. Mais ne lui apportent pas non plus un soutien net, illimité. Nous nous efforçons dès lors de gommer les difficultés (relationnelles s’entend), de pallier les failles, tout en préservant nos constantes». Mais n’est-ce pas tenter de concilier l’inconciliable ? Pour répondre à cette question, il faut bien évidemment se reporter au tableau synoptique des exigences américaines et des constantes dont se prévaut le pouvoir libanais. Cet examen de conscience, si l’on peut ainsi s’exprimer, n’est pas facilité à dire vrai par la discrétion dont M. Hariri fait montre en la matière. En effet, le Premier ministre garde au chaud en son for intérieur la teneur exacte de ses récents entretiens avec le président Bush. Mais, indiquent les proches de Koraytem, M. Hariri, en fidèle ami des States, a mis l’accent sur la nécessité pour Washington de ne pas rebuter les Arabes. Et de ne pas non plus laisser la voie américaine libre devant Israël. Qu’est-ce à dire ? Cela signifie, répondent les haririens, que l’Administration US doit régulièrement, fréquemment recevoir les dirigeants du monde arabe pour de continuels échanges de vues. Et en même temps, elle doit veiller à ce que la voix arabe se fasse bien entendre dans les médias américains. En fait, en plaidant de la sorte pour un engagement sur le front, si important, de l’opinion, M. Hariri répond indirectement à ses détracteurs. Qui qualifiaient d’inopportune sa visite en Amérique. À son avis, la bouderie est contre-productive ( un avis qui aurait peut-être dû prévaloir pour Valence). Il a donc pris son bâton de pèlerin, pour mieux expliquer aux Américains la position du Liban par rapport à la résistance active, au Hezbollah, à Chebaa, à la ligne bleue, à l’implantation et au jumelage avec la Syrie. Toujours selon ses proches, M. Hariri pense pouvoir, sans excès de présomption, se décerner un satisfecit pour la clarté de son exposé devant M. Bush. Le président du Conseil, ajoutent ses thuriféraires, s’est exprimé clairement, en conformité avec sa conscience et avec ses convictions. Ils ajoutent que s’il s’était refusé à cette mission de communication, le Liban en aurait été lésé au plan de ses relations avec les États-Unis. Et de rappeler ensuite que le roi du Maroc et le prince héritier d’Arabie saoudite, également hôtes de Washington, adoptent la même philosophie diplomatique ou médiatique que M. Hariri. Mais pour le fond qu’en est-il ? Même si le climat relationnel reçoit un baume à travers les contacts haririens, il n’en reste pas moins tendu et conflictuel. Car le Liban officiel n’est pas en mesure de souscrire aux conditions posées par une Administration US obnubilée par la lutte contre le terrorisme. Elle continue à exiger la neutralisation, sinon la tête, du Hezbollah, ainsi que l’instauration d’un calme frontalier définitif, assorti du déploiement de l’armée, pour permettre la relance du processus de paix. On sait que, pour le pouvoir libanais, le Hezbollah n’est pas un mouvement terroriste mais résistant. Qu’il est intouchable et que, pour tout résumer, on ne peut désamorcer le Sud pour de bon tant que ni Chebaa ni le Golan n’ont été libérés. Au besoin par les armes (à Chebaa seulement, bien entendu), sans toucher au reste de la ligne bleue. Enfin, pour les réfugiés palestiniens, le Liban demande des garanties de retour et les Américains lui répondent que ce problème n’entre pas dans son volet, mais dans celui de la paix globale régionale. Émile KHOURY
Les conclusions que le président Rafic Hariri tire de son voyage aux States se résument dans ce raccourci psychologique : «Les Américains affichent envers le Liban une attitude réticente. Ils ne lui sont pas radicalement hostiles. Mais ne lui apportent pas non plus un soutien net, illimité. Nous nous efforçons dès lors de gommer les difficultés (relationnelles s’entend), de...