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Actualités - CHRONOLOGIE

Dossier régional - Le secrétaire d’État américain regagnera Israël ce soir Colin Powell aujourd’hui à Beyrouth et Damas

Marquant une pause dans sa navette entre Israéliens et Palestiniens, le secrétaire d’État américain Colin Powell est attendu à 8h30 ce matin à Beyrouth, en provenance d’Israël, pour une visite de quelques heures, à la suite de laquelle il se rendra à Damas. Dans les capitales libanaise et syrienne, M. Powell exprimera les craintes des États-Unis d’un possible «nouveau front» dans le conflit du Proche-Orient. M. Powell sera accueilli à l’AIB par son homolgue libanais Mahmoud Hammoud, avec lequel il se rendra à Baabda, où il a rendez-vous avec le chef de l’État à 9 heures. Le Premier ministre Rafic Hariri a retardé son départ pour Washington, où il rencontrera le 17 avril le président George Bush, pour pouvoir rencontrera au Liban le secrétaire d’État américain. Mais le caractère inopiné de la décision de M. Powell a pris de court l’ambassadeur des États-Unis au Liban, Vincent Battle, qui a quitté le Liban samedi pour les États-Unis, afin d’y préparer la visite du Premier ministre. Le secrétaire américain Colin Powell sera au Liban puis en Syrie «pour de brèves visites» au cours desquelles il évoquera l’escalade à la frontière israélo-libanaise, a confirmé le département d’État. Selon le porte-parole du département d’État Richard Boucher, M. Powell sera sur place «pour discuter d’une autre situation d’urgence : les tirs à travers la ligne tracée par l’Onu entre Israël et le Liban sur la frontière nord d’Israël», a dit M. Boucher, ajoutant que M. Powell serait de retour à Jérusalem lundi soir. Selon une source de la délégation américaine accompagnant M. Powell et citée par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, le secrétaire d’État aurait été alarmé par les risques d’escalade à la frontière israélo-libanaise, notamment après avoir entendu le Premier ministre israélien proférer des menaces de rétorsion contre des objectifs libanais et syriens au Liban, et en particulier des projets de développements entrepris au Sud. Les visites à Beyrouth et Damas interviennent au moment où le Hezbollah attaque d’une manière quasi quotidienne, depuis une dizaine de jours, les positions de l’armée israélienne dans le secteur des fermes de Chebaa, conquis par Israël sur la Syrie en 1967. Des attaques qui, cependant, se sont arrêtées soudain hier. Des sources libanaises se sont félicitées du «réveil» de l’intérêt américain pour le Liban et la Syrie, exclu au départ, à la grande indignation des responsables de ces deux pays, sous prétexte que sa tournée se limitait au contentieux militaire israélo-palestinien, et qu’il devait rencontrer le Premier ministre libanais à Washington, à l’occasion de sa visite à Washington, le 16 avril. Informations de première main La visite au Liban permettra à M. Powell de s’informer de première main de la position du Liban au sujet de ce qui se passe à la frontière sud, notamment après des affirmations du président de la République que «le Liban n’est pas en mesure d’offrir des garanties de sécurité à la frontière nord d’Israël, sauf dans le cadre d’une paix juste et globale». «Le retrait israélien (mai 2000) a réglé une partie du problème, a confirmé une source diplomatique proche de la présidence de la République, mais la partie la plus importante de ce problème, la présence de réfugiés palestiniens, n’a pas été réglée». Et d’ajouter : «Il n’est pas possible de dissocier les développements dans la région de leurs conséquences sur la scène libanaise. Le problème doit être considéré sous un angle global, de manière à ce que les droits de tous les protagonistes du conflit soient satisfaits». De source proche de la présidence de la République, on affirme qu’il aurait été souhaitable que le secrétaire d’État américain effectue également une tournée de la région frontalière méridionale, afin d’avoir une idée plus exacte du problème qui se pose. Conflit de préséance La décision de M. Powell d’inclure le Liban dans sa tournée a peut-être provoqué l’ajournement de 24 heures du voyage de M. Hariri aux États-Unis, mais elle a également révélé, semble-t-il, un conflit de préséance entre les deux pôles de l’Exécutif. Ainsi, on affirmait hier, de source proche de la présidence de la République, que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, recevra le secrétaire d’État américain en présence du seul ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, et que la durée de l’entretien sera de 90 minutes. Le secrétaire d’État américain se contentera de faire une déclaration «statement» à l’issue de son entretien, mais ne tiendra pas de conférence de presse, à moins d’un changement de dernière minute. On ignorait toutefois, hier, si le secrétaire d’État américain se rendra, après Baabda, au Sérail, pour y rencontrer le chef du gouvernement, ou si l’entretien avec M. Hariri se fera, pour des raisons de sécurité, dans une aile du palais présidentiel ou à l’aéroport de Beyrouth. La durée totale du séjour de M. Powell au Liban sera d’environ trois heures. De source informée, on précisait que le secrétaire d’État a joint le bureau du chef de l’État, ainsi que le Premier ministre, dimanche, pour prendre rendez-vous. Le Premier ministre se trouvait en conversation avec son homologue syrien quand l’appel de M. Powell lui est parvenu, et c’est à l’issue de cet entretien, soit peu avant de rencontrer le chef de l’État syrien, qu’il a pu confirmer à M. Powell sa présence au Liban. Dès hier, l’équipe en charge de la sécurité de M. Powell, présidée par J. P. Malory, ancien responsable de la sécurité du campus de Awkar, tout récemment transféré à Washington, a débarqué au Liban. Elle a minutieusement étudié le parcours que doit effectuer le secrétaire d’État américain, pour se rendre à Baabda, d’autant que des groupes politiques ont appelé à des manifestations hostiles aux États-Unis, en apprenant la nouvelle de l’arrivée de M. Powell. Un geste envers la Syrie La visite inattendue du secrétaire d’État américain lundi à Beyrouth puis à Damas est un geste envers la Syrie et son allié libanais, qui s’indignaient de ne pas avoir été inclus dans la tournée de Colin Powell, écrit Pascal Mallet, directeur du bureau de l’AFP à Beyrouth. Le 4 avril, le président américain George W. Bush, les soupçonnant d’être derrière le regain de tension à la frontière israélo-libanaise, avait demandé à la Syrie et à l’Iran de «rester en dehors» du conflit israélo-palestinien en même temps qu’il avait annoncé la mission de M. Powell dans la région. Cette tournée, entamée le 8 avril, mettait dans les faits Damas à l’écart, ne prévoyant que des escales chez les régimes arabes dits «modérés», traditionnellement proches des États-Unis : Maroc, Égypte, Jordanie et Arabie saoudite. L’agacement de la Syrie et du Liban n’a pas tardé à transparaître. Le 9 avril, le président du Parlement Nabih Berry s’étonnait après un entretien avec l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth que M. Powell puisse prétendre régler les problèmes de la région et «instaurer la paix» sans passer ni par Beyrouth ni par Damas. Trois jours plus tard et alors que le chef de la diplomatie syrienne Farouk el-Chareh se livrait à une violente critique du «parti pris» pro-israélien de Washington, le quotidien officiel syrien Techrine se demandait si le voyage de M. Powell n’était pas essentiellement «touristique». Le réchauffement depuis le 30 mars du front des fermes de Chebaa, secteur occupé par Israël depuis 1967 et revendiqué par Beyrouth, pouvait donc être interprété à la fois comme un geste de solidarité avec les Palestiniens et un rappel à l’intention des Américains : la paix au Proche-Orient passe aussi par Damas, tout puissant au Liban. «Finalement, les Syriens auront réussi leur coup», a confié à l’AFP une source parlementaire libanaise, soulignant après l’annonce de la visite de M. Powell que «Damas se veut absolument incontournable» quand on parle de paix au Proche-Orient.
Marquant une pause dans sa navette entre Israéliens et Palestiniens, le secrétaire d’État américain Colin Powell est attendu à 8h30 ce matin à Beyrouth, en provenance d’Israël, pour une visite de quelques heures, à la suite de laquelle il se rendra à Damas. Dans les capitales libanaise et syrienne, M. Powell exprimera les craintes des États-Unis d’un possible «nouveau...