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Actualités - CHRONOLOGIE

Le sommet arabe frôle l’échec, mais des tractations de dernière heure sauvent la mise Après le « chaos », le rabibochage(PHOTO)

«Échec», «confusion», «chaos»: les pronostics les plus noirs ont circulé hier autour de l’hôtel Phoenicia, où les dirigeants arabes étaient réunis pour tenter de trouver une plateforme commune leur permettant d’afficher au moins un semblant d’unité face au drame sanglant qui continue d’endeuiller la Palestine et une vision plus ou moins partagée quant aux moyens de relancer le processus de paix. Le ciment nécessaire à un rapprochement des positions arabes avait pourtant été rendu disponible dès lors que le prince héritier d’Arabie saoudite, l’émir Abdallah ben Abdel-Aziz, s’était proposé de lancer, au cours du sommet, une initiative qui, si elle ne satisfait pas entièrement tout le monde, présente au moins l’avantage de redynamiser la diplomatie arabe, après des années d’inertie quasi totale. Au lieu de cela, les Arabes ont donné hier le spectacle de leurs profondes divisions peu après l’ouverture d’un sommet annoncé comme «exceptionnel», voire «historique».Un premier revers était marqué du fait de l’absence de plus de la moitié des chefs d’État arabes, et non des moindres. Que pouvait-on attendre d’un sommet qui se tient sans le président égyptien, sans le roi de Jordanie, et sans Yasser Arafat, pour ne parler que des plus importants. Pourtant, il était encore possible, comme l’espérait d’ailleurs Washington, qu’en avalisant le plan Abdallah, le sommet puisse atteindre son objectif. Cet espoir a failli sombrer avec l’incident qui a opposé la délégation palestinienne à la présidence libanaise du sommet au sujet de l’intervention de M. Arafat par voie satellitaire. Le chef de l’État, Émile Lahoud, a expliqué qu’une diffusion en direct du message du président palestinien depuis Ramallah n’était pas possible en raison des risques d’interférences israéliennes. Mais les Palestiniens ont rejeté ces arguments et ont commencé à plier bagage. L’affaire s’était envenimée après les déclarations télévisées de plusieurs responsables palestiniens qui n’ont pas hésité à juger «ridicules» les explications fournies par les Libanais. Les Saoudiens, de leur côté, sont allés jusqu’à exiger des excuses du Liban et certaines délégations ont commencé à lorgner vers la porte de sortie. Le sommet paraissait ainsi sur le point de capoter. C’était oublier que les Arabes excellent aussi bien dans le rabibochage que dans l’étalage de leurs mésententes. Des tractations menées in extremis – en grande partie par le Premier ministre, Rafic Hariri – ont fini par avoir raison de la colère des Palestiniens, qui ont promis de revenir aujourd’hui à la table en U du Phoenicia. Le président syrien, Bachar el-Assad, a pris part aux démarches d’apaisement. Cela n’a pourtant pas empêché des responsables arabes de pointer un doigt accusateur en direction de Damas. Interrogé par l’AFP, un délégué a estimé que le refus du président Lahoud de laisser retransmettre en direct le message de M. Arafat a certainement été «encouragé» par la Syrie. «La Syrie n’est étrangère à rien de ce qui se passe au Liban, surtout dans les sphères de la diplomatie et de la sécurité. Comment croire que cette affaire-là soit justement de la seule responsabilité de Beyrouth» ? a relevé pour sa part un diplomate arabe. En tout état de cause, le sommet paraissait hier soir renfloué, et avec lui le plan Abdallah. Les commentaires successifs et contradictoires des États-Unis eux-mêmes ont d’ailleurs illustré ce retournement. Après avoir enterré toute chance de succès – «C’est maintenant terminé», déclarait un haut responsable américain à la suite de l’incident palestinien – Washington reprenait espoir en soirée, minimisant les revers enregistrés, notamment l’absence des ténors arabes, et saluant le discours «très positif» du prince Abdallah. En exposant son plan, aussitôt avalisé par le sommet, ce dernier a pris l’initiative de s’adresser directement au «peuple d’Israël», lui reconnaissant le droit de vivre dans des frontières sûres et d’avoir des «relations normales» avec ses voisins arabes, à condition qu’il rétrocède tous les territoires arabes occupés depuis 1967, de reconnaître un État palestinien avec Jérusalem pour capitale et d’admettre le principe du droit de retour des réfugiés. Les observateurs n’ont pas manqué de souligner la différence de ton entre le discours, très modéré, du prince saoudien, et celui, nettement plus musclé, des interventions des présidents Émile Lahoud et Bachar el-Assad. Le texte de M. Lahoud, lu à l’ouverture du sommet, ne mentionne pas le plan Abdallah. En revanche, M. Assad, qui parlait après le prince héritier saoudien, a certes avalisé l’initiative, tout en s’efforçant d’en minimiser la portée. Le chef de l’État syrien a notamment mis en garde contre des concessions trop rapides à Israël. Il s’est refusé à une reprise des négociations avant que l’État hébreu ne s’engage à un retrait total, a réclamé l’intensification de l’intifada et a justifié les attaques contre des civils israéliens. Quoi qu’il en soit, dès la fin de la première session du sommet, en début d’après-midi, et malgré l’incident palestinien, un comité de rédaction s’est attelé à la tâche de la formulation définitive du plan Abdallah. En soirée, on annonçait que le comité formé des représentants des pays limitrophes d’Israël, ainsi que de l’Arabie saoudite et du Maroc, avait achevé son travail, ce qui laisse supposer que l’initiative saoudienne figurera dans le texte du communiqué final du sommet, qui sera publié aujourd’hui. Signe des désaccords persistants, une clause du plan saoudien restait encore à définir. Il s’agit de la question du droit au retour des réfugiés palestiniens. Au vu des discours prononcés hier, tout le monde semblait d’accord sur le principe de la reconnaissance de ce droit, mais la formulation en faisait toujours problème. Élie FAYAD
«Échec», «confusion», «chaos»: les pronostics les plus noirs ont circulé hier autour de l’hôtel Phoenicia, où les dirigeants arabes étaient réunis pour tenter de trouver une plateforme commune leur permettant d’afficher au moins un semblant d’unité face au drame sanglant qui continue d’endeuiller la Palestine et une vision plus ou moins partagée quant aux moyens...