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Actualités - CHRONOLOGIE

Augmentation des demandes d’immigration en Australie Quitter la « Terre promise » ? Certains Israéliens s’interrogent

Quitter la «Terre promise» ? Même s’ils sont peu à pouvoir ou à vouloir franchir le pas, un nombre croissant d’Israéliens, minés par la peur, inquiets de la crise économique ou tout simplement en désaccord avec la politique de leur gouvernement, se posent cette douloureuse question. Après un an et demi d’intifada, beaucoup se disent «usés», «fatigués», «déprimés» par les attentats à répétition, l’absence de perspectives politiques ou les conséquences économiques du conflit, notamment un taux de chômage qui dépasse maintenant les 10 %, et la question taboue du départ est désormais évoquée ouvertement dans les familles. «Pour le moment, cela reste un phénomène essentiellement psychologique, car partir, cela prend du temps et cela demande de l’argent. Mais il y a de petits signes, comme le nombre grandissant de jeunes en âge de servir dans l’armée qui s’en vont à l’étranger», déclare le sociologue Peres Yochanan. La presse israélienne fait régulièrement état d’une augmentation considérable du nombre de demandes de visa, notamment vers l’Australie, le Canada ou la Nouvelle-Zélande. «Nous avons eu une augmentation certaine des demandes d’immigration au cours des derniers mois, mais il est très difficile d’affirmer que c’est en raison de la situation», nuance un responsable de l’ambassade australienne à Tel-Aviv. «Nous ne demandons pas aux gens les motifs de leur départ et de nombreux dossiers sont présentés dans un but touristique ou par des étudiants», ajoute-t-il. Pour leur part, les ambassades américaine et canadienne disent ne pas avoir noté «d’augmentation significative» des demandes de visa. « Ce n’est pas un pays démocratique » «Donnez-moi un passeport américain et je plie bagage immédiatement !» s’exclame Ido Levy. Rares sont ceux qui, comme cet ingénieur de Tel-Aviv, affirment de manière aussi tranchée leur désir de partir. Mais beaucoup, notamment parmi les immigrés arrivés récemment en Israël, ne cachent pas être assaillis par le doute. «Quand l’intifada a commencé, j’étais horriblement stressée et j’ai souvent songé à rentrer en France», raconte ainsi Célina, une trentenaire venue il y a sept ans de Paris. «Et puis il y a eu les attentats du 11 septembre et je suis devenue complètement pessimiste. Je me suis dit, s’il faut mourir quelque part, autant mourir ici, au moins je saurai pourquoi», dit-elle. Dimitri Bogolougov, lui, «veut partir». Ce jeune homme de 19 ans, originaire de Minsk, en Bélarus, de père juif et de mère chrétienne orthodoxe, n’a pas trouvé sa place en Israël. «On ne me reconnaît pas comme juif. Je me sens mal ici. Et dans ma famille, nous ne sommes pas d’accord avec ce que Sharon (le Premier ministre israélien Ariel Sharon) et l’armée font dans les territoires palestiniens, ce n’est pas un pays démocratique», affirme-t-il. Mais partir où ? «Je ne sais pas», soupire-t-il. «Ceux qui veulent s’en aller n’ont qu’à le faire», coupe Itzhak Grunewald, un directeur d’école habitant à Gilo, un quartier de colonisation de Jérusalem-Est cible régulière de tirs palestiniens. «Jamais, au grand jamais», Itzhak ne quittera pas Israël. «On s’est pris des balles dans la maison, on a vécu des nuits difficiles, mais pas une seule fois l’idée d’un départ ne nous a traversé l’esprit. Nous ne restons pas par masochisme, mais parce que c’est notre pays, l’amour de notre terre qui est en jeu», explique-t-il. Un sentiment que partage Jocelyne Kaddouche, venue de France s’installer à Jérusalem il y a trois ans. «En tant que juive, je me sens infiniment mieux ici qu’ailleurs. Cette tension terrible, c’est le prix à payer. On vit la peur au ventre, mais Israël est un pays passionnant», confie-t-elle.
Quitter la «Terre promise» ? Même s’ils sont peu à pouvoir ou à vouloir franchir le pas, un nombre croissant d’Israéliens, minés par la peur, inquiets de la crise économique ou tout simplement en désaccord avec la politique de leur gouvernement, se posent cette douloureuse question. Après un an et demi d’intifada, beaucoup se disent «usés», «fatigués»,...